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Je fus réveillée par quelque chose qui me touchait le pied. Je n'étais pas sûre de que ce soit ce auquel je pensais mais j'osais espérer que non.

-*Oh non Lucas ne fais pas ça !*

Je me tortillais dans tous les sens et gloussais à en perdre haleine. Il savait très bien que les chatouilles avaient cet effet sur moi mais ce n'est pas pour autant qu'il s'est arrêté là. Alors, pour tenter de le freiner ne serait-ce qu'un petit peu, je fis de même.
C'est à ce moment là que les choses ont dégénéré, nous nous faisions mutuellement des chatouilles mais il faut tout de même dire que Lucas avait beaucoup plus de force que moi. Ce qui me laissait peu de repos. Je priais pour que quelqu'un me vienne en aide, je suis presque sûre que tout le quartier pouvait m'entendre hurler. Puis, au bout de cinq voire dix minutes, mon frère est arrivé et nous a lancé comme à son habitude :

-*Ça va les amoureux ?*

Il savait très bien que Lucas était mon meilleur ami, mais il avait toujours utilisé ce terme pour nous. D'après lui, l'amitié fille/garçons ne pouvait pas exister car "les filles s'attachent toujours et tombent amoureuses" affirmait-il d'un ton certain. Il pensait que ce genre d'amitié ne pouvait pas fonctionner car soit l'un des deux tombait amoureux (la fille est toujours en tord sur ce point d'après Max) soit ils couchent ensemble et la c'est la fin de tout, un énorme malaise s'installe entre eux et plus jamais ils n'auront la même complicité. Je n'étais pas tout à fait du même avis que mon frère mais c'est vrai qu'il n'avait pas tord sur certains points. Quoique, j'avais quand même des amis garçons et surtout Lucas. Bon d'accord on s'étaient embrassés mais c'était que pour éloigner Pablo, enfin je crois...

Grâce à l'intervention de Max, Lucas avait cessé de me torturer.

-*Tu as gagner la bataille, mais pas la guerre! * m'avait-il lancé le sourire aux lèvres.

Cette réplique qui se trouvait dans un de nos jeux préférés auquel nous jouions quand nous étions petits était un peu comme une méthode de "réconciliation"après ces chamailleries.
Alors je lui rendis son sourire pour lui montrer qu'il était pardonné.

Comme il était déjà quatorze heure passé, Lucas me proposa de se préparer des sandwichs et d'aller les manger au parc. L'idée me plaisait mais je voulais l'emmener ailleurs. Quand je lui annonça cela, il comprit instantanément où je voulais me rendre.
Une fois que Lucas eut fini de concocter notre casse-croûte et que j'eus fini de m'apprêter, nous prîmes les vélos rangés dans le garage et partîmes enfin.

Durant le trajet, nous ne parlions pas vraiment, j'avais mes écouteurs avec la musique à fond et Lucas était loin devant moi. J'aimais regarder le paysage tout en faisant du vélo. Je trouvais cela reposant, apaisant. Je laissais Lucas être devant puisqu'il savait très bien où je voulais aller. C'était notre petit coin à nous, mes parents nous y emmenaient souvent quand nous étions petits. C'était comme si nous avions passé notre enfance là-bas.

Quand nous arrivâmes enfin, que je vis à nouveau ce lac avec toute cette verdure j'eus l'impression d'avoir à nouveau six ans. Cet endroit était empli de souvenir. En effet, je me sentais nostalgique de cette époque où l'on ne se souciait de rien si ce n'est d'avoir du sable dans les chaussures. C'était beaucoup plus simple, rien n'avait d'importance, on avait pas à s'interroger sur la vie.. Sur la mort..

Je songeais à tous les moments passés ici avec ma famille ainsi que Lucas quand ce dernier m'interrompit.

-*Ça va Al?? *

-* Oui ça va très bien pourquoi ? *

-*Al, tu pleures ..*

Lorsque j'entendis ses mots, je passa ma main sur ma joue et me rendis compte qu'elle était effectivement humide. Lucas se rapprocha alors de moi, il mis sa main derrière ma tête et l'approcha de son cou. Il me serra ainsi dans ses bras, comme un grand frère. Je sanglotais à présent dans son cou mais je me sentais en sécurité dans ses bras, comme si plus rien ne pouvais m'atteindre, que tous mes problèmes se dissipaient le temps d'une étreinte.

-*Je suis désolée* lui soufflais-je à l'oreille.

-*Tu n'as pas à être désolée Al, c'est tout à fait normal..*

Il avait toujours les bons mots pour me réconforter. Seul, lui arrivait à faire cela, c'était comme s'il exerçait quelque chose sur moi, qu'il aspirait ma tristesse, mon mal être. Même Julia avait du mal à faire cela.
Je ne voulais pas qu'il me lâche mais il fallait bien que l'on mange à un moment donné. Je mis fin à notre étreinte et nous nous installâmes sur le banc le plus proche.

Nous mangeâmes tranquillement notre casse-croûte puis, une fois terminé je m'allongea par terre tout en observant le ciel. J'aimais vraiment observer le ciel, le jour comme la nuit.
Une fois, une personne m'a dit qu'elle n'aimait pas les ciels tout bleu. Je lui avais alors demandé une raison à cette préférence et elle m'avait répondu que les ciels bleu étaient monotones, comme sans âme, sans vie.

A l'origine, je n'étais pas tout à fait du même avis mais ensuite, à maintes reprises je m'étais penchée sur la question et il est vrai qu'un ciel avec des nuages est vraiment plus intéressant. Non pas quand le ciel en est empli mais quand on voit du bleu en arrière plan. C'est beaucoup plus expressif selon moi, comme si le ciel, aidé par les nuages, voulait nous transmettre un message. Vous allez sans doute me prendre pour une folle car il faut sans doute beaucoup d'imagination pour pouvoir penser ainsi mais je repense souvent à cette histoire. Je me dit que cette personne doit être censée et à la fois réaliste.
Je préfère cependant regarder le ciel la nuit afin d'y voir les étoiles. Je trouve cela reposant et y trouve quelque chose de réconfortant, plus encore que la journée. Parfois, lorsque je me sentais pas vraiment bien, je sortais avec un plaid et m'allongeais sur la terrasse. Je pouvais y rester des heures sans voir le temps passer.
Je restais donc là, allongée à même le sol. Lucas m'avait rejoint et observait cette vue digne d'une uvre d'un très grand artiste à mes côtés. Je ne sais pas combien de temps nous restâmes ainsi mais après un certain moment nous décidâmes de rentrer à la maison car il commençait à se faire tard.

Nous arrivâmes enfin à la maison après une bonne demie heure de vélo. Max était en train manger, comme il avait prévu pour nous également, nous primes une assiette et nous joignirent à lui. Cependant, je n'avais pas très faim donc je grignota seulement. J'étais perdue dans mes pensées quand brusquement, comme un flash je me rappela ce que je devais faire pour demain. J'avais une tâche à accomplir pour demain et elle n'était pas des moindre ..

Un été peu ordinaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant