Le soleil vient à peine de se coucher et je suis en train de déambuler dans une rue dénuée de vie. La pluie s'abat avec fureur sur ma tête, elle forme une cascade qui s'infiltre sous mes vêtement, dans mes chaussures , dégouline le long de mes bras et part s'écraser sur le sol en quittant le bout de mes doigts. Du coin de l'œil, j'aperçois une fenêtre ouverte au deuxième étage d'un immeuble. La pièce est illuminée et même si la lumière est faible, elle brille de mille feux dans la noirceur de la nuit. Elle éclaire d'une douce lueur et fait reculer les ténèbres menaçants. Quelqu'un apparaît à la fenêtre. Je tourne rapidement la tête et fixe mon regard sur le sol. Avec un peu de chance, je me fondrais dans la pluie, dans la nuit et personne ne me remarquera.
Parfois, l'air froid s'enroule autour de moi, mais en général, il reste loin de moi, immobile. Comme quelqu'un qui marche sur la pointe des pies dans une maison endormie et qui s'arrête de temps à autre pour vérifier que personne n'est réveiller. Je peux sentir la pluie s'écouler, danser sur mes bras, mais je ne sens pas cette froideur qui en ferait frissonner plus d'un. Correction, je ne PEUX PAS sentir cette froideur. Tout comme je ne sens pas quand quelque chose est trop chaud. Ma vie est un infini dégradé de gris : une météo douce, des couleurs ternes, des sons en sourdine, des parfums étouffés, des saveurs fades. Je me souviens de cette fois où je m'étais assise sur la cuisinière encore bouillante, sans réaliser que j'étais dessus. Ma chair avait brûlé jusqu'à ce que ma mère se rende compte de ce qui se passait et me hurle de bouger. Tout comme la chaleur extrême, le froid extrême échappe à ma perception du monde.
La pluie est toujours mieux que ces " jours de grands froids " que je peux passer sans mettre le moindre pull - les températures négatives n'arrivent même pas à faire dresser les poils de mes bras. La pluie, elle au moins, provoque d'une façon mystérieuse des frissons involontaires se propagent dans mon corps et me font me sentir vivante. Et normale. Mais même maintenant, je me promène bras et jambes nus. Je ne porte rien d'autre qu'un T-Shirt trop large et un short en jean. Je presse l'eau contre ma peau, je veux qu'elle se change en glace et me gèle sur place, mais je sais que c'est sans espoir. Rien de ce que je fais ne peux changer qui je suis.
Il y a quelqu'un qui marche dans la rue, devant moi , destination inconnue. Je m'enfonce un peu plus dans le noir , dans l'alignement des arbres qui bordent la rue. Le quelqu'un me dépasse sans jeter un regard dans ma direction et je me demande si il sait que je suis celle qui a causé ces températures glaciales. Si il sait que la cause de cet hiver précoce est debout, à quelques mètres. Sûrement pas.
Il disparaît dans les ténèbres derrière moi. Un autre visage dont je ne me rappellerais jamais, une autre vie que j'ai bouleversée.
Je sors de l'ombre et tourne dans ma rue, sur la gauche. D'ici, ma maison semble délabrée. La pelouse n'a jamais été tondue, les volets sont fermés et notre "jardin" est un mélange de fleurs mortes et de branches sans feuilles. La haute barrière de fer qui entoure la maison des trois côtés est recouverte de graffitis , et ils ne sont pas tous flatteurs. La phrase la plus commune est "retourne en enfer", talonnée de "assassin" et "démon". Je pense que ma préférée c'est " Crève, suppôt de Satan ". Quelque soit leurs intentions, ça me fait toujours rire.
Je me souviens quand nous sommes arriver à Sydney. Nos voisins nous ont fait la "faveur" de faire eux-même la démarche de demande d'autorisation pour construire une nouvelle clôture. "Intimité", avait dit ma mère alors que l'entreprise de construction locale rasait la vieille barrière pour en construire une nouvelle. Plus grande, plus épaisse que la précédente. " L'ancienne clôture était trop petite - on pouvait voir ce qui se passait dans votre maison". Et pourtant, partout ailleurs, la même "trop petite barrière" resta la même et personne ne s'en plaint.
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Cold Fire [ Traduction Française ]
ParanormalMélissa est atteinte d'une maladie rare et non diagnostiquée. Du moins c'est ce qu'en disent les docteurs qui lui on fait passer des tests toute sa vie. Mais soyons honnêtes : Mélissa n'a jamais eu besoin de test pour savoir qu'elle était différente...