Religiously | Zayn Malik

Chapitre deuxième

J'enfilai ma robe noire et fluide de religieuse qui m'arrivait un peu au dessus des genoux et qui selon les dires de Jane moulait trop mes formes. J'allais me rendre à l'église dans un peu moins d'une heure. Je ne vais pas prendre mon petit déjeuner ce matin, j'ai pas l'appétit et puis rester dans cette atmosphère dans laquelle j'ai l'impression de ne pas être à ma place m'écœure sans arrêt. J'ai juste besoin de me retrouver seule, de méditer et de prier, pour le bien de tous et pour purifier l'âme de ma pauvre sœur.

- Tu me fais de la peine, Hortense, me dit-elle, en train de manger ses céréales.
- Je t'assure que c'est réciproque, Jane, dis-je tout en enfilant ma croix.
- Moi je suis sûre, dans cinq ans, tu feras comme toutes ces folles, se masturber avec un gode parce que vous serez toute soumises à Dieu et en manque de sexe, rigola-t-elle.

Je ne pus m'empêcher de faire mon signe de croix d'une manière des plus calmes et délicates possibles.

Que Dieu ait son âme.

Je sortis de la maison pour me retrouver dans la brume du matin de cette région fort retirée du centre. Cette région plutôt extrêmement retirée du centre, à savoir à une centaine de kilomètres de Londres. Je pris les rues qui me mèneraient dans l'enceinte de la basilique où je retrouverai certainement mes sœurs, celles qui me correspondent au niveau de la fois et de notre dévouement pour le christ. Comment est-ce que Jane peut-elle être aussi grossière? Ses paroles sont tellement irréfléchies et immatures pour son âge, pour une jeune femme ayant atteint la majorité.

- C'est un déguisement, rassure-moi?
- En a-t-il l'air? demandai-je en continuant ma route sans même m'être retournée.
- Je pensais que les novices de vingt ans étaient en voie d'extinction.

Je sentis qu'il était derrière moi, et puis cette voix. Ce son tellement reconnaissable pour ma part, si viril, et qui ne fait que de retenir toute mon attention. Ce seul souvenir enfoui en moi me retint sur place, et stoïque, incapable de bouger. Cela m'était tellement impossible de faire un seul geste que j'eus le réflexe d'attraper mon châtelet entre mes mains et de fermer les yeux une demi-seconde. Des novices en voie d'extinction? Mais quel abruti. Il n'a qu'à m'accompagner à l'église et il verrait que je ne suis pas la seule femme de vingt-et-un ans à avoir fait ce choix. Je reste au milieu de se trottoir alors que je sais pertinemment qu'il est appuyé contre le muret en briques rouges qui borde tout l'accotement de la route.

- En voie d'extinction, vraiment?

Je haussai le ton sans le vouloir. Je déteste qu'on se moque d'un choix aussi personnel.

- Retourne-toi au moins vers moi, c'est troublant de parler à une fille quand elle est de dos.

Je le devinai sourire pour une raison inconnue. Je n'osai toujours pas me retourner vers lui, pensant qu'il s'agissait du garçon que j'ai presque envoyé baladé en boîte de nuit. Il est un fait que ça n'a pas été un bon résonnement d'agir ainsi, moi qui vais présenter mes vœux dans quelques mois. Surtout que je suis dans l'obligation d'aider mon prochain et d'être ouverte d'esprit. C'est mon rôle. Je pinçai des lèvres, sans m'en rendre compte et je terminai par me retrouver face à lui sans que je ne pus faire un geste ou un pas. Il était venu se mettre face à moi et je remarquai à quel point il faisait calme dans cette rue pas très fréquentée en cette matinée.

- Zayn, enchanté.

Et là, ma lèvre inférieure se retrouva coincée entre mes dents. Je suppose que j'ai l'air insouciante, l'air hébétée pour une raison que j'ignore totalement une nouvelle fois. Je sais jute que ce jeune homme, qui me paraît beaucoup plus âgée que moi, a des yeux ensorcelants, malgré le fait qu'il y ait énormément de brouillard et d'humidité. J'eus même envie de sourire lorsque je me rappelai qu'il venait d'utiliser ses mêmes deux mots qu'il m'avait chuchotés à mon oreille deux jours plus tôt. Il me tend sa main, ce qui me fit expirer une grosse quantité d'air.

- Sœur Brown, excuse-moi, mais je dois vraiment y aller, dis-je en lui effleurant à peine la main.
- Et bien, bonne journée, ma sœur, me sourit-il, presque ironiquement.

Pourquoi est-ce qu'il n'a pas l'air de me prendre au sérieux? Je continue mon chemin jusqu'à l'église en m'interrogeant un long moment sur la provenance de cet homme. Il est apparemment très riche et étudiant en droit étant donné ce que disait Jane à son propos. Et tout en oubliant le fait qu'il possède une beauté ainsi qu'une intelligence remarquable, il me paraît bizarrement louche, bizarrement inaccessible. Je me demande où il réside aussi. Je ne l'avais jamais vu avant de l'avoir rencontré avec ma sœur accrochée à son corps, comme si elle était dépendante de ce gars nettement plus âgé qu'elle.

- Soeur Hortense, pourrais-tu t'occuper des enfants du catéchisme pendant cette matinée? me demanda-t-on lorsque j'eus mis les pieds à l'intérieur de la chapelle.
- Mais certainement, souris-je.
- Tu es toujours aussi déterminée à présenter tes vœux d'obéissance par rapport au pouvoir et à la liberté, la pauvreté par rapport à l'argent et les besoins ainsi qu'à la chasteté?

Cela me fit sourire.

- Oui, je le suis.
- Bien, se rassura ma mère.
- Mais mes parents, dis-je seulement pour attirer son attention.

Elle fut immédiatement à l'écoute et inquiétée mais je savais qu'elle saurait quoi me dire pour ne pas que j'abandonne mes idées ainsi que mes croyances.

- Tu le sais, Hortense, les parents doivent pardonner leur enfant et surtout les comprendre et c'est de cette manière que cela fonctionne. Chacun est libre de son destin et tu as choisi le tien, comme moi et comme nos sœurs. Tes parents comprendront. Tu es une enfant de Dieu, Hortense, et il te guidera aussi loin qu'il le pourra.
- Merci, ma mère.
- Cela fait six années que tu étudies ici la littérature ancienne, le latin et le grec, tu sais très bien quelle voie tu empruntes.
- Vous avez raison.

Mais ça ne m'empêche pas de penser à ce garçon qui m'intrigue comme jamais une personne ne m'avait provoqué cette impression auparavant. Il faut à tout prix que je cesse cette obsession pour cet étudiant que je n'ai vu, en somme, que quarante-cinq secondes. Mais je ne sais pas, il a quelque chose, quelque chose de mystérieux, peut-être.