Chapitre 1 (Eden)

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Je me réveille dans ce lit trop luxueux pour moi. A peine réveillée, je vois mon père entrer dans ma chambre immense, son sourire en coin dont il a le secret plaqué sur le visage. Mon père est grand et mince, il ales cheveux poivre et sel et ses yeux marrons sont cerclés de lunettes. Il s'assoit près de moi et me demande:

-Prête?

-Papa...

-Eden, cette journée va être la meilleure de ta vie.

-Je ne suis pas sûre.

Il écarquille les yeux puis fronce les sourcils. Je lui explique donc:

-Je n'ai jamais été à l'école comme tout le monde, je n'ai jamais eu d'amis. C'est tout juste si j'ai le droit de sortir! Alors tu sais à quoi j'aspire?

Il attend que je continue en me fixant.

-Je voudrais une vie normale!

-Tu sais bien que c'est impossible, ma puce. A moins que tu ne veuilles détruire tout ce que ta mère a construit, tu n'as pas le choix.

Et voilà! Il place maman dans les discussions de ce genre pour me faire flancher. Et ça marche, à chaque fois...

Je me lève et me poste devant la fenêtre pour regarder dehors. Toujours le même décor: la cour, les gardes qui font leur ronde et cette fontaine inutile d'où aucune eau ne sort. Le sentiment d'impuissance que je ressent depuis quelques jours s'intensifie. Je me retourne et supplie mon père:

-Est-ce que je peux au moins sortir ce matin?

-Je...

-S'il te plaît!

-D'accord mais tu seras accompagnée d'un garde...

-Non. Je suis assez grande pour y aller seule.

Il grimace. Ensuite il m'observe un moment avant de soupirer.

-Si je ne cède pas, je suppose que tu vas lui fausser compagnie comme la dernière fois, n'est-ce pas?

Je souris et hoche la tête.

-OK, cède-t-il.

Je lui saute au cou et l'embrasse sur la joue.

Ensuite je file à la salle de bains. Je prends une douche. Puis j'enfile un pull noir, un jean et des Doc Martens de la même couleur que mon haut. Je lisse mes cheveux noirs et me mets du mascara, ce qui fait ressortir le bleu de mes yeux.

Lorsque j'ai fini, mon père n'est plus dans ma chambre. Je descends les escaliers ornés de pierreries. Des fois, j'ai vraiment l'impression d'être une princesse et cela m'horripile. Mon père est en train de prendre son petit-déjeuner, assis devant la grande table en bois massif. J'attrape mon sac à mains et lui crie:

-J'y vais, p'pa!

-Sois prudente.

-Oui, ne t'inquiètes pas.

Je sors vite avant qu'il ne change d'avis. Puis je me dirige vers l'arrêt de bus le plus proche. Le car pointe pointe le bout de son nez au coin de la rue.  J'ai l'impression d'être observée... Arrête d'être parano, il n'y a personne à l'arrêt! Ah si! Une dame âgée est assise sur le banc et me fixe. Je m'exhorte à rester calme et reporte mon attention sur le bus qui arrive.  De toute façon, personne ne sait à quoi ressemble la future gouverneure du pays. Cependant, la femme ne me lâche pas du regard, je suis donc soulagée quand je me rends compte qu'elle ne monte pas dans le bus à ma suite.

Power Is not EnoughOù les histoires vivent. Découvrez maintenant