Chapitre 10

321 33 7
                                    

- Tu n'es pas... humaine, lâche-t-il.

Ma première réaction est d'exploser de rire.

Il pousse un soupir, visiblement agacé.

- Écoute, papa, je suis assez fatiguée, alors on verra une autre fois pour ce genre de blague, d'accord ?

Il passe une main lasse dans ses cheveux. Puis un air de déception se peint sur son visage, ce qui m'étonne puisqu'il est toujours optimiste et souriant, d'habitude.

- Je ne plaisante pas, continue-t-il. Assieds-toi, il faut que je te parle.

Étonnée par son comportement, j'obtempère et m'assois à côté de lui.

- Écoute, ce que je vais t'avouer va sembler impossible à croire. Je le sais puisque je suis passé par là moi aussi, mais je pense que tu vas comprendre. Enfin, vu ta réaction tout à l'heure, j'ai des doutes. Je te pensais plus... mûre. Il vaudrait peut-être mieux que je t'en parle une autre fois...

- Ah non papa, maintenant je veux savoir ! je lui assure, légèrement vexée.

Il me regarde avec suspicion, puis commence son récit.

- Ton apparence est humaine, mais à l'intérieur tu es différente. Tu es plus intelligente que la plupart des personnes de ton âge, c'est une des caractéristiques de notre peuple.

- Je t'arrête tout de suite : avoir des bonnes notes ne veux pas dire être surdoué ! Et puis, notre peuple ? Tu veux me faire croire qu'on est des martiens ?

Il soupire fortement et poursuit :

- Ne me dis pas que tu ne t'en es jamais rendu compte ?

Étonnée, je ne réponds rien et il soupire à nouveau.

- Ta mère ne s'en est pas aperçu, et j'ai préféré ne rien lui dire avant d'en être sûr : mais j'ai remarqué depuis longtemps que certains objets se déplacent tout seuls. Et tu as dû comprendre que nous déménageons souvent à cause de ça.

Interloquée et ne sachant comment réagir, je reste bouche bée, le fixant stupidement.

- Tu es une Ensorceleuse.

- Je te demande pardon ?

Ce sont les seuls mots qui ont pu sortir de ma bouche. Les autres sont trop mélangés dans ma tête pour que je puisse espérer faire une phrase plus longue.

- Les personnes de notre ''peuple'' sont des Ensorceleurs. C'est un peu étrange, dit comme ça, je te l'accorde. Tous les Ensorceleurs possèdent des pouvoirs.

- Je suis une sorte de sorcière ?

- Tu vas me laisser finir, oui ? fait-il mine de s'offusquer. Nous n'avons pas de balais, de chat noir et de potion magique, si ça peut te rassurer. Mais je disais justement que les membres de notre communauté possèdent des pouvoirs. Il n'y en a pas une infinité, seule la puissance varie. On ne peut donc pas assurer qu'un pouvoir soit plus puissant qu'un autre, puisqu'on ne possède pas tous la même ''quantité''. Ton pouvoir, c'est la télékinésie.

- La télékinésie. Quand on déplace des objets par la force de la pensée.

- C'est ça, me confirme-t-il. En général, on attend que les novices aient 20 ans pour leur révéler leur nature. La seule raison qui m'a fait te révéler la tienne si tôt est que tu possèdes une immense force.

Je suis en état de choc. Je suis une lycéenne totalement normale – si on oublie les objets qui volent. J'ai eu beaucoup d'interrogations dans ma vie, et maintenant que je suis en train d'avoir les réponses, je ne suis plus tout à fait sûre de vouloir les entendre...

- Je te l'ai dit, tu es puissante. Tu es donc dangereuse, mais également en danger.

Un frisson me parcourt. En même temps, on ne peut pas dire que mon père soit extrêmement rassurant... Je me vois déjà en train de me battre contre des forces maléfiques, comme dans un film d'horreur. Génial, je sens que je vais adorer ma vie...

- Mais je te connais, tu vas me poser des questions, alors vas-y.

- Tout se bouscule dans ma tête, je ne sais pas par où commencer...

Je réfléchis quelques secondes puis demande :

- Tu as dis qu'on déménageait souvent à cause de ces pouvoirs... Pourquoi ?

- Tu ne dois pas t'attacher aux humains. Ils sont un point faible pour nous, les Ensorceleurs.

Choquée, j'écarquille les yeux.

- Si du mal était fait à tes amis, crois-moi, tu ferais beaucoup de dégâts et ta vraie nature serait révélée. Malheureusement, nos ennemis l'ont bien compris et se servent de nos liens avec les humains pour faire du chantage.

- Et vous m'avez envoyée au lycée. Très compréhensible, lui dis-je, sarcastique. Mais... tu as bien dit nos ennemis ?

- Je t'en parlerai plus tard.

Je fais une mine boudeuse mais il n'en tient pas compte.

- Tu dois apprendre à contrôler tes pouvoirs pour ne blesser personne. C'est pour ça que tout doit fréquenter le moins d'humains possible.

- Alors pourquoi je vais au lycée ?

- Tu avais le droit d'avoir une vie d'adolescente.

- Et plus maintenant ?

Je sens le chagrin m'envahir à l'idée de ce que je vais perdre à cause de ma nouvelle vie.

- Maintenant, tu connais ta véritable nature. Tu devras donc rester distante avec tout le monde avant que nous ne déménagions à nouveau.

Il dit ça sur un ton calme, indifférent, et ça me met hors de moi.

- Tu plaisantes j'espère ? A la rentrée, je m'étais fait une promesse : celle de ne m'attacher à personne. A force de toujours subir les moqueries des autres, je me suis laissée persuader que je ne suis pas comme eux. Et j'ai toujours su au fond de moi que je souffrirai si je me faisais des amis, car je devrai les quitter. C'est ce qui se passe chaque année.

- Lindsey...

Je le coupe avant qu'il ne puisse continuer :

- Je m'étais fait cette promesse, mais je n'ai pas réussi à la tenir. Je me suis fait une amie formidable, que je considère comme ma sœur. Et puis, je me suis fait une place dans ce lycée, je me suis fait accepter par tous ceux qui se moquaient de moi au début. J'en ai bavé pour arriver là, pour que les autres m'acceptent telle que je suis. Je n'ai pas envie de recommencer à zéro dans un autre lycée. Et...

Le visage souriant de Thomas s'impose alors à mon esprit.

Non, je refuse de m'éloigner de lui.

Des larmes de rage me montent aux yeux, mais j'arrive à les refouler.

- Je suis désolé, mais il n'y a pas d'autres solutions. Tu dois tout abandonner.

Devant son visage sérieux, je ne peux me retenir plus longtemps, et laisse des larmes dévaler mes joues.

Des larmes de tristesse, de colère, d'impuissance.

- Tu n'as pas le droit de me faire ça ! hurlai-je en me levant du canapé. Tu n'as pas le droit...

Ma voix s'éteint dans un murmure.

Je quitte précipitamment la pièce et me réfugie dans ma chambre, totalement dévastée.

~~~~~~~~

Voilà enfin les révélations tant attendues, dites-moi ce que vous en pensez !

Avec la reprise des cours, je ne pourrai poster qu'un chapitre par semaine, deux au mieux...

Il va falloir être patient ;)

Votez, commentez, partagez... Ça me fait hyper plaisir ! ♥

MystérieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant