Très rapidement, j'ai donc été amené à conclure que ce serait un vrai service à lui rendre que de la débarrasser de Georges. Un service dont elle ne me saurait évidemment aucun grès si elle apprenait que je le lui avait rendu, mais il importe de savoir faire malgré eux le bien de ceux que l'on aime.
Elle pleurait sans doute pendant quelques temps, mais tout s'oublie. Elle l'oublie fait. Dans mes bras.
L'ennui c'est que je ne pouvais faire disparaître Georges n'importe quand. En semaine, j'ignorais ou il se trouvait il eût été trop dangereux d'interroger Irène sur ce point : elle aurait pu s'en souvenir par la suite. Je ne pouvais Georges qu'un seul moment ou il m'était possible de le voir, c'est-à-dire le week-end.
Bon. Je savais quand. Maintenant, il fallait savoir comment. J'ai tout envisagé, même le poison, mais rien ne convenait. Trop dangereux pour moi, pas assez pour lui. Je commençais a désespérer quand j'ai pensé à la voiture.
J'ai préparé mon affaire longtemps à l'avance. J'ai commencé par inviter Irène pour un week-end ( en tout bien tout honneur, comme il se doit ), dans la villa que possède ma famille à Bouville.
Comme je m'y attendais, elle me répondit qu'elle ne voulait pas venir sans Georges. Sur quoi je l'ai assurée que jamais be me serait venu l'idée de les inviter l'un sans l'autre : Georges pouvait venir aussi, naturellement. Avec sa voiture !
Ainsi s'est prise l'habitude des week-end, ainsi n'est-ce pas la premières fois que nous venons jusqu'ici avec la voiture. C'est un endroit qu'Irène et moi apprécions beaucoup, pour des raisons différentes.
Irène, c'est parce que nous dominons la ville et, au-delà le mer ; que l'ont peut admirer un panorama somptueux et repérer le Havre et la côte anglaise grâce à une table d'orientation.
Moi, c'est d'une part parce que la beauté du lieu distrait précisément Irène des contingences ; d'autre part, parce que du petit rond point où est situé la table d'orientation, partent deux chemins a très fortes pente : celui d'où nous venons et qui débouche cent mètre plus bas sur une route à grande circulation et un autre plus étroit mois tout aussi intéressant qui aboutit droit à la lisière d'un terrain privé dont la bannière de clôture, basse et très vermoulue, se trouve juste au bord de la falaise qui tombe à pic dans la mer.
