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Je suis assise sur le banc.
Septembre est bien entamé et le temps s'est refroidi. Une petite fumée blanche virevolte, chassée par mes lèvres lorsque j'expire. Je reste là, contemplative, admirant la beauté de ce phénomène pourtant si banal.
Je ressens tout de même la morsure glaciale du froid, mes doigts sont congelés et je suis régulièrement prise d'incontrôlables frissons. Déjà 30 minutes que j'attends Miki, et 10 minutes que la sonnerie signalant le début des cours à retentit. Je ramène avec difficulté mes genoux, engourdis par le froid, contre ma poitrine, mes mains tirant sur mes manches pour recouvrir mes bras et mes mains autant que possible. Puis j'enfouis ma tête entre mes bras croisés sur mes genoux, tentant ainsi de conserver ma chaleur corporelle et fredonnant dans mon esprit une chanson. Je patiente. Puis je me sens plonger tout doucement dans un doux repos. Mais je résiste, je ne dois pas céder, je ne le veux pas. Pas sans Miki à mes côtés, sans être assurée qu'elle arrive bien saine et sauve et que rien ne lui soit arrivé en route...

J'attends donc encore et encore, sans faillir malgré la difficulté. Et la voici finalement qui arrive une demi-heure plus tard. Seulement elle n'est pas venue en bus ou à pieds, mais en voiture, et surtout elle n'est pas seule. Il est avec elle. Je soupire et me lève tout doucement, mes membres sont paralysés et rendus douloureux par la température glaciale , or avant même que je puisse me tenir debout, Miki a déjà traversé le parvis en courant et riant avec lui et pénètre bruyamment dans le lycée. Tout cela sans même me voir...
Je sens les larmes me monter aux yeux mais je les retiens: je dois rester forte. Elle ne m'a simplement pas remarquée, ce n'est rien de grave, j'exagère les faits. Ce n'est pas comme si elle me laissait pour lui, bien sûr que non, quelle idée saugrenue !
Un rire nerveux s'échappe de ma gorge et je ravale mes larmes en fermant les yeux, espérant les empêcher de couler. J'étouffe de lourds sanglots, la poitrine compressée par un perfide sentiment de solitude et d'abandon. Après un long moment, les larmes et le froid finissent par avoir raison de moi et je m'endors sans m'en rendre compte. Là dehors, sur ce banc. Au milieu du parvis. Exposée à tous les lycéens. Mais à cet instant je m'en fiche. Je me fou de tout, plus rien n'a d'importance hormis la souffrance qui me ronge.

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Je me réveille peu avant la pause de 10h. Je papillonne des yeux, perdue, puis après une ou deux minutes à rassembler mes esprits je réalise que je me suis assoupie dans un lieu public, mon lycée qui plus est. Je pousse un profond soupir en passant nerveusement mes mains dans mes cheveux puis sur mon visage encore humide, tentant de reprendre un semblant de constance.
Je décide alors de rentrer chez moi. Je supporte de moins en moins les journées au lycée, elles sont toutes identiques: le même ennui, les mêmes problèmes. Je ne tiens que pour une seule et unique personne, ma meilleure amie.
Mais je me sens seule. Plus que jamais. Un nœud m'oppresse la poitrine, douloureux. J'ai l'impression de ne plus respirer, d'étouffer petit à petit au fil des jours. C'est une solitude écrasante, le genre qui vous ronge tout doucement. Cette sensation désagréable ne cesse de croître ces derniers jours, et ma motivation s'étiole.
J'efface d'un geste de la main ces sombres pensées et me motive mentalement: rien n'est perdu, ça n'est qu'une passe difficile et je ne peux que remonter la pente. Je décide donc d'aller aux cours de cet après-midi pour être avec Miki. Je ne veux pas la laisser seule sous prétexte qu'elle à moins de temps à m'accorder, c'est une chose normale en début de relation et en tant qu'amie je dois la soutenir et l'encourager.
Je m'occupe comme je peux le restant de la matinée, tantôt en dessinant tantôt en couchant mes sentiments sur papier, le tout toujours bercée par de la musique. N'ayant pas faim, je pars directement au lycée en marchant tout du long lentement, très lentement. Le plus lentement possible.
Quand j'arrive finalement au bahut, je trouve Miki prenant l'air sous un des arbres du mini parc. Je la rejoins en lui adressant un grand sourire et lui parle de ma voix la plus joyeuse.

~ L'Amie De ~ RÉÉCRITURE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant