Chapitre premier

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—Les passagers du train Eurostar sont priés de gagner leur wagon.

J'ai regardé pour la dernière fois mes parents me faire coucou de la main sur le quai de la gare du Havre à travers la vitre. Fais leur juste un signe et évite de pleurer, ai-je pensé. Le train a sifflé trois fois et nous sommes partis pour l'Angleterre. Le trajet a été rapide puisque je me suis endormie peu après le départ. À la gare, de Londres j'ai récupéré mes maigres possessions qui étaient au-dessus de ma tête et me suis mise en marche. J'ai interpellé un chauffeur de taxi qui s'est arrêté juste devant moi. Il m'a déposée devant l'institut dans lequel je m'étais inscrite. Sur le devant, on pouvait y lire : « École Pitsbury, Conservatoire National de Danse ». J'ai esquissé un sourire. Je rêvais d'entrer dans cette école depuis que j'avais dix ans, c'était une des meilleures écoles de danse d'Angleterre. J'ai payé ma course, j'ai balancé mes sacs sur mes épaules et j'ai poussé la lourde porte de l'école.

Le bâtiment était, à l'extérieur, fait de pierres très claires, mais à l'intérieur il était aussi moderne que n'importe quelle école. Dans le hall, de hautes arcatures en marbre semblaient soutenir le plafond en forme de dôme blanc immaculé. Devant moi se dressait un grand mur de verre sur lequel était inscrite une liste de noms qui s'étendait sur deux colonnes, très certainement des donateurs. On avait disposé des plantes vertes un peu partout dans des pots en pierre blanche. La pièce était en forme de cercle de sorte qu'elle desservait six couloirs qui s'étendaient comme des aiguilles autour du hall. Juste sous l'imposant lustre en cristal qui pendait du milieu de la rotonde se trouvait un grand bureau en marbre noir et gris qui jurait harmonieusement avec le reste des objets tous d'une blancheur admirable.

Même les trois hôtesses à l'accueil portait un tailleur blanc, comme si nous étions dans une clinique. Je me suis approchée du bureau, j'ai posé mes sacs et j'ai attendu que la femme aux cheveux grisonnants daigne lever les yeux de l'écran de son ordinateur.

—Bonjour, je m'appelle Rose Mach, je me suis inscrite ici il y a deux mois, ai-je dit poliment à la femme quand j'ai vu qu'elle ne m'avait toujours pas remarquée.

Elle a vérifié pendant quelques instants sur son ordinateur et a fait défiler une longue liste d'élève sur le panneau posé sur le meuble devant moi.

—C'est exact, suivez-moi, je vais vous donner votre emploi du temps et vous assigner à un autre élève afin que vous vous familiarisiez avec les lieux.

—Merci, ai-je répondu en souriant.

J'ai suivi docilement la vieille dame qui a imprimé mon emploi du temps sur une feuille A4. Je m'en suis emparé et l'ai lu. J'avais des cours de danse toute la matinée, mathématiques, anglais et français l'après midi. La journée du jeudi changeait puisque j'avais cours d'histoire et de géographie le matin suivi des cours de biologie et d'histoire de la danse à partir de quatorze heures. Les journées et les semaines promettaient d'être longues et chargées. Le samedi, le lycée organisait des compétitions avec d'autres conservatoires, de temps en temps des rencontres avec des personnalités londoniennes qui recherchent des danseurs. Le dimanche était notre seul jour de repos.

—Dites-moi, que préférez-vous pour la visite ? Une ou un élève ?

—Peu m'importe, ai-je rétorqué. Du moment que je ne suis pas seule et que je ne me perds pas dans les couloirs.

—Je vais vérifier l'emploi du temps de Jess et je reviens tout de suite. Attendez-moi ici.

Je me suis assise sur un des fauteuils en flanelle blanche dans le hall. Des filles de mon âge sont passées avec leurs affaires de danse. Elles arboraient un look sportif mais très raffiné, leurs cheveux étaient rassemblés en chignon très serré. Leurs juste-au-corps semblaient avoir coûté une fortune mais, l'argent ne devait pas être un problème pour elle. Elles sont entrées dans le couloir en face de moi en riant aux éclats.

FrissonTome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant