Soeur?

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Nous arrivâmes bientôt à un campement mal dressé avec des tentes en "Patchwork" vert kaki. Une odeur nauséabonde de putréfaction planait dans les lieux. Tant de clichés! À croire qu'on serait dans un mauvais livre fantastique! Nous nous cachâmes dans un buisson et guettâmes un signe de vie. Une voix féminine éclata soudain, en provenance d'une des tentes.

- NON MAIS C'EST QUOI ÇA?! VOUS PENSEZ QUE MON CONNARD DE FRÈRE M'A DIT COMMENT IL FAISAIT SA MAGIE À LA NOIX?! BAH NON! J'EN SAIS RIEN MERDE!

Une autre voix, masculine et métallique résonna cette fois. Je la reconnus avec un frisson d'horreur, Metallik.

- Calme-toi, Lady Rosa, seulement, il m'a vaincu si facilement... D'autre part, nous aurons besoin de savoir comment l'éliminer, il semble une pièce importante chez les défenseurs.

Une voix masculine qui se trouvait à être celle du restaurant parla.

- Lady Rosa, je crois que nous avons des invités.. Plus précisément, derrière le buisson.

La "porte" de la tente s'ouvrit brusquement et une belle blonde aux cheveux bouclés en sortit. Une cicatrice barrait son oeil droit, partant du sourcil et se rendant jusqu'à la pommette. Son oeil gauche était bleu et le droit était vert.

- Montrez-vous! Tonna-t-elle.

- Kaïra, ils sont là! Fit le deuxième homme en pointant "notre" buisson

Kaïra..?? La soeur de Caleb?! Oh mon dieu....

- JE T'AI DÉJÀ DIT DE M'APPELER LADY ROSE, PERÇANT!

Le dénommé "Perçant" murmura un désolé. Je sentis Caleb, à mes côtés, faiblir. Il déglutit, inspira et secoua la tête. Le buisson s'écarta soudainement et "Perçant", un homme à la peau noire dont l'un de ses yeux avait été arraché de son orbite, nous observait hostilement. Je lui flanquai rapidement un coup de pied et me levai. Blue fit apparaître une arme dans sa main et la plaça sur le cou de "Perçant". J'immobilisai le Joker qui se trouvait à l'intérieur de la tente en l'entourant d'un dôme d'eau au courant ascendant.  Caleb resta sur place, comme congelé. Le vent dépeignait sa tignasse    d'un orange/rouge surréel, car ses cheveux n'étaient pas exactement roux, mais vraiment rouge orangé, tels des flammes. Sa soeur fit

- Tiens donc, en parlant du diable, n'est-ce pas?! Ça faisait un bail..

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait....

- Rien du tout, frérot, je me suis jointe à eux par volonté propre.

Je consultai les gars du regard, je doutais entre neutraliser la blonde ou la laisser parler avec son frère, mais Caleb ne semblait pas vouloir qu'on la neutralise, donc j'attendis. Par chance, le dôme d'eau ne prenait pas beaucoup d'énergie.

- Pour.. Pourquoi?!

- Vois-tu, Caleb, quand nos parents nous ont lâchement abandonnés, Metallik, lui, m'a pris sous son aile. Toi tu planifiais de nous faire fuir mais... Pourquoi fuir? Pour faire le "bien"? Je lui ai tout dit tu sais... Je veux t'expliquer une chose qu'apparemment tu n'as pas compris, le bien, le mal, ça n'existe pas. Le monde c'est simplement des gens qui servent leur volonté, et il n'y en a pas des volontés plus nobles que d'autres. À la fin, c'est toujours un bain de sang, sauf que moi j'ai choisi d'être celle qui baigne dedans et pas celle qui le fournit vois-tu. Tu as fait le mauvais choix, donc, tu mourras.

- Nos.... Parents.. Ne nous ont jamais.. Ils sont morts.

Le visage de Kaïra se tendit

- Peu importe, toi tu as un don, et moi non, mais j'ai l'intelligence. Tue-moi et tu seras débarrassé, mais tu ne le feras pas car tu n'as pas de courage. Je vais faire ceci beaucoup plus simple pour les deux d'accord? Transformons ceci en jeu, tu meurs, je gagne, je meurs, tu gagnes mais perds en même temps puisque, tu ne voudrais pas perdre ta soeur chérie au coeur d'or, non?

Caleb inspira lentement et sortit le cube du jugement. Kaïra sourit et s'évapora dans l'air. Un.. Hologramme? Le reste du campement ainsi que le Joker et "Perçant" disparurent. Dereck devint rouge de colère et cria

- TRAÎTRE!!

On nous avait trahi! On avait joué avec les émotions de Caleb. S'en était foutu, qu'allait-il se passer... Je sentis une chaleur soudaine et extrême m'assaillir. Je regardai autour de moi. Caleb était à genoux par terre et tout autour de lui s'était enflammé. Merde. Il faut pas que la forêt prenne feu et qu'on crame!

- Caleb! Criai-je en traversant tant bien que mal les flammes tout en m'entourant d'un bouclier d'eau sur ma peau.

Je plaçai mes mains sur les épaules littéralement brûlantes.

- Caleb, calme-toi. L'implorai-je

Les flammes faiblirent pour disparaître. Il regardait fixement le sol.

- Faut y aller, Cal. Fis-je.

Il se releva silencieusement. Ça faisait sincèrement peur. Il ne parlait pas, son expression était figée, ni triste, ni content. Je ne voyais rien, c'était comme être devant un mur. Nous retournâmes bredouilles à la ligue, avec pour seule information que nous avions un traître dans nos lignes. Je ne comprenais pas trop pourquoi il nous avait trahi mais je savais que les hologrammes étaient un message, une espèce de mise en garde. Ils vont nous attaquer, et ils veulent nous impressionner. Ils connaissent la puissance de l'un des nôtres et comment le manipuler. Arrivés chez nous, Caleb monta sans rien dire à sa chambre, le regard vide, comme mort. Tout le contraire de sa joie habituelle, de ses railleries et mauvaises blagues qui ne faisaient rire personne, mis à part lui. Je ne savais pas quoi faire. Je montai silencieusement moi aussi et m'installai dans ma chambre. Sur le seuil de ma porte, je m'arrêtai. Non, je ne pouvais pas le laisser tomber, car c'était, avant d'être le frère de Kaïra, mon collègue et ami. Une personne en qui j'ai pu compter. Et les amis ne se laissent pas tomber. Même si la situation peut présenter un malaise pour moi, au moins j'aurai essayé de l'aider.

Je toquai lentement à sa porte, sans réponse.

- Caleb, s'te plais...

- Je ne veux pas parler. Fit sa voix, sèchement.

- T'auras qu'à garder le silence.

Je sentis les loquets se lever et tournai la poignée.

La chambre était généralement en ordre, Caleb était assis sur son lit, face à la fenêtre. Je m'installai à côté de lui.

- Ça va? Fis-je

- Ouais. Répondit-il

- Écoute, je suis..

- Ouais je sais, tu es navrée, désolée et cætera.

- Caleb, laisse-moi finir!

- Je t'ai dit que je voulais pas parler.

Je me levai du lit un peu frustrée et me dirigeai vers la porte.

- Tu sais, si tu veux parler... Je suis là. Fis-je.

- Attends Audrey.

Je m'arrêtai. Caleb passa le revers de sa manche sur ses yeux.

- Tu pleures? Demandai-je sottement.

- N-non. Mentit-il

Je me rassis, attendant qu'il prenne parole. Nous restâmes un à côté de l'autre un moment, puis il posa sa tête sur mon épaule et une larme perla le coin de son oeil. Il ouvrit la bouche comme pour parler tout en hésitant.

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À suivre

Magic runs in the blood (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant