La vie, la mort || mythologie grecque [en pause]

Je suis entre Louise Martin et Jacques Martineau.

Tous les deux sont morts. En fait, je suis perdue. Je n'ai vraiment pas choisi le meilleur endroit pour me perdre. Je tente de repérer quelque chose que je reconnais autour de moi, mais je ne vois que des pierres tombales. Les directions de Hayden pour retrouver sa cabane étaient vraiment pas très claires, et avec mon sens de l'orientation plus ou mons non-existant, je me suis perdue. Je suis habituée de me rendre aux tombes de mes parents, c'est le seul chemin aller-retour que je connais dans ce cimetière. Ce cimetière qui est vraiment immense.

-Maggie?

Il n'y a pas de mots pour expliquer le soulagement que je ressent en entendant la voix d'Hayden.

- Oh mon dieu merci! Je ne savais plus où aller je...

Tout en parlant, je me retourne et me retrouve nez à nez avec Hayden, littéralement.

- Oups désolée, dis-je en reculant d'un pas, ce qui me permet de l'observer.

Étrangement, il semble beaucoup plus à l'aise ici entouré de morts que dans les couloirs de l'école. Il est encore vêtu de noir, mais il porte de vieux jeans troués et un simple t-shirt, ce qui paraît moins intimidant que son veston en cuir. Il a remonté ses cheveux en toque derière sa tête, ce qui lui va très bien. Son aire sombre habituel semble avoir quitté son visage. Lorsqu'il remarque ma façon de l'examiner, un sourire va même se tracer sur son visage. La nouvelle forme de ses lèvres me rend mal à l'aise. Pour moi, ce gars ne savait tout simplement pas sourire.

- Rapelle moi de ne jamais me fier sur ton sens de l'orientation. La cabane est à l'opposé du cimetière. Du même côté que la tombe de tes... Euh... De où tu étais l'autre jour.

Je reste étonnée par son hésitation.

- J'étais aux tombes de mes parents. C'est pas un secret.

Son regard croise le mien, et je réalise avec regret que son sourire a quitter son visage.

- Allons-y, ont n'a pas toute la nuit.

Il me prend par le bras et m'entraîne derière lui. La vitesse de ses pas me surprend.

- Hey! Ralentit. C'est pas tout le monde qui a ta longueur de jambe ici.

Il a en effet facilement deux têtes de plus que moi, mais je serais en mesure de tenir le rythme si ce n'était pas de mes bottes à talons. Ce n'était pas l'idée du siècle de mettre ces chaussures pour aller marcher dans la terre, mais il commence à faire froid et c'est les seuls souliers fermés que je possède autre que mes souliers de course. En regardant autour, je vois que la température n'est pas la seule caractéristique de l'automne qui a apparue. Les feuilles des arbres commencent à changer de couleur. Les arbres sont encore majoritairement verts, mais on peut apercevoir des percées de jaunes, orange et rouge ici et là. C'est magnifique. L'automne mérite d'être ma saison préférée.

Étonnamment, Hayden ralentit le pas.

On marche quelques minutes en silence pendant que mon cerveau cherche un sujet de conversation. Le mieux qui me vient est:

- Toi, as-tu quelqu'un qui se retrouve sous terre autour de nous?

Je sais, c'est pas mal dans le top 10 des pires sujets de conversation, mais on est dans un cimetière, parler de passion semble un peu déplacé.

- Quelques membres de ma famille éloignée, personne de bien important. J'avais un serpent, je l'ai enterré derière la cabane. Les jumelles ont insistées pour mettre une petite tombe avec son nom.

Je reste sous le choc après sa réponse. Il vient d'enchaîner plus qu'une seule phrase. Par contre le contenu de ses propos me donne un frisson.

- Un serpent? Ouh. Non. Comment peux-tu avoir un serpent comme animal de compagnie?! Ça s'enroule autour des coups et tue tout le monde pour ensuite les prendre en une seule bouchée!