Notre histoire commence dans un petit village du nord de l'Ecosse. Dans ce petit village se trouvait une maison, et dans cette maison, un jeune homme d'une trentaine d'années tout au plus. Il vivait seul, enfermé dans son bureau du matin au soir, et ne sortait que rarement, pour faire les courses. Sa maison aurait pu être abandonnée, tant elle était mal entretenue: M.Scott,l'homme qui y vivait, délaissait son jardin, si bien que ce dernier était envahi de hautes herbes; ses murs étaient craquelés, la peinture écaillée et un volet menaçait de se détacher. Il n'était ni apprécié, ni mal aimé: normal, puisque personne ne le connaissait. Il était 5h, ce matin là, quand M.Scott se réveilla, comme tous les jours, dérangé par une souris, décidément bien trop matinale à son gout.
"-Toi... dès que j'ai le temps, je t'attrape et je te tords le cou!" Lança-t-il, comme tous les matins, en sortant maladroitement de son lit. Il se dirigea tant bien que mal jusqu'à la cuisine déjà ensoleillée et mit de l'eau à bouillir. Une brise fraiche entra par la fenêtre qu'il s'empressa de refermer, se disant que, vraiment, ce monde était trop matinal pour lui.
Après avoir accompli les formalités du matin, honnêtement, beaucoup trop matinal, M.Scott alla dans son bureau et posa sa tasse de thé dans l'attroupement de tasses oubliées dans la concentration. Il reprit donc ses plans, ses pièces et son petit automate et se mit à réfléchir. Car en effet, le rêve de notre ami était de réussir a reconstituer avec des pièces automatiques un corps comme organique qui fonctionnerait instinctivement. Une sorte de vie artificielle, si on veut. Il voulait plus que tout réussir à reconstituer un humain dans les moindres détails, mais ceci n'étant pas encore dans ses capacités, il se contentait de réaliser de petits robots d'après de petits animaux, parfois achetés au marché. Il réalisait en ce moment même les finitions d'une libellule, animal mine de rien facile à réaliser du fait de sa transparence et de la visibilité de chaque partie qui la compose (en particulier les ailes, dont chaque plaque se détache avec une netteté fantastique). C'était néanmoins un travail d'une grande finesse et pas un souffle ne traversait la pièce tandis que ses doigts fébriles manipulaient la dernière plaque de verre fin, si fin qu'on aurait pu le croire sorti d'une fabrique à insecte. Il posa la plaque, tendit un ressort et...
"-Elle vole! Elle vole, c'est merveilleux elle vole! Tu entends ça, petite souris? Elle vole! Après tous ces efforts, tous ces mois à fabriquer des petits insectes, mon modèle le plus fidèle et le plus travaillé fonctionne enfin! Je vais pouvoir passer à des animaux plus gros! Et je sais déjà qui me servira de cobaye... peut être que je ne te tordrai pas le cou finalement,s'exclama-t-il en lançant un regard sournois au petit rongeur matinal qui l'observait de dessous la commode, Mais avant, je range ça."
Il se saisit d'une petite boite dans laquelle il glissa délicatement le précieux objet, puis il se tourna doucement vers la commode et bondit vers les pieds de celle ci. La souris, alerte, courut se cacher plus loin et se glissa dans l'entrebâillement de la porte, vers la cuisine. Se saisissant d'un seau sous lequel piéger l'animal, le jeune homme dérapa et se retrouva par terre. Ne perdant pas espoir, il se releva et, dans une ultime tentative, abattit le seau sur le rongeur pris au piège.
Il installa la petite souris dans une cage à sa mesure et partit en chercher d'autres, qu'il pourrait ouvrir pour les observer de l'intérieur. Il revint 1h après, tenant par la queue 3 souris visiblement mortes noyées, et crut remarquer un regard accusateur de sa prisonnière, duquel il se justifia par un "pour la science" honteux marmonné dans sa barbe. M.Scott passa le reste de la journée à étudier, dessiner, chercher, fouiller dans ses tiroirs et dans l'une de ses souris pour trouver quels matériaux utiliser et comment. Il fut rendu à la fin de la journée avec un tout début de reconstitution de nerf, qui frémissait légèrement au toucher et des tas et des tas de dessins, croquis, notes en tout genres dans lesquels il mit de l'ordre avant d'aller, enfin, se coucher.