Coccinelle.

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Tu sais, ils croient tous que je vais devenir comme eux. Ils croient que j'aime ma famille, que je suis sage à l'école et que j'ai de bonnes notes, ils croient que je suis juste un peu bizarre mais que je vais finir par changer. Ils croient que je vais embarquer dans leur petit jeu de normalité.

La vérité c'est qu'ils seraient probablement déculottés en découvrant qui je suis.
Je suis l'enfant qui a peur, et l'élève qui ne fera jamais d'effort. Je suis celle qui finira à la rue ou dans un vieil appartement miteux, daignant de faire ne serait-ce qu'un an d'études, et celle qui se fout de l'ensemble complet de sa famille. Je suis la comédienne qui joue constamment un rôle, et le peintre qui noie son pinceau dans l'encre azur quotidiennement. Je suis celle qui écrit des mots que personne ne ressent autant que son auteure, et celle qui écoute la musique comme si la mélodie allait s'enfuir à chaque seconde. Je suis le monstre sous ton lit, le cauchemar de toutes tes nuits. Je suis la lectrice exigeante et celle qui a peur de la nuit. Je suis celle qui s'en contrefiche. Je suis celle qui dessine ses cauchemars incessants, celle qui aime la mer et les étoiles.

Faites gaffe.
Je ne suis rien...
Mais je peux être tout.

Il n'y a jamais eu que de l'amitié entre toi et moi, et j'imagine que tu le sais. Il y avait toujours un peu plus. Tu sais ? Pas beaucoup, mais assez pour qu'on réalise que c'était plus que de l'amitié. J'sais pas pourquoi je te parle de ça, maintenant. Je crois que j'en ai besoin, peut-être. Ça n'a jamais vraiment été normal entre nous. Il y avait toujours ce petit malaise, très léger mais pourtant présent, qui rappelait ce que je te cachais. Et puis tu le savais. C'était bien clair. Tu te souviens la fois où tu t'es arrêté devant moi brusquement, et tu m'as fixée pendant quelques secondes ? On lisait dans nos yeux. Tu te rappelles ? Je savais à quoi tu pensais. Et tu savais à quoi je pensais. Je m'en souviendrai toujours. Cette situation était tellement naïve. Les mots ne feront jamais preuve d'assez de puissance pour décrire ce souvenir. Tu étais tellement magnifique. Et puis à la fin, c'était juste un regard, pas vrai ? J'ai vu ce que j'ai voulu voir, et je n'ai pas su voir la vérité. C'est comme ça.

Dis-moi, tu m'aimes ?

Pardonne-moi. Oublie ça, d'accord ?
De toute façon je n'ai même plus d'amour à donner. Même pour moi, j'en ai pas assez.

Ohhhhh et puis tu vois ça va pas du tout. Mais je m'en fiche moi. Je voudrais tellement te prendre dans mes bras.

Ils sont tous ensemble, loin de moi. La famille, normal. Je me sens mal. Pas que je culpabilise, non, loin de là. C'est juste que je me sens mal, je ne suis pas bien. Tu comprends ? Bien-sûr que tu comprends, tu comprends toujours toi, pas vrai ? Et puis merde. Ils rient. Ils sourient. Tu les vois ? Eux ils ne me voient pas. Ils ne me voient plus. Je suis juste derrière, à écrire de simples mots sans vraiment m'en rendre compte, que je ne relirai même pas d'ailleurs. Personne ne me remarque vraiment. Bon, personne ne devrait, non plus, en même temps. Je ne me plains pas, d'accord ? Je ne souhaite rien d'autre dans le monde. Je ne veux rien changer, rien de rien. Je ne demande rien.

Sauf toi.

Toi...

Toi t'as toujours été une exception de toute façon.

Étoile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant