Horrifié par ce qu'il venait de faire, M.Scott lâcha le petit instrument et, tout tremblant, ferma les yeux. Quand il les rouvrit, tout son corps se figea: il était entouré de cadavres de souris, dont le sang bien trop abondant remplissait la pièce petit à petit. Il se leva, frissonnant et traversa la pièce, pataugeant dans une immense flaque, poussa la porte et se hissa tant bien que mal jusqu'à son lit. Il s'allongea et laissa tomber sa tête sur son oreiller, dont sortit un petit couinement. Il se releva brusquement et eu le temps de voir une minuscule forme traverser sa chambre en courant. Paniqué, il tenta de quitter la torpeur qui l'envahissait soudainement. Il tournait la tête, faisait des mouvement saccadés mais impossible de se relever. Son coeur battait de plus en plus fort. Il avait l'impression de ne faire plus qu'un avec son lit, qui se mit à battre aussi fort que son poitrail. Il avait la sensation qu'un étau se resserrait autour de lui. Il regarda alors devant lui et eut alors une vision d'horreur: une immense forme indistincte était recroquevillée en travers de sa cage thoracique et l'empêchait de respirer. Soudain, sa vision se troubla et il s'évanouit.
Il se réveilla dans le noir complet, toujours aussi effrayé. Il se leva, sa tête le faisait souffrir. Comme si quelque chose à l'intérieur tentait de sortir. Il croyait entendre une musique au loin, comme un air d'opéra. Il avança jusqu'au mur en tâtonnant et s'y frappa violemment le crâne à plusieurs reprise. Etrangement, cela ne le fit pas souffrir. Il continua jusqu'à sentir un liquide chaud s'écouler le long de la paroi. Il sombra à nouveau.
Ses yeux s'ouvrirent quelques heures plus tard sur son bureau, rangé, sans plus aucune trace de rien. Il ne se souvenait d'ailleurs plus de rien. Juste de sa libellule, qu'il entreprit de chercher. Quand il eu mit la main sur la petite boite, il l'ouvrit et en sortit l'automate avec l'intention de le voir encore voler. Il remonta le ressort et la bestiole décolla de ses doigts, s'engouffrant par la fenêtre ouverte. Il s'empressa de la suivre, dans le dessein de la rattraper avant que du mal ne lui arrive. L'animal de métal vola vite et longtemps. Il la suivit le long de la grève et sur un chemin escarpé, courant de son mieux pour la rattraper avant qu'elle ne franchisse la falaise, où il n'y aurait plus aucune chance de la récupérer.
Dans un geste désespéré, il lança son bras en avant et la traversa. il se sentit soudain lourd, comme figé. Il tenta de faire un pas, regarda ses jambes et se rendit compte que des dizaines de souris les avaient prises d'assaut. Il porta une main à sa tête, quelque chose en coulait. Une goutte de sang tomba par terre. Il comprit alors qu'il devenait fou. Alors, dans un effort désespéré, se mit à courir comme une bête traquée jusqu'au bout de la falaise.
Là, il prit une grand inspiration et sauta.