La découverte

16 3 0
                                    

15 Septembre 2015


Je m'appelle Ali Mousavi. J'ai un doctorat en archéologie et je travaille à l'Université de Montréal. Mon choix de carrière n'est pas fortuit. Depuis tout petit, j'ai une obsession. Retrouvé un objet perdu du nom de Gorrotoa. Il s'agit d'une statuette d'apparence préhistorique. Elle a la forme d'un homme se tenant debout et dont les bras se tendent vers l'avant comme si elle voulait vous empoigner. Elle est taillée rustiquement, probablement avec des outils très rudimentaires. Elle n'est pas polie et le métal qui la compose est poreux. Enfin, c'est du mieux que je peux la décrire, car je ne l'ai vu qu'en photo. Ce n'est pas une belle relique et pourtant elle me fascine. Possiblement parce que je suis d'origine iranienne, puisque celle-ci a été découverte dans le désert de Kavir par le Dr Erick Macintosh en 1975. C'est le premier et le dernier à l'avoir aperçu, du moins de ce que l'on sait. Malheureusement, il est mort dans des circonstances... troublantes. Après son décès, personne n'a pu retrouver l'objet. J'avais décidé d'aller rencontrer ses proches pour recueillir leurs témoignages. Le docteur habitait à New York et sa veuve y vivait toujours. Le seul indice que j'ai pu y trouver a été son tableau de bord d'expédition. Mme Macintosh m'a laissé son journal, bien contente de s'en débarrasser, car d'après elle, cette histoire la hantait depuis trop longtemps. Voici la transcription que j'ai traduite de l'anglais :


Journal du Dr Érick Mackintosh


22 mars 1975 - Téhéran


Aujourd'hui est un grand jour pour notre expédition. Depuis des années, nous fouillons le désert de Kavir où des ruines vieilles de 10 000 ans seraient cachées sous les dunes. Cela a pris deux ans (Kavir n'est pas le plus large désert du Moyen-Orient, mais il reste vaste tout de même) et finalement, grâce à une nouvelle technologie détectant des masses enfouies, on a trouvé quelque chose. Cela ressemblerait à une salle de 14.54 m de largeur et 32.88 m de longueur. Aujourd'hui, j'ai reçu la subvention pour acheter la machinerie nous permettant de déterrer ce que j'espère une fascinante découverte. Aujourd'hui est le début du couronnement de ma carrière.


23 mars 1975 - Téhéran


Nous avons eu quelques difficultés avec les marchands locaux. Pour une raison que j'ignore, tout le monde refusa de nous louer la machinerie d'excavation. Et pourtant, j'y avais mis le prix. Je me suis dit que c'était peut-être dû à mes origines américaines. On tenta le coup avec Sadegh, un Iranien né en Amérique. Il nous expliqua qu'en fait les locaux déclinaient à travailler dans cet endroit. Ils l'appelaient le désert des cauchemars. Évidemment, c'était trop beau. Je devais composer avec la superstition. Téhéran est la capitale, mais ce n'est pas la seule grande ville de l'Iran. 


25 mars 1975 - Ispahan


Il fallut se rabattre sur Ispahan qui, contrairement à Téhéran, se trouve à des kilomètres plus loin du désert de Kavir en plus de nous forcer à contourner l'amas de montagne. Tout cela nous coûtera plus cher, mais il n'y a pas de prix pour la connaissance. 


27 mars 1975 - Désert de Kavir


La route a été longue et sinueuse, tel que c'était prévu. Le chemin était parfois mauvais. Il y a eu également un éboulement qui nous a retardés d'un jour, le temps d'enlever les débris. Je ne me décourage pas. Pas aussi près du but. Étant nordique de descendance, le climat du désert m'est un peu difficile à supporter, mais j'y survivrai. 


28 mars 1975 - Désert de Kavi


Les excavations ont commencé! Je me sens comme un enfant avant la Noël. Mais je me dois d'être patient, les rapports ont révélé que la salle ou le temple (rien n'est sûr encore) serait plutôt creux.


30 mars 1975 - Désert de Kavi


Il est arrivé quelque chose d'inattendu. Une masse de roche énorme et solide nous bloque le chemin. Même les géologues avec moi n'y comprennent plus rien. Et pourquoi les analyses ne l'avaient-elles pas détecté? D'ailleurs, mes spécialistes sont incapables de déterminer de quel métal il s'agit. Nous avons tout fait pour essayer de le percer. Rien n'y fait. Il ne reste plus qu'une solution essayer de trouver un endroit où le rocher se termine et creuser de là. C'est comme si le destin me refuserait l'accès.

Gorrotoa: La statuette mauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant