11 mois avant

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" Je n'ai pu rien dire ce jour-là. Ce n'est pas comme si j'avais eu mon mot à dire.
Depuis ce jour, je n'avais plus revu mes amis. Ils n'avaient jamais cherché à avoir de mes nouvelles en même temps. Je crois même qu'ils n'ont jamais remarqué que j'étais partie.
Cela à toujours été. Transparente à la vue de tous, je vivais au jour le jour sans vraiment penser à mon avenir ou à ma situation amoureuse.

Enfin... Faudrait déjà que j'ai une vie sociale mais ce n'est pas vraiment facile de se balader avec un chariot que vous êtes obligé de tirer chaque jour, chaque minutes, chaque secondes, comme si c'était votre seule chance de survivre.
Malheureusement c'est bien la seule chose qui nous maintienne en vie, nous, "les pauvres malades".

C'est cela aussi d'être atteint d'une tumeur : supporter la pitié des autres et les rejeter même si vous savez que cela part d'un réel sentiment de bonté et de compassion.
Le truc c'est que vous ne comprenez pas que nous n'en avons strictement rien à foutre. Cela ne change rien à notre destin et on le sait tous en tant que malades. "

Je repensais à tout cela pendant que le médecin me prescrivait mon habituel traitement.
Je le connaissais depuis maintenant plus de 3 ans.
Ma maladie s'était manifestée quand j'avais 14 ans. En pleine puberté. C'était la seule chose que j'arrivais à me dire pendant les deux ans qui ont suivis. 3 ans après, c'est toujours ce que je me dis.
Si vous voulez savoir mon âge, faites le calcul, vous êtes allez à l'école vous au moins.
J'ai dû arrêter l'école et prendre des cours par correspondance jusqu'à ce que mon médecin décrète que je ne pouvais plus continuer cela -je cite "cela est trop fatiguant"- en quoi ? Ne me demandez pas.
Vous les connaissez les médecin, ils donnent parfois des prescriptions incompréhensibles. Laissez moi vous expliquer.
Imaginez que vous ayez le bras cassé. Il va alors vous dire : "tenez prenez de lisopaïne (médicament pour la gorge) ! Cela vous soulagera !"
Voilà ce que j'appelle "prescriptions incompréhensibles".

Sortant de mon stock mon plus beau sourire je dis un poli "au revoir" à mon médecin que je reviendrai voir le mois prochain, comme toujours.
Vous savez à quoi ces rendez-vous me font penser ? Aux règles.
Oui oui, les règles et pas l'instrument de géométrie. Désolée pour le manque de tacte, mais il faut avouer ce qui est.
Ces rendez-vous, ils reviennent chaque mois, et c'est chiant en plus de faire mal.
Évidemment ce n'est pas tout à fait la même douleur que pour les ranianias.
Cette douleur est plutôt... Morale.
Mais aussi physique, un peu.

M'asseyant sur le rebord d'un mur, en face de la rue, j'attends ma chère mère qui ne devrait plus tarder.
Je n'ai qu'une hâte, c'est de rentrer chez moi, me glisser sous ma couette et me mettre un film. C'est un des avantages à la maladie, la télé dans la chambre.

Plongée dans la recherche intensive de quel film je vais pouvoir regarder aujourd'hui, j'aperçois la voiture de ma mère. Je souris.
Elle s'arrête sur le bord de la route, prenant soin de mettre le clignotant; elle descend afin de me rejoindre.

- alors chérie ? Ça s'est bien passé ?

- oh tu sais... C'est toujours le même truc donc à part l'ennui que j'ai éprouvé, oui ce n'était pas si mal.

Souriant à ma "blague", elle m'aide à monter mon chariot dans la voiture et à m'installer. Une fois calée confortablement, elle fait le tour de la voiture et tourne vers moi, l'air grave.

- tu sais Han'... C'est comme même inportant tout ces rendez-vous. C'est dans...

- Je le sais bien maman... "C'est pour mon bien... Blabla blabla". Je te promets que je connais mon traitement sur le bout des doigts et que je ne ferai rien qui puisse me mettre en danger... Mais... Est ce qu'on pourrait juste passer à la vidéothèque ? Je ne sais pas quoi regarder cette après midi !

- Bien sûr ma belle ! Me dit-elle avant de m'embrasser le front tendrement.

Sur ce, elle démarre et nous partons en direction d'un de mes endroits favori.

Breath [ Niall H. ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant