Je déteste mon lit.

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Je déteste mon lit. J'ai 16 ans, et je déteste mon lit. Je sais, il y a quelque chose qui cloche avec moi. C'est pas de sa faute. Il est confortable, large, et je dors très bien dedans. C'est justement ça le problème. Je ne veux pas bien dormir. Je veux savoir ce qui se passe autour de moi, en tout temps. Quand je dors, mon cerveau prend le contrôle. Je ne lui fait pas vraiment confiance, il a l'habitude de ne pas me réveiller lorsque quelque chose d'important se passe. Le pire, c'est le réveil. Je dois reprendre tout ce que j'ai manqué pendant la nuit. Oui, je déteste dormir, mais aussi me réveiller. Comme je l'ai dit, il y a quelque chose qui cloche avec moi.

Mon oeil droit s'ouvre tranquillement, et le gauche ne tarde pas à faire de même. Mon regard fait le tour de la pièce. Rien ne semble avoir changé. Je me presse pour vérifier si c'est la même chose dans l'appartement complet, en passant par la chambre de mon frère. Comme toujours, il dors. Je me retiens de rire lorsque je vois Cupidon, mon chat, coucher sur son oreiller. Ces deux-là, le jour ils se déteste, mais à chaque nuit depuis l'événement, Cupidon va le rejoindre dans son lit, et je sais très bien que mon frère ne s'endors pas tant que son oreiller n'est pas à moitier utilisé par notre chat au longs poils beiges. Après une inspection complète des quatres pièces et demi qui me servent de chez moi, mon coeur finis par se calmer. Mon cerveau semble avoir bien fait son travail cette nuit. La journée peut commencer.

Mon frère Sébastien, étrangement debout à cette heure, baille longuement tout en me disant:
- C'est bon? Je peux aller dans la cuisine? Y'a pas de bombe dans le four ou de piège à ours au sol?

- Non, ça t'es correct, mais si tu ne veux pas d'intoxication je te conseil de ne pas boire le lait.

- Quoi? Je viens de l'acheter! Il est très bon.

Il ouvre le frigo et en prend une longue gorgée, sans prendre de verre, évidemment. Je m'assois sur le comptoir, sachant ce qui va suivre. Le plancher est recouvert de lait quelque secondes plus tard. Je regarde mes pantoufles de chat, contente que mes pieds ne soient pas au sol, recouvert de lait.

- Ouach! Comment t'as pu me laisser boire ça!

- Je t'ai averti, et c'est toi qui l'a pas rangé après ton déjeuner hier. J'allais le jeter quand je suis revenue de l'école, mais je voulais voir ce qui allais se passer ce matin. J'ai bien deviné!

Je repart vers ma chambre en riant pendant que mon frère se penche pour nettoyer son dégat.
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- Maggie!

- Ah! Oui! Quoi? Je suis là.

Jade et Alto me fixent d'un regard désapprobateur.

- T'as entendu ce qu'Alto vient de te dire?

- J'ai entendu... Seulement, je n'ai pas vraiment écouter. Alto, tu peux répeter?

- Bon. 1. Pourriez-vous arrêter de m'appeler Alto? Ma voix n'est plus si aigu et toute l'école m'appelle comme ça par votre faute. Et 2. Ce que je te disais pendant ton voyage sur la lune c'est que mon père a accepté que je m'inscrive à un programme d'arts et musique au Cegep*.

Je suis immédiatement extrêmement heureuse pour lui. Alto ne vit que pour les arts. Il a tout d'un artiste: les cheveux roux frisés qu'il prend 20 minutes a chaque matin pour leur donner un style dépeigné, les vêtements dépareillés avec le foulard au coup, l'attitude décontracté et même l'orientation sexuelle. Imaginez-vous un artiste roux, et c'est lui que vous avez en tête.

La vie, la mort || mythologie grecque [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant