Chapitre 1.

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Maman est debout dans l'encadrement de la porte. Elle me sourit.

J'ai 10 ans. J'ai 10 ans aujourd'hui.

J'ouvre les yeux sur un cadavre au teint blafard qui hurle, recroquevillé sur lui-même, dans un paysage vide aux nuances rouges agressives. Seul un arbre mort tente d'égailler le paysage sans savoir qu'il l'assombrit encore plus.

- KIEL !

Putain ou ça ? Je me lève de ma chaise et cherche mon père des yeux. Où ? Maman il est ou ? Maman...

- Oh ! Daniel ! Je te parle !

L'espace prend enfin forme sous mes yeux. Christian se trouve face à moi, dans mon salon. J'aurais jurer que c'étais lui qui...Mais qu'est ce qu'il fou là ?

- Tu fou quoi chez moi Grey ?

- Ta gueule. Elle a ruiné mon prénom avec son roman à la con. D'ailleurs en parlant d'gueule, t'en tire une tronche !

- Sors de chez moi !

Il rigole et se laisse tomber dans mon canapé, posant peut de temps après ses chaussures de l'armé sur ma table basse. Je le regarde et arque un sourcil. Il ne réalise pas qu'il vient de poser les pieds sur une table de créateur et cela m'agace. Je m'approche et lui fait bougé ses pattes de là.

- Dit donc, tu ne sais pas peindre des choses plus joyeuses ? Genre tu ne pourrais pas mettre un arc-en-ciel ou un poney là-dedans ?

Je tourne la tête vers le chevalet comportant mon travail du moment. Celui sur lequel je me suis endormi hier. Celui qui vient d'être achevé à l'instant ou il a prononcé ces mots.

- Quoi tu n'aimes pas ?

- Non. C'est moche.

- Parfait, ça veut dire que je peux le ranger avec les autres. Tu viens de clôturer ma prochaine exposition. Merci, au revoir.

Christian est un ami de longue date. D'ailleurs, il est mon seul ami. Je l'ai rencontré lors de mon service militaire en Allemagne. Un service d'un an pour maîtriser ma colère avant de comprendre qu'ils ne faisaient que l'amplifier. Chris, lui, a signer pour un an de plus encore et encore jusqu'à en faire son métier. Je l'apprécie beaucoup mais en ce moment, je voulais simplement être seul. Je voulais qu'il quitte ma maison.

- Tu devrais penser à fermer ta porte à clef.

- Il ne faudrait pas que quelqu'un rentre sans y être invité effectivement, j'y penserais la prochaine fois.

Je lui désigne la porte du salon et il se lève pour se placer face à moi.

- Tu sais quel jour on est ?

- Non, et j'en ai rien à foutre. Je bosse H24 sur ma prochaine expo, tu crois sérieusement que j'ai le temps de regarder la date et l'heure ?

- Ah ça va ! Wouah faut te calmer mon vieux. Tu veux une pipe ? Ca va te détendre.

- Dégage !

Je le pousse hors du salon et claque la porte, espérant qu'il aura la sainteté d'esprit de trouver son chemin jusqu'à l'entrée.

Pour qui se prend-il à rentrer dans ma maison de la sorte et parler de mon travail ainsi. Ce travail a été applaudi plus d'une fois dans l'une des plus grandes galeries d'angleterre.

Requiem miaule et passe sa tête derrière mon violoncelle.

- Quoi ? C'est ça que tu veux ?

Je désigne mon instrument du doigt et son miaulement est immédiat. Je prend place sur une chaise et bascule le violon contre mes genoux où Requiem prend place.

HeterochromiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant