Je mis de longues heures à m'endormir.
Combien ?
Je n'en sais rien, mes yeux avaient arrêté de regarder l'heure quand Mikita s'était couché, aux alentours de deux heures du matin.
De ce que j'avais compris, entre deux de ses marmonnements, il n'était pas de service à midi alors il en avait profité pour terminer le livre commencé dans l'après-midi.
Je n'avais pas osé demander ce qu'il en était de moi et j'avais donc décidé de suivre son rythme pour ensuite partir à la recherche de la propriétaire des lieux.
Je pense que la proximité avec Mikita dans le lit ne m'aida pas à être plus apaisé.
Peu importe où je creusais dans mes souvenirs, je n'avais jamais dormi avec personne, pas même avec mes parents après un cauchemar.
Tant et si bien que lorsque j'avais finalement trouvé le sommeil, c'était roulé en boule au bord du lit, le plus loin possible de la chaleur qui émanait du corps de Mikita.
Le réveil fut difficile.
Le manque de sommeil rendait mon corps bouffé par les courbatures, j'avais l'impression d'être un vieux bout de fromage, grignoté par des souris.
Mais le plus problématique était le manque de repères et Mikita sembla s'amuser de la situation, au vu du sourire narquois qu'il m'offrit en guise de bonjour.
Il se leva en suite et quitta la chambre sur un « Tu bouges beaucoup quand tu dors » alors que je me frottais les yeux pour rendre ma vision plus nette.
Ce qui me fit rougir plus que de raison.
Une fois remis de ma gêne et mes affaires sous le bras, j'explorais seul pour la première fois mon nouvel environnement, jusqu'aux douches.
Elles étaient désertes et je pris donc mon temps pour choisir celle qui me convenait.
Chaque cabine était séparée par un mur, couvert de carrelage blanc et fermée par le même genre de porte que l'on pouvait trouver dans les piscines municipales.
Je laissais mes vêtements sur le banc juste devant celle de mon choix et accrochais ma serviette sur la patère dans ma douche avant d'actionner le bouton pressoir.
Une brume tiède ne tarda pas à envahir la cabine et je pris le temps de glisser mes bras jusqu'aux coudes sous l'eau avant d'y aller entièrement.
J'avais toujours fait ça.
Les rares fois où je m'étais glissé de suite tout entier sous le jet chaud, une sensation de malaise s'était emparée de ma poitrine, accompagnée de frissons et je m'étais lavé trop vite pour que ce soit vraiment efficace.
C'était la première fois que je pouvais faire quelque chose sans être perturbé.
Lorsque j'étais encore à la maison, il y avait toujours quelqu'un pour frapper à la porte de la salle de bain.
Il n'y avait rien d'autre que deux petits coups portés sur le bois, qui variaient d'intensité selon le propriétaire de ceux-ci.
Mais leur signification avait bien plus de poids que la moindre parole.
Tandis que je suis propre depuis bien plus de temps qu'il n'en faut, l'eau se coupe, m'arrachant un soupir et des frissons tandis que je quitte mes pensées.
Ma petite serviette fine et rêche terminant de faire s'évaporer ces souvenirs.
Il faudra, quand j'en aurai les moyens, que je m'en achète une digne de ce nom.
- J'ai cru que tu t'étais noyé. Selon les dires de Mikita, ça fait bien une bonne heure que tu es là-dedans.
Je sursautais en entendant la voix de la gérante résonner dans le couloir.
La crainte de me faire réprimander s'évapora en l'espace de quelques instants lorsque je la vis me rejoindre à grands pas, un sourire sur son visage.
Elle semblait m'apprécier, bien que je ne comprenne pas pourquoi.
- Comme tu as dû visiter l'ensemble du bâtiment, entrons dans le vif du sujet. En quoi es-tu doué ?
J'avais déjà vaguement pris conscience que je ne savais pas faire grand-chose mais la réalité me frappa de nouveau alors que j'étais planté au milieu de ce couloir, pieds nus et mon t-shirt collé contre mon dos encore humide.
Que savais-je faire ?
En quoi étais-je doué ?
Je n'en savais pas plus que sur la vie de mes anciens voisins.
J'avais juste connaissance que j'étais particulièrement habile pour faire comme tout le monde.
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Exil [BoyxBoy]
Teen FictionNous avons tous entendu un jour que nous ne cessons d'apprendre tout au long de notre vie. Mais comment est-ce possible lorsque l'on ne nous a pas donné les clés pour y parvenir ? C'est ce que se demande Johan alors qu'avec son bac en poche et rien...