Chapitre 3 : Vendredi 24 Avril 2506

261 26 6
                                    

Parfois, il m'arrive de me vouloir du mal.

Je ne sais pas où j'avance dans ce monde dans lequel rien est fait pour moi. Autour de ma personne, tous paraissent innocents, heureux avec leur vie simple. Moi je n'y arrive simplement pas. Je ne comprends pas ce sentiment bizarre qui m'envahit chaque fois que j'ai une maigre pensée. Tout me paraît inutile, toute ma vie, qui se déroule malgré moi sous mes yeux, est superficielle.

Quand je vois mon quotidien, je déprime. Quand je me remémore mon passé, je ne vois rien d'intéressant. Quand j'aperçois mon futur, je n'y trouve rien. Je ne sais pas où je vais.

Chaque mètre que j'effectue me mène à un endroit, mais j'ai toujours l'impression que ce n'est pas pour moi, que ce n'est pas celui vers lequel je devrais aller. Je ne trouve pas de place qui me correspond, pas de lieu dans lequel je me sentirais heureuse et épanouie.

Plus petite, j'étais certes effrayée par ces monstres ainsi que submergée par des rêves plus affreux encore que les personnes qui me torturent ma conscience, j'arrivais tout de même à vivre. Mais aujourd'hui, je n'arrive vraiment plus à avancer, tout ce que je vois autour de moi, l'amour de mes parents, la fantaisie et la simplicité de mes camarades de lycée, tout me dépasse et m'est complètement étranger. Je ne ressens pas ce que je perçois en eux. Ils respirent la joie et la délivrance tandis que moi, je suis toujours enfermée entre mes barreaux froids qui m'isolent de ce monde qui est mon opposé, qui est radicalement différent.

Je trouve toute ma vie étouffante, je ne sais pas si un jour je réussirai à avoir quelque chose qui me fera changer d'avis sur l'opinion que je me fais de mon existence. Incapable. Incapable de passer outre les mauvaises choses. Incapable d'ignorer tout ce mal qui me submerge et m'empêche de respirer correctement, je suis oppressée par tout ce qui m'envahit.

Je fais des rêves comme tout le monde, j'ai lu énormément pour combler la solitude qui m'a accompagnée si longtemps. Je me suis mise pendant de nombreuses années à espérer être l'un des personnages de mes romans qui vivent des histoires palpitantes. Mais je sais que ce ne sont que des contes, et que personne ne vit ce qui est écrit dans ces livres.

Celle innocente qui se retrouve sans qu'elle ne s'en rende compte dans les bras d'un garçon peu fréquentable, qui ne chérira qu'elle, de tout son être, parce qu'il est tombé amoureux, miraculeusement pour la première fois de sa vie.

Je ne peux pas être cette perle d'innocence, je ne me sens pas innocente.

Il y a aussi l'histoire classique qui pourrait coller le plus à notre monde actuel, la fragile qui a son propre vampire pour l'aimer et la protéger. Cet être qui la transforme pour vivre l'éternité avec elle cette passion débordante.

Moi je ne veux pas de monstres dans ma vie, ni en devenir un. De toutes façons aucun humain ne peut être transformé en vampire ou alors, je ne suis pas au courant.

Qui a t'il d'autre ? Finalement, quel est le réel but dans tout ça ? Y a t'il vraiment une raison de vivre une belle existence ?

Je n'ai pas trouvé. Pourtant j'ai cherché, longtemps pour sûr, je l'ai fait pendant des années, et je le fais encore. Je n'ai aucun besoin qui me pousserait à me lever, à faire mon quotidien, et à me recoucher, le bonheur embaumant mon esprit. Rien ne me passionne, rien ne me fait vivre.

Je me remémore l'un de mes cours de la journée d'hier, une leçon de français, on étudiait un livre, le professeur avait décidé, que pendant l'heure, on lirait chacun notre tour. Comme j'étais déjà passée, en début de cours, je n'avais plus besoin d'écouter les autres lire leur passage, c'était sans intérêt. Je laissais alors mes pensées divaguer, pensant à la vie que j'ai. Une vie qui ne me contente pas, qui ne me convient sur aucun plan. Tout me paraît vide de sens.

Si Je N'étais Pas Née, Je Ne Serais Pas MorteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant