Transfert

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Cette journée commençait très mal. Objectivement, elle était même à chier.

Après sa nuit de sommeil, Aomine reprenait conscience difficilement, comme à son habitude. Gros dormeur, il avait néanmoins des phases de réveil alterné où il ouvrait les yeux pour les refermer immédiatement quelques heures et demie supplémentaires, avant de les rouvrir pour de bon. Son principal problème venait de son état de santé.

Il n'était pas bien.

Quelque chose bloquait entre sa cage thoracique et sa gorge, cherchant un moyen de sortir, et –oh merde ! allait bientôt y parvenir. Le mal de tête qui lui sciait le cerveau pouvait aussi être blâmé. Il n'avait pourtant pas bu, il n'avait pas la gueule de bois. Rien de cela. Pour une fois, il ne s'était pas couché trop tard, sa nuit avait donc été parfaitement reposante, rechargeante en énergie. Il faisait bon ces temps-ci, il ne voyait pas comment il aurait pu contracter une maladie.

Sur un soupir, il se frotta les yeux avec le pouce et l'index de la main gauche, bâillant aux corneilles.

Triste vie, mon pote.

Il ouvrit la bouche, mais rien n'en sortit si ce n'est un rôt léger. Bon. Ça allait un peu mieux.

Sa vision était floue, et il ne cherchait pas à l'éclaircir. Yeux plissés, à part sa couette, il ne voyait pas grand-chose, mais déjà, il constatait un problème. La couleur. Sa couette était bleue foncée et il se trouvait sous une parure blanche, accordé au drap qui la bordait. Tissu de bien meilleure qualité que celle achetée chez lui habituellement. D'après ce qu'il distinguait, sa chambre était assez différente...A peine plus spacieuse, et aménagée de manière plus spartiate. Plus rangée. Non pas que la pièce était un capharnaüm, sa mère l'engueulait suffisamment et lui tirait l'oreille assez fort pour qu'il respecte l'ordre. Là, c'était simplement...Mieux ? Oui, c'était cela. Mieux que tout ce que les remontrances de sa génitrice en colère réunies auraient pu donner de lui.

Aomine était râleur, flemmard, bourru, mais il n'était pas con. Il jouait au con, nuance. Ça n'allait pas. Pas possible que sa mère ait changé le mobilier et les draps en pleine nuit alors qu'il était couché dedans, bien présent dans la chambre. Ce n'était pas normal. Un effet de la fatigue ?

Il se frotta à nouveau les yeux, remuant entre les draps. Le confort plaisant le fit gémir. En serrant les cuisses, son corps se contractant sous l'étirement, nulle surprise, comme à chaque réveil, il était dur. Il ignorait ses érections matinales, pas vraiment dues à de l'excitation, quand bien même cela lui arrivait quelque fois de s'attraper l'entrejambe et de se caresser dans une pulsion soudaine s'éveillant à la conscience de sa verge dressée. Pas cette fois.

Un élan de courage le redressant, il s'estomaqua.

Ce n'était pas sa chambre. La couleur des murs, la place de la fenêtre. Il n'était pas chez lui.

Sa pensée, en substance, se résuma à « c'est quoi cette putain de merde ? »

Hébété par sa panique, il apprit qu'à chaque catastrophe son hécatombe.

Ses yeux se baissèrent d'eux-mêmes, sans raison apparente. Il vit son corps. Outre le fait que son torse était légèrement moins musclé, sculpté avec moins d'élégance, le problème était le suivant et lui sautait littéralement à la gueule. Sa peau. Il n'était plus basané. Il était blanc. Pas aussi blanc que Tetsu, mais plutôt comme...Kagami. La chambre ressemblait d'ailleurs trait pour trait à celle du rouge (il était déjà venu chez lui une fois avec Tetsu qu'il avait rencontré dans la rue un jour qu'il s'ennuyait, le plus marrant étant que Tetsu était reparti de l'appartement en premier, leur laissant le loisir de s'insulter en toute intimité, et une autre fois seul, celle où...Eh bien, ils avaient été jusqu'au bout de leurs pulsions adolescentes) sachant que bleuté n'avait pas dormi chez lui...

Transfert || Kuroko no BasketOù les histoires vivent. Découvrez maintenant