La Vie Derrière Moi

partie 3

Je me rallonge sur mon lit et je pense à ma vie.

Qui aurait cru que moi Esra Darnaoui, 19ans bientôt 20 je serais clouée sur ce lit d'hôpital pendant 10 jours à cause d'une foutue maladie.

Je suis atteinte d'une maladie cardiaque génétique. C'est un QT court, je vais pas m'étaler dessus ça ne servira à rien et vous ne comprendrez pas grand chose, retenez juste que c'est un dérèglement au niveau de mon pouls.

Je rentre en L3 de langue ensuite je passe mon capes pour être instit' en maternelle. Les enfants c'est ma vie! Je ne comprends pas les gens qui ne les aiment pas parce que soit disant ils font trop de bruits ils écoutent rien, blablabla.

Bien sûr il y en a qui comptent plus que d'autres. En premier lieu mes neveux et ma nièce, les enfants de Houssam.

Juste après c'est les enfants de Samar bien sûr. Ensuite tous les enfants dont je m'occupe et les enfants du monde.

Je vous ai pas trop parlé de ma famille non plus. Mes parents sont tous les deux libyens. Mon père est cardiologue et ma mère est coiffeuse.
Mes frères dans l'ordre:

Houssam, marié à Sarah une libyenne, il a 30 ans et trois enfants. Il est prof de maths au lycée de ma soeur

Youssouf, célibataire, 27 ans sa passion c'est les voitures il les aime presque autant que j'aime les enfants. Son amour pour les voitures l'a poussé à devenir ingénieur mécanique.

Imad: 24 ans, interne à l'hôpital dans le même service que mon père. Il poursuit ses études pour être chirurgien cardiologue. Il est fiancé à une fille que ma grand-mère a choisi pour lui en Libye mais il veut pas dire qui c'est.

Moayed: 21 ans, il rentre en M1 de langue mais lui il veut être prof d'anglais.

Nizar: mon bébé, il a 18 ans bientôt 19 il vient d'avoir son concours de médecine du premier coup et va partir pour poursuivre en odontologie à Lyon. Il va me manquer

Ensuite ma princesse, ma fierté: Zouhour, 16ans au compteur elle rentre en 1ereS.

Voilà vous me connaissez un peu plus maintenant.

Je pense à tout ça, quand on frappe à la porte. Je me redresse et je réponds.

...: bonjour mademoiselle, comment allez vous?

Moi: bonjour docteur, je me sens mieux qu'en début de semaine.

C'est le chirurgien qui travaille avec mon père accompagné de mon frère qui au passage est bizarre. Il m'a même pas saluée et ne lève même pas un regard vers moi.

Je ne dis rien et prends sur moi. Je lui demanderai une fois seuls.

Dr: bien, alors je ne suis pas là pour rien, et encore moins pour une simple visite. Je dois vous annoncer quelque chose.

Moi: je vous écoute.

Il allait parler mais mon frère le coupé. On le regarde tous les deux sans comprendre.

Imad: il vaut mieux laisser le docteur Darnaoui s'en charger.

Il appelle mon père par son nom parce qu'il est dans son milieu professionnel.

Dr: mais c'est à moi de le faire.

Imad: il aura mieux les mots.

Moi: qu'est ce qu'il se passe? Docteur c'est grave?

Imad: rien de grave attendez juste que le docteur vienne et vous lui demandrez vous même.

Je ne comprends plus rien. Imad perd vite son sang froid de nature, mais de là à se comporter comme ça... Et puis si il dit que mon père aura mieux les mots c'est que c'est vraiment quelque chose de grave.

Moi: est ce que je peux le voir tout de suite?

Dr: il doit être en consultation. Il viendra vous voir quand il pourra.

Moi: et est ce que c'est si grave que ça?

Dr: cela dépend plus de comment vous le prendrez que de la nouvelle elle même.

Moi: d'accord merci docteur.

Dr: de rien, au revoir.

Ils partent, Imad toujours sans un regard ni un mot.

Je me rallonge sur mon lit et je réfléchis à tout ça.

Serait-ce possible que ce soit à cause de cette nouvelle qu'il est comme ça?
Peut-être, sûrement même. A force de trop y penser et de cogiter dessus j'ai fini par m'assoupir.

...: nodi (réveille toi), t'es toujours en train de dormir toi! A croire t'as rien d'autre à faire!

J'ouvre les yeux petit à petit, je prends mon temps, et je vois Youssouf debout devant moi.

Moi: tu veux avoir quoi à faire quand t'es sur un lit d'hôpital branché à pleins de fils?

Youssouf: dormir.

On éclate tous les deux de rire. Youssouf a un sens de l'humour un peu particulier, mais c'est notre clown. Contrairement à Imad, il perd très rarement son sang froid.

Moi: t'es venu tôt aujourd'hui!

Youssouf: ouai je travaillais pas ce matin.

Moi: du coup t'as retapé la Z ce matin et t'es venu me voir?

Youssouf: exactement.

La Z c'est la voiture qu'il a dans le garage et qu'il retape des qu'il rentre du travail. Ça lui évite de passer ses nerfs qu'il contient sur nous. Et pendant mon séjour il va la voir avant de venir.

C'est une Audi A1 mais une vieille. Il l'a achetée déjà bien abîmée mais il A voulu la réparer lui-même. Il a sa propre voiture, ne vous inquiétez pas.
Le nom qu'on lui a donné nous, Z, c'est à cause de son film préféré: Tokyo burnout. Un bon film que j'ai bien aimé.

Moi: sinon tu racontes quoi de beau?

Youssouf: rien. Le travail, la maison tu connais la routine.

Moi: tout le monde va bien à la maison?

Youssouf: oui hamdulillah, ils sont pas venus te voir?

Moi: ils viennent un peu plus tard d'habitude, j'ai vu juste Imad il est venu avec le chirurgien tout à l'heure.

Youssouf: ok.

Je lui demande ou pas? Il doit savoir ce qu'Imad avait ce matin. Ou peut être pas puisqu'il l'a pas vu. Je demande au cas où.

Moi: mais il était bizarre.

Youssouf: comment ça?

Je lui raconte et il baisse la tête.

Moi: tu sais ce qu'il avait?

Youssouf: t'as vu abi entre temps?

Moi: non pourquoi?

Youssouf: je peux rien te dire. Il faut que tu voies abi avant.

Moi: dis moi juste si c'est à cause de ce que le docteur allait me dire qu'il était comme ça.

Youssouf: oui.

Il baisse la tête.

J'en étais sûre. Mais je voulais savoir ce que c'était parce que ça m'inquiète cette histoire.

Peu après il est parti et Moayed, Nizar et Zouhour sont venus me voir. Mon bébé il commence son stage lundi. Ça dure trois semaines ensuite il part.
Quand ils sont tous partis mon père viens me voir.