Exil [BoyxBoy]

Chapitre II

Je m'apprêtais à répliquer quand ces mots firent sens dans ma tête.

Après tout, avec mon sac sur l'épaule et mon air perdu, je ne devais pas avoir l'air d'un client venu pour déjeuner.

J'acquiesçais alors d'un demi-hochement de tête alors qu'elle portait sa main vers mon épaule pour me décharger.

- Quel âge as-tu ?

- Dix-huit. Enfin demain.

- Oh ce n'est rien, fit-elle en balayant l'information de la main comme si elle avait autant d'importance qu'un mouton de poussière. Je suppose que tu sais comment nous fonctionnons ici ? Suis-je bête, tu ne serais pas là si ce n'était pas le cas.

Je la laissais parler, toute contente qu'elle semblait être de ma présence ici et n'eut pas le cœur de la contredire tant elle semblait enthousiaste.

Faire comme si je savais ne devrait pas être trop difficile non ?

- Par contre...Je n'ai pas de chambre seule libre pour le moment. Valentin va bientôt partir mais il lui manque des papiers. Je suppose qu'un des garçons acceptera de partager sa chambre avec toi pendant quelques temps. Oui, oui.

Je la regardais répondre elle-même à ses interrogations et essayais d'assimiler les informations dont elle m'abreuvait alors qu'elle me faisait signe de la suivre à l'étage.

- Allons bon, avec qui vais-je pouvoir te mettre ? commença-t-elle tandis que nous pénétrions dans un couloir baignant dans la lumière de ce début d'été. Axel ? Oh non, tu risques de te réveiller étouffé par ses vêtements sales. Il a tendance à se déshabiller et de tout laisser dans son lit. Elias va se servir de toi comme d'une peluche et vu comment il est taillé, je ne suis pas sûre de pouvoir te garder sur le planning, ajouta-t-elle avec un rire amusé. Mikita te conviendra je pense. Il ne prend pas de place et n'est pas bruyant. La seule chose étrange qu'il peut te faire, c'est de sortir tes vêtements de l'armoire en pleine nuit pour les replier proprement.

Je continuais de l'écouter babiller, étonné qu'une femme de son âge puisse aligner des mots plus rapidement qu'un adolescent venant d'obtenir la dernière console de jeu à la mode.

J'essayais de me focaliser le plus possible sur les noms qu'elle énonçait – retenir des prénoms était la chose la plus difficile pour moi -, inspirant profondément pour faire passer la sensation d'essoufflement qui s'emparait peu à peu de moi.

- Ça lui arrive quand il fait un mauvais rêve, termina-t-elle alors qu'elle s'arrêtait devant une porte, sûrement celle de Mikita.

Elle toqua à la porte puis baissa la poignée quand un « entrez » se fit entendre.

La gérante m'offrit un sourire affectueux avant de tapoter doucement mon dos pour me faire entrer dans la pièce.

- Mikita, tu vas partager ta chambre avec...

- Johan.

- Oui c'est ça, Johan. Le temps que ce soit bon pour Valentin, ça ne te dérange pas ?

Mikita secoua négativement la tête et j'observais ses cheveux bruns coupés courts, frémir sous le mouvement.

Ce n'était pas comme si elle lui laissait le choix mais il ne broncha pas et replongea dans le livre posé sur ses genoux.