Joséphine

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Le bruitd'un sifflet retentit. La machine s'échauffa. Les arbres commencent à défilerdevant les yeux et le train s'enfui, le plus loin possible de la gare.


Michaëlresta le visage collé à la fenêtre. Il adorait le train et aimait regarder unpaysage poursuivre un autre. Ah ! Quelle joie de partir de cette petitecampagne ! Paris était la capitale de la France, « l'endroit où toutse passe ». Pourtant, Michaël était un peu perplexe. Tout d'abord, ilavait oublié son journal personnel à la maison et ne pourra pas écrire pendanttout l'été. « Ce n'est pas grave, lui disait sa mère, tu y inscrira toutquand nous rentrerons ! ». Mais elle avait beau le lui répéter sanscesse, il ne pouvait s'imaginer sans son journal, tout l'été. Il n'arrivait pasà se résoudre de ne plus écrire ses pensées.


Le trainarriva très vite, trop vite pour Michaël. La petite famille n'avait pas lesmoyens de se déplacer autre qu'à pied. En plus, le temps n'était pas très beau.A vrai dire, il pleuvait des cordes et ils n'avaient pas prévu de prendre unparapluie. La route à pied fut un peu longue et Michaël eu le temps de s'imaginerce qu'il allait écrire à Yvette, dans sa lettre. Mais il avait décidé dequestionner Joséphine d'abord, comme ça, il tiendrait tous les indices enmains. Sa mère et Mathilde parlaient tout le trajet de choses diffères. Enfaite,elles parlaient pour parler. Comme le font toujours les femmes, pensa tout basMichaël. En même temps, peut être que lui aussi parlerai beaucoup, si il enavait la chance. Après tout, communiquer et partager des choses de la vie avecses proches, permettait un équilibre de soi-même, une intensification des relationset cela permettait de débattre sur plusieurs sujets récents.


Voilàenfin le petit appartement de tante Joséphine. C'est comme ça qu'appelaient lesenfants Joséphine. Certes, elle n'était par leur tante, mais elle était uneamie très proche de leur mère et ils la voyaient tous les été.


Joséphineétait une jeune dame, pas marié. Aux cheveux longs et noirs, ses yeux assortisà sa chevelure fixaient les personnes intensément. On avait l'impression qu'ellevous analysé tout entièrement, le physique et le mental. Même si de première vuelle avait l'air sérieuse et prétentieuse, comme toutes ces femmes de « bonnefamille », elle était en vrai rigolote et très gentille. Elle adorait lesenfant, non seulement Mathilde et Michaël, mais aussi ceux des rues, qu'ilssoient pauvres ou riches. Elle sauva plusieurs fois des malheureux gamins,affamés et sans abris. Elle les lavait, nourrissait et logé pour une nuit. Enquelque sortes, elle était une mère pour tout le monde et pas seulement pourles enfants mais aussi pour les adultes. Comme par exemple, la mère de Michaëlne serai peut-être plus ici, si Joséphine ne l'avait pas tirée d'une longue dépression.Michaël ne savais pas encore qu'il la regretterai plus tard et qu'il priera tousles soirs, dans son pensionna, pour elle.


Joséphineles accueilli avec amabilité, comme toujours. Elle leurs servit un bon thé bienchaud et ce n'était pas de refus, car le temps était abominable. Après la discussionsur l'assassinat de l'archiduc d'Autriche, vint celle sur les difficultés que traversaientle peuples. Puis, quand enfin Joséphine fut à l'écart des autres, Michaël enprofita pour mettre son petit plan sur pattes. Il s'approcha gracieusement verselle, comme il savait très bien le faire et lui secoua la main vivement, ensigne de parole.


« Quese passe-t-il mon petit Michaël ?, dit tendrement Joséphine, que veut-tume dire ? "


Michaëleu la même idée, qu'il avait eu avec Yvette. Il attrapa un bout de papierjournal et écrivit  « J'ai lu un article à la maison, qui disait qu'ily avait des survivants du naufrage du Titanic. J'ai posé la question à Maman,mais elle ne m'a pas répondu...Est-ce que Papa a survécu ? Peut-être est-ill'un d'entre eux ? Peut-être qu'il ne peut pas revenir en France et qu'ilest bloqué aux Etats-Unis et qu'il voudrait revenir, mais qu'il ne peut pas et... ».Une larme glissa le long du visage de Michaël. Il en avait marre de ne pas savoir.Il voulait arrêter d'espérer...


« Calmetoi Michaël, calme toi... Je vais tout te raconter, mais calme toi. D'abord, ilfaut que tu sache que ta mère souffre toujours de ce naufrage. Elle...elle esttrès fragile, chuchota-t-elle, ne lui pose pas des questions à propos de cela.Tu aurais dû attendre de m'en parler. C'est une histoire ressente et.. »


Ellesouffla d'épuisement. Cette jeune femme qui était si joyeuse d'habitude.Montrerait-elle un signe de fatigue sur son visage ? Pourquoi est-ce quechaque fois que Michaël parlait du naufrage et de son père à quelqu'un, lapersonne pâlissait, tremblait légèrement.


« Ecoute,ce n'est pas un endroit pour parler. Ta mère pourrait nous entendre. Allonsdans ma chambre veut-tu ? "

Ilsallèrent alors dans les appartements de Joséphine. La pièce était plus grandeque la cuisine et couverte  de tapisserierose. Les meubles et le lit étaient assortis à celle-ci et cela donnait un côtéagréable, accueillant, exactement comme l'était Joséphine .


« Vient.Tu peux te mettre sur mon lit. Il vaut mieux d'ailleurs, car le récit risque d'êtrelong. Avant tout, tu sais le respect que tu dois à ta mère et à ton père. Quoiqu'ils fassent ! Tu as bien compris ? »


      Michaëlhocha la tête.Il ne comprenaitvraiment pas pourquoi est-ce que Joséphine commencer comme cela son récit. Qu'avait-elleau juste à lui dire ? Certes, Michaël avait toujours respectait sesparents, du moins pour son père, ses souvenirs de lui. Il les avait toujoursadorait et aimé. Pour lui, ils étaient ses sauveurs et ses idoles. Y aurait-ilquelque chose qui ferait changer d'avis Michaël ?


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⏰ Dernière mise à jour : Sep 01, 2015 ⏰

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