Chapter Three

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Milieu de matinée, cimetière de Rosewood...

L'espèce de parc qui accueillait mille et une tombes – c'est que les meurtres étaient de plus en plus fréquents et courants à Rosewood – était quasiment désert. Je passais devant le gardien à l'entrée qui me regarda avec un œil suspicieux, sans doute convaincu que j'avais dû laisser deux ou trois cadavres dans un placard depuis mon retour dans la ville et ne croisais qu'un couple de mamies qui déposaient une grosse gerbe de fleurs à côté d'une tombe de marbre. Certaines familles ont vraiment beaucoup d'argent à dépenser pour enterrer leurs morts. Comme la mienne, remarquez. La famille Dilaurentis possédait un caveau tout entier. Dire que j'avais été enterré là-dedans. La dernière fois que j'étais venue dans ce caveau pour aller voir ma mère, j'avais noté que le personnel de la ville ou du cimetière n'avait toujours pas retiré ma tombe de là. Un peu comme si j'étais toujours morte, en quelque sorte. Je suis sûre que certaines personnes auraient été largement arrangé par mon décès. Parfois même, je me demandais même s'il n'aurait pas mieux valu que je reste morte aux yeux de tout le monde. J'avais peut-être mérité amplement ce qu'il m'arrivait ces dernières années, après avoir été une telle salope dans mes années de collège. Je ne crois que modérément en Dieu, mais cela pourrait très bien être une sorte de châtiment divin ou quelque chose dans le genre. C'était cette fille, en prison il y a maintenant deux ans et demi de cela, qui était complètement folle et qui se prenait pour un messie de Dieu. Elle m'avait accusé d'être un démon, de posséder le Mal en moi, elle avait même essayé de me purger en me coupant avec une stupide croix en bois. Enfin, peut-être qu'elle n'avait pas tort au final ? Je n'ai jamais été une « gentille » fille, voire même plutôt le contraire par moment. Et je le suis peut-être toujours, même en essayant de changer. Certaines personnes croient qu'on ne peut pas changer la nature profonde de quelqu'un. Et si ma nature profonde était d'être méchante avec les autres pour me sentir mieux ?!

J'avançais silencieusement dans les allées du cimetière, cherchant des yeux le carré 7. Je ferais mieux de me dépêcher, et je glissais les mains dans les poches de ma veste en jean avant d'accélérer le pas. Bientôt, ce carré de tombes, plus modestes que celles qui se trouvaient plus près de l'entrée, apparut dans mon champ de vision. Il ne me fallut qu'une minute de plus pour retrouver l'allée numéro cinq. Personne ne s'y trouvait. D'ailleurs, personne ne se trouvait dans le carré, ou autant dans le fond du cimetière. Qu'est ce que A- voulait que je fasse, ou que je trouve ici ? Aucun membre de ma famille n'était hors du caveau familial, et aux dernières nouvelles, je n'avais pas perdu d'amis proches ou même éloignés à Rosewood. Je commençais à remonter l'allée, lisant les inscriptions qui se trouvaient sur chacune de ces petites tombes grises. L'une abritait un certains « Jackson Smiths, né en 1927 et mort en 1947 : notre bien-aimé fils ». Celle d'à côté était celle d'une famille entière, les premiers noms étant effacés par l'usure tant ils étaient vieux.

« Lyanna Stark, Eddard Stark, Catelyn Stark, Robb Stark, Benjen Stark » énumérais-je simplement à voix haute.

Ça fait vraiment une grande famille. Mais ces noms m'étaient toujours inconnus pour le moment, ne provoquant aucune émotion particulière en moi. A- était doué pour faire souffrir les gens, et je ne comprenais toujours pas pourquoi il m'avait envoyé dans ce cimetière. J'avançais encore dans la longue allée, lisant encore les inscriptions sur les tombes, redressant parfois les portraits qui s'étaient cassés la figure à cause des intempéries, ramassant quelques fleurs fanées au coin d'une tombe, subissant un élan de tristesse à la vue de la tombe de « Clara Forbes, né en 1991 et morte en 1992 », et manquant de tomber parterre de frayeur lorsqu'un pigeon (ou un corbeau) décolla sans prévenir de derrière l'une des tombes. Les cimetières ne sont pas particulièrement des endroits rassurants et celui de Rosewood l'était encore moins, un rien pouvait suffire à me faire sursauter. Après une dizaine de minutes de lecture et d'exploration, j'arrivais finalement au bout de la rangée de tombes, sans avoir trouver la moindre chose. Peut-être que A- voulait simplement me faire sortir de la maison des Dilaurentis le temps qu'il la fouille de long en large, ou qu'il mette en place de nouvelles caméras pour nous surveiller ? Je me plantais devant la dernière tombe de l'allée cinq, déchiffrant le nom qui était gravé sur le marbre, lorsque des voix très familières retentirent dans mon dos.

Charlie's Game (Emison)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant