Jusqu'au plafond, des piles de billets de cent, cinquante et dix dollars. Un sourire béa illuminait le visage de l'ombre. Il s'avança, la main perdue dans une contemplation tactile proche de la perversion. Maintenant il se rendit compte d'une faille dans son plan. Comment emporter tout ce fric ?
Il se grattait la nuque, utilisant toute sa matière grise. Il n'avait aucune idée de comment s'y prendre.
Comment as-tu pu passer des mois à planifier ce plan sans penser à çà ?! Il tapa dans le mur. Quel idiot il avait été. Heureusement, il n'était pas arrivé bien loin dans son plan. Il pouvait encore faire marche arrière.Des bruits de pas. Il se réfugia dans un renfoncement. Une raie de lumière fendit en deux l'obscurité.
Quelqu'un ?! Un gardien ?! C'est pas possible.
- Ce n'est qu'un contre-temps, un imprévu. Suis le et on verra.L'ombre s'exécuta et attendit que "l'imprévu" passe. C'est ce qui arriva. Il entraperçu le visage de l'imprévu. Cet homme. Le livreur d'uniforme.
En effet. Ce n'était pas prévu. Personne ne devait venir. Personne puisque tous avait peur de la tempête. Mais cet homme, lui, l'avait fait. L'ombre voulu saluer ce courage mais s'en retint. En effet, il gâchait ses plans.
Le livreur, un homme à moitié chauve était connu de tous pour sa gentillesse, et sa ferveur au travail. Aucun autre homme n'inspirait plus de respect à l'ombre que lui. L'ombre enviait même ses enfants Il avait toujours voulu un père comme lui mais à la place, il avait eu ce déchet. Quel ironie. Devoir se cacher de cet homme qu'il consisterait comme un père. Il le suivit plus loin et, arrivé devant la porte de service, entrepris de le laisser partir. Après tout, il s'en allait et plus personne n'allait le déranger.
Pourquoi tu ne l'utiliserais pas ? Il ne bougea pas. Utiliser qui ? Utiliser cet homme. Regarde, il a une camionnette. Prend la.
- Mais je ne peux pas la prendre, il me verrais.
- Alors tue le.Son corps son figea dans le temps. Non il ne pouvait tuer cet homme. Il ne priverait jamais des enfants de leur père, une femme de son mari, un homme de son frère. Non il ne pouvait décidément pas l'approcher.
Il suivit alors du regard l'homme sortir du bâtiment. Dans cette ruelle sombre et pluvieuse. Le livreur allait monter quand il s'arrêta, s'aperçevant de quelque chose. Il fouilla ses poches et finalement, se dirigea vers la mairie.
L'ombre se retira un peu plus quand son pied rencontra un obstacle. Ses yeux s'y posèrent. Des clés. Il le comprenait parfaitement. Ces clés étaient sûrement celles du camion. Machinalement, il les ramassa et les posa juste à côté d'un renfoncement où il se cacha, son canif à la main. Son corps ne lui obéissait plus.
Il vit le faisceau de lumière revenir vers sa direction et, découvrant la clé, fonça vers lui. Non ! Ne venez pas ! Fuyez ! Il va vous tuer. Mais l'ombre ne le contrôlait vraiment plus. Son corps.
Arrivé au niveau de la clé, le livreur s'abaissa, tendit la main. Ce fut au ralenti. La main de l'ombre le prit au cou et le plaqua au sol. Il bascula aussitôt sur le dos de l'agressé et brandit son canif. L'homme tourna légèrement sa tête et l'aperçu, son petit protégé, prêt à le tuer. Un léger sourire et une douleur dans le dos immense.
L'ombre n'arrêtait pas de le poignarder. Dix, quinze, vingt coups de couteau. Il n'en avait pas assez. Tendit que son esprit s'était résilier, cette voix qui avait pris le dessus continuait. Des larmes perlèrent à ses joues.
Enfin calmé, l'ombre essuya ses larmes. Épuisée, dégoûtée. Ses mains étaient poisseuses de sang. Du sang de cet homme.
L'ombre était à bout. Vas-tu me laisser faire ? Il ne répondit pas. Pour simple réponse, il s'abandonna à l'inconscience, laissant son corps à cette voix, cette tentatrice, ce démon.
Le démon lui indiqua alors tout ce qu'il devait faire. Porter le corps dans le camion, essuyer les traces de sang. Mettre l'argent dans les sacs trouvés dans le camion. Et fuir.
Il s'était exécuté avec précaution, minutie. L'ombre appartenait désormais aux ténèbres et pouvait plus s'enfuir.
Au volant du camion, il réfléchissait. Comment avait-il pu en arriver là ? Comment avait-il pu tuer ? Mais non ce n'est pas ma faute. Après tout, il avait voulu rebrousser le chemin, abandonné tous ces millions. Mais cet homme était venu, lui offrant la plus belle opportunité de sa vie. C'est de sa propre faute ! Il aurait du être chez lui.
Il passa la vitesse. La fenêtre était ouverte, et lui il sentait ce vent agréable qui l'apaisait. Le démon n'avait pas refait son apparition depuis qu'il était dans la voiture. Il ne l'embeterait plus jamais. Il ne se laisserait plus jamais influencer.
Il arriva finalement à l'aéroport, et entra dans le parking souterrain. Un homme l'y attendait. Des cheveux blancs clairsemés, un air dur, mais malgré tout, un sourire lui barrait le visage.
L'ombre descendit et s'en approcha.
« Bravo, lui dit le vieil homme, vous avez suivi tout mes conseils, y compris celui de tuer cette homme. »L'ombre fut désemparé. Il tomba presque. Cet homme ne pouvait être...
« Je vois que vous comprenez. Je vais donc vous aider pour la dernière fois. Au premier étage, dans l'aile ouest, vous trouverez une agence de change. Prenez au moins un million pour le changer. Dans la même air, une banque à son représentant, vous pourrez y déposer quelques centaines de millions. » Il se retourna, prêt à partir. « Je vous conseille de laisser de l'argent. Il ne faudrait pas qu'on découvre que c'est vous le voleur. Laissez les croire que c'est lui. »Il désignait du menton le corps dans le camion. Il s'en alla finalement. L'ombre resta ainsi pendant une bonne heure. Effrayé. Je n'ai pas d'autre choix. Il sortit alors une dizaine de sac qu'il amena avec lui. Au revoir le reste. Il souriait tristement. Il prit l'ascenseur, et se dirigea là où l'homme lui avait indiqué. C'était étrange. Il n'avait rencontrer personne.
Il fit ses transactions, sans qu'on ne lui pose aucune questions. Et, il réparti s'acheter un billet pour le vol le plus proche, en classe affaire. Il n'allait tout de même pas y aller en classe économique.
Ses vêtements mouillés, il décida d'aller faire du shopping en attendant l'heure du vol. Il prit un petit-déjeuner copieux et fini par aller à la porte d'embarquement. Il ne l'aivait pas remarquer tout de suite, mais depuis qu'il s'était changé, une foule était apparue.
On l'appela au comptoir, il tendit son passeport et, dans un de ces sourires forcés, spécialisté des hôtesses, on le lui rendit : « Bon voyage monsieur Gregory. »
Emmanuel Gregory sortit de l'ombre du préaux et monta dans son avion. Maintenant, il n'était plus l'ombre du génie qu'il était, non, il était Emmanuel Gregory, le plus grand météorologiste que la terre n'ait jamais porter.
Fin