Mon erreur

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Chapitre 9:

Ce n'était pas avec le grand bonheur que je me réveillai aujourd'hui.
En effet, un jour particulièrement triste s'annonçait. La mère de Jared allait être débranché. Elle ne serait désormais plus là pour lui, pour l'aimer et le protéger. Mais qui allait le faire alors? Son père? Non, trop occupé par son travail de journaliste. Il était seul, seul dans son désespoir, son chagrin augmentait à chacune de ses respirations. Et le poids qu'il soulevait était devenu insupportable. Il fallait que je réagisse avant qu'il ne tombe et qu'il se brise en mille morceaux. Il devait justement s'absenter en cette journée d'hiver, pour adresser un dernier adieu à sa mère. Je savais qu'il serait anéanti lorsque qu'il serait de retour le lendemain. Avais-je le droit de l'abandonner? Avais-je le droit de sécher les cours? Quelle est la chose la plus grave? Certainement d'abandonner un être qui nous est cher. C'est ainsi que pour la première fois de ma vie, je séchai. J'ai toujours été une bonne élève, mais si je n'aurais pas séché, j'aurais trahi Jared, et c'était bien plus grave pour moi.
J'avais pris le bus, et j'étais rentrée dans le grand bâtiment chauffé. Je n'ai jamais aimé cette odeur, vous savez, celle des médicaments et des produits ménagers. En essayant d'oublier cette odeur, je me dirigeai vers l'accueil et demandai la chambre de Madame Leto. On me répondit "306". Je me mis donc à parcourir cet immense hôpital, à traverser ses couloirs où rodait la mort, pour enfin arrivée devant la porte. J'eus un soudain moment d'hésitation, avant de toquer au cas où Jared et son père serait déjà là. Mais je n'entendis rien. J'ouvris doucement cette porte et m'avançais prudemment. Elle était là, une belle femme malgré son âge, allongée sur ce petit lit. Une vague d'émotion me submergeai, je savais que j'étais sensible, mais je ne connaissais même pas cette femme. Pourquoi je ressentais autant de peine. Peut être parce que j'ai seulement de la peine pour Jared, pensais-je. Je me maudis alors de me préoccuper que de ce qui m'importais. Mais le bruit de la porte me réveilla et me fis sursauter. Jared était à peine rentré, qu'il me fixait en fronçant les sourcils. J'espérais qu'il ne m'en veuille pas d'être venue sans prévenir. Il me demanda alors:
《 Comment...qu'est ce que tu fais ici Charlotte? 》
Heureusement, il n'avait pas l'air en colère, juste surpris.
《 Jared, je sais que j'aurais du te prévenir mais il fallait vraiment que je vienne, pour elle et pour toi surtout! Je ne pouvais pas te laisser souffrir petit à petit. Je me serais sentie coupable de t'abandonner. Mais si tu veux vraiment que je m'en aille, il y a pas soucis.
- Non, bien sûr que non. Je veux que tu restes. Je suis désolé de t'avoir parlé comme ça, c'est juste que je suis tellement nerveux...et j'ai peur de la perdre! 》
Je m'avançais pour le prendre dans les bras, quelques gouttes ruisselaient sur son visage d'ange. Et je savais que ça chère mère pouvait être très fière de lui. Il m'embrassa et me remercia d'être à ses côtés. À ce moment, j'entendis la porte s'ouvrir une nouvelle fois, c'était le père de Jared. Il m'adressa un simple bonjour, sans chercher à savoir pourquoi j'étais là. Je ne lui en voulais pas, j'imaginais que pour lui c'était un moment très difficile. Je sortis alors quelques minutes pour les laisser faire leurs adieux en paix. Quand je vis le médecin se diriger dans la chambre, je rentrai à mon tour. Jared avait les yeux rouges, cela m'attristai énormément, alors je lui caressai délicatement le dos pour lui donner le minimum d'affection dont il avait besoin et mis ma tête sur son épaule. Je ne l'avais jamais vu dans cet état et je n'aurais jamais pensé que ça aurait pu arriver.
Le médecin prit enfin la parole:
《 C'est le moment, vous avez déjà signé tous les papiers, n'est ce pas? 》
Le père de Jared ne fit que hocher la tête.
《 Hé bien, je vais procéder à la phase final. Mais avant, est-ce quelqu'un s'oppose à cela?》
Un silence effrayant se fit entendre. Alors le médecin s'avança près du lit, pris le premier fil, mais avant qu'il ne puisse le décrocher, une petite voix se fit entendre. Elle se voulait forte, mais ne sortit qu'en un murmure. Heureusement assez fort pour être entendu:
《Non, ne faîtes pas ça! 》
Je mis un temps à comprendre que cette voix était la mienne. Je n'avais pas pu la retenir, c'était comme une évidence, il fallait que ça sorte. J'avais été prise d'un réflexe. C'était une sensation très étrange, une pulsation incontrôlable. Après ces quelques mots, j'avais la chair de poule. Le frisson m'avais parcouru de la tête aux pieds. Mais alors que tout le monde me fixait incrédule, le médecin arrêta sa manoeuvre. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir dire? Je n'étais même pas de la famille...

Les faces cachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant