Chapitre 7

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Tic
Tac
Tic
Tac
Tic
Tac
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong
Doong

Les douze coups de midi venaient de sonner et Mya était dans la cuisine en train de préparer à manger.
Dimanche.
Aujourd'hui, elle attendait du monde pour le repas.
Elle n'avait pas fait d'apéritif mais commençait directement avec l'entrée qui était une assiette de tomates ananas par personne, assaisonnée d'huile d'olive, de sel, le tout parsemé de persil, de parmesan et de petit morceaux de jambon de parme. Ensuite, le plat principal: un bœuf bourguignon. Le plat préféré de son père. Il était cuisinier et avait transmis sa passion pour la cuisine à ses deux filles. Pour finir, elle avait préparé son gâteau préféré, un gâteau feuillantine, appelé aussi chocolat craquant. Tout en bas, une couche de feuillantine, au dessus, une couche de pralin, et, pour finir, une mousse au chocolat. C'était son péché mignon.
Le gâteau était au frais, le bœuf en train de mijoter, et Mya était entrain de couper le jambon pour le mettre sur les tomates oranges.
Quand elle eu fini, elle plaça ses préparations dans le frigo, quand on sonna.

Déjà?

- Théo, tu peux ouvrir s'il te plaît ?

Aucune réponse.

- Théo!

Pour guise de réponse, une petite fille de sept ans arriva en courant.

- Maman maman! Je peux le faire moi!

Ses cheveux blonds et bouclés tombaient en partie sur ses épaules, le reste caressant son dos. Ses yeux bleus-gris, qu'elle tenait de son père, ressortaient grâce à sa robe assortie. Ses joues roses et sa peau pâle renforçaient son aspect de poupée en porcelaine.

- Maman?
- Vas-y ma chérie.

La petite fit un énorme sourire et accouru à la porte, sa peluche en main. Un bruit de porte résonna.

- Bonjour Madame.

Madame?

Mya se retourna. On pouvait entendre la conversation d'ici.

- Bonjour ma petite. Ta maman est là ?

La mère en question fronça les sourcils. Elle ne connaissait pas cette voix. Une inconnue..?! Elle couru vers sa fille.

- Bien sûr! MAM..

Mya était arrivée avant que la fillette l'appelle. La jeune femme frissonna en voyant la vieille dame qu'il y avait devant eux.

- Ka..Katie, ma chérie.. Va jouer dans ta chambre.
- Mais mamaan ! Pourquoi?

Mya réussit à détacher ses yeux de l'"inconnue" pour les fixer sur sa fille. Elle prit un ton un peu plus sec.

- Parce que ta mère te l'a demandé.

La gamine fit la moue et s'en alla en traînant les pieds. Sa mère la regarda partir puis se tourna vers la vieille femme.

- Oh alors elle s'appelle Katie? Quel prénom charmant.

Mya ne répondit pas et sortit de la maison en fermant la porte. Il y avait un grand jardin dont la pelouse était parfaitement coupée, magnifiquement verte, décorée de roses rouges, roses et quelques unes étaient bleues-violettes. À côté de la porte d'entrée se trouvait une petite terrasse avec une table de jardin en bois, accompagnée de ses chaises assorties. On pouvait y accéder par la grande baie vitrée qui recouvrait le mur en sa totalité, jusqu'à atteindre le premier étage.

- Je suis ravie de te revoir Mya.
- Ce n'est pas réciproque.

Elle avait répondu vite. Elle voulait couper court à cette discussion qu'elle avait tant espéré ne jamais avoir.

- Tu es magnifique.

  Aucune réponse.

- Et tu as bien réussi ton mariage à ce que je vois.

Pars, s'il te plaît, pars. Pour le bien de tous. Même de toi.

Mya brûlait d'envie de lui dire.

- Comment va Sandy?
- Bien je te remercie.
- Ce serait bien que je puisse la voir un jour.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Elle ne se rappelle pas de toi. Et moi non plus je suis censée ne pas me souvenir de toi.
- ... Tu me renies? Tu ne m'aimes pas?

Mya hallucinait. Demandait-elle vraiment cela ? Était-elle sérieuse? Car elle allait avoir une réponse claire et nette de la jeune femme qui commençait à s'énerver.

- Comment pourrais-je aimer une telle mère? Une mère qui abandonne ses enfants pour un autre homme? Ne laissant aucunes nouvelles !  Pas un appel, un message ou même une seule visite! Faisant pleurer papa jusqu'à sa mort!

Oui, leur père avait pleuré si longtemps. Tous les soirs au début, puis quelques fois par mois, puis quelques fois par an. Il avait toujours aimé leur mère. Il l'avait toujours défendue. Jusqu'à son dernier souffle. Mais Mya lui en voulait terriblement.
Sandy elle, était plutôt dans le questionnement. Quand leur mère était partie, elle n'avait que quatre ans. Elle avait dans la tête que leur mère ne pouvait pas être bien pour faire pleurer un homme aussi bon que leur père. Seulement, elle aurait voulu connaître celle qui l'avait mise au monde. Elle n'avait jamais pu et Mya considérait que c'était pareil.

- "mère".. On ne peut même pas appeler ça une mère. Tu ne l'as jamais été. Continuait Mya
- Tu ne peux rien changer, tu seras toujours ma fille.
- J'ai certes ton sang, mais c'est tout. Tu n'es rien pour moi.

La haine envahissait son esprit tandis que les larmes montaient aux yeux de la vieille femme.
Celle-ci baissa la tête, sortit un paquet de son sac, le regarda quelques instants et le posa sur la table.

- Je suis désolée de t'avoir dérangée.

...

- Désolée pour tout.

Sur ce, elle se retourna et avança vers le portail. Soudain, elle s'arrêta et se retourna légèrement. Ses courts cheveux gris couvraient en partie son œil droit et cachaient quelques rides.

- Je ne me pardonnerai jamais pour ce que j'ai fait.

Elle resta immobile encore quelques secondes puis partit pour de bon. Mya l'avait suivi du regard et finit par rentrer dans sa demeure, le paquet en main.
Théo arriva au même moment.

- Qui était-ce?
- Ah parce que t'es là toi maintenant?!

Théo sentit qu'il ne fallait rien répondre, mais leva tout de même les yeux au ciel en soupirant.
Sa femme jeta violemment le paquet dans une corbeille et alla dans la cuisine. Il la suivit et la retrouva de dos, face à un plan de travail, les mains dessus. Ses épaules bougeaient, signe qu'elle pleurait. Il l'enlaça par la taille et posa sa tête sur l'épaule de la jeune femme.

- Chuuut. Ça va aller. Rien de bien grave peu arriver. Personne n'est mort?

Mya secoua la tête.

- Donc tu vois, ça ne peut que s'arrangea.

Théo faisait le gentil mais entre lui et Mya, rien n'était bien brillant depuis quelques temps. Il pensait bien qu'elle était en dépression mais elle disait que ça allait.
La sonnette retentit. Mya sécha ses larmes d'un revers de la main sur chaque œil.

- Ah! Voilà notre invité régulier! S'écria Théo.

Il lança un grand sourire à sa femme muette et ajouta :

- Je vais ouvrir.

Il lui donna un baiser sur le côté gauche de sa tête et parti vers la porte d'entrée.

- Ah Diego! Entre je t'en pris!

Le jeune homme s'exécuta et se baissa pour recevoir Katie dans ses bras et la serrer tout contre lui.

Lourd SommeilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant