Twelve.

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~Tribunal-12septembre-09:24~

PDV de Jade

La gorge nouée, les mains moites et le cœur battant, je me tenais devant la porte de la salle d'audience. Simplement à l'idée d'affronter le regard de mon père, les larmes me montaient aux yeux. Mon père s'était arrangé pour que l'audience soit privée, empêchant ainsi Louis et Charlotte d'assister au procès. Mais c'était son droit et je le respectais, comprenant son point de vue.  Mon témoignage était prévu pour 9 heures, mais le juge m'avait averti du retard.

Soudain, les portes s'ouvrirent et on me fit signe d'avancer dans la salle. Je me rendis jusqu'au petit bureau prévu pour les témoins, tout en tâchant d'éviter le regard inquisiteur de mon père. C'est alors que je me rendis compte que rien ne me séparait de l'homme qui m'avait battu durant 5 ans. Je serrai les poings pour empêcher mes mains de trembler. Le juge sembla remarquer ma nervosité et il me fit un sourire.

"Mlle Jade Johnson, c'est cela?"

J'acquiesçai et l'interrogatoire commença. Le juge, qui se nommait juge Molson, débuta par des questions d'usage, telles que mon âge et mon ancienne adresse.

Puis vinrent les questions sur ma mère.  Durant tout ce temps, mon père ne me lâchait pas du regard et un petit sourire moqueur se dessinait sur ses lèvres. Lorsque je ne pouvais contrôler mes tremblements, ce sourire se changeait en sourire sadique, le même qu'il avait lorsqu'il était saoul et qu'il s'apprêtait à me faire du mal. Dans ces moments-là, j'avais du mal à rester concentrée sur les questions qu'on me posait.

Après 3 heures d'interrogatoire, je ne pus retenir les larmes qui menaçaient de tomber depuis bien longtemps déjà et le juge déclara que la séance reprendrait à 13 heures, me laissant 1 heure pour reprendre mes esprits.

PDV de Louis

Cela faisait trois heures que Charlotte et moi étions assis sur les marches du tribunal, sans prononcer un mot, attendant impatiemment Jade. Je me demandais dans quel état elle allait réapparaître. Allait-elle pleurer ou allait-elle garder ses émotions à l'intérieur, comme elle avait l'habitude de le faire ?

J'eus bientôt ma réponse lorsque j'entendis la porte s'ouvrir derrière moi. Je sautai sur mes pieds engourdis et pris dans mes bras une Jade en pleurs. Tentant de la calmer, je lui caressai le dos en lui murmurant des paroles de réconfort. Lorsque sa respiration reprit un cours normal, je laissai Charlotte lui faire un câlin, pendant que j'attrapais le sandwich que j'avais préparé ce matin. Je savais qu'elle ne voudrait sûrement pas le manger, malgré son appétit d'ordinaire dévorant, mais elle devait reprendre des forces après toutes ces émotions.

Effectivement, elle refusa de manger, prétextant qu'elle n'avait pas faim. J'insistai et elle finit par accepter. Puis, elle nous raconta les questions que le juge lui avait posées, ce qu'elle y avait répondu et la façon dont son père l'avait regardée. Simplement en l'entendant parler de lui, une forte envie d'exploser sa face contre le bitume monta dans mes veines. Puis, 13 heures arriva et Jade dû retourner dans la salle d'audience, après d'ultimes câlins et paroles d'encouragement.

PDV de Jade

Je poussai de nouveau la lourde porte de la salle. Ce matin, les questions avaient été faciles. Je redoutais celles auxquelles j'allais devoir répondre cet après-midi. Mon père m'accueillit avec cet éternel sourire qui me donnait des frissons. Soudainement, j'eus envie de tout laisser tomber, de tout abandonner. Mais je pensai à Louis et à Charlotte qui me faisaient tant confiance et je repris contenance. Juge Molson commença par me demander ce que mon père buvait et fumait, et à quel fréquence il le faisait. Puis vinrent les questions en rapport avec la violence, comme quand le faisait-il, où, avec quoi, etc.

La question que je redoutais tant arriva bien vite. Excepté à Charlotte, je n'avais jamais parlé de cela à personne, pas même à Louis.

"Votre père a-t-il déjà abusé sexuellement de vous?"

Mon corps se crispa et mes poings se serrèrent au souvenir de cette affreuse nuit. Je sentais le regard de mon père posé sur moi et bien que je ne le regardais pas, je pouvais voir son sourire, celui que je détestais tant. Il pensait que j'allais nier, hein!? Eh bien il allait voir, le bâtard! Je relevai la tête, et en regardant mon père dans ces yeux bleus glaciaux qui m'avaient longtemps terrifiée, je prononçai ma réponse.

"Oui."

Le visage de mon père devint rouge de colère. Cette fois-ci, c'était à moi de le regarder avec un sourire vainqueur aux lèvres. Je le perdis rapidement, par contre, car le juge me demanda des précisions. Je pris alors une grande inspiration et me lançai. Je racontai tout et au fur et à mesure que je racontais, le visage de mon père devenait de plus en plus cramoisi, ses poings se serraient et son sourire disparaissait.

Les larmes glissaient sur mes joues, mais je n'en tenais pas compte. Les mots coulaient de ma bouche comme l'eau coule d'une fontaine, sans que je puisse les arrêter. Lorsque j'eus fini, le juge me remercia, discuta quelques minutes à voix basse avec les témoins, puis prononça la sentence.

"Je condamne Marcel David Johnson à 8 ans de prison et 100 heures de travail communautaire, pour cause de trafic de drogue, de violence envers sa fille et d'abus sexuel. "

C'est alors que toute la frustration que mon père avait retenue durant le procès sortit. Le visage rouge de honte et de colère, il s'élança vers moi, les poings brandis. Avant que qui que ce soit n'ait eu le temps de réagir, son poing s'écrasa sur ma mâchoire avec la force d'un bulldozer.

"JE TE JURE, JADE, DÈS QUE JE SORS DE PRISON, TU VAS ME LE PAYER!"

Puis, deux policiers s'emparèrent de lui et le ramenèrent de force dans la voiture de police. Le juge vint vers moi, m'aida à me relever et s'excusa pour cet incident. D'un sourire, je lui fis comprendre qu'il était pardonné. Après avoir rempli les quelques papiers obligatoires, je sortis retrouver Louis et Charlotte, la mâchoire en feu et toujours légèrement sonnée.

Dès qu'il me vit , ou plutôt dès qu'il vit ma mâchoire, Louis fronça les sourcils et serra les poings.

"Me dit pas que c'est ce salaud qui t'a fait ça, ou je te jure qu'il n'ouvrira plus jamais les yeux."

Je le serrai dans mes bras en lui assurant que ce n'était rien, mais cela ne fit que le fâcher encore plus.

"Mais putain, ils sont censés assurer ta sécurité, pas laisser ce malade te frapper!"

"C'est bon Louis, ils ont pas eu le temps de réagir ! D'ailleurs, ce malade a écopé de 8 ans de prison et de 100 heures de travail communautaire!"

Charlotte sautilla de joie et me serra dans  ses bras. Louis, bien que toujours en colère, sourit et me félicita.

"On va manger des sushis pour fêter ça?", proposa Charlotte, sachant que les sushis étaient mon plat préféré.

"Ouiiiii!"

Voilààààà 😁 J'ai essayé de rendre la scène du tribunal la plus réaliste possible, mais n'ayant jamais mis le pied dans un tribunal, je n'ai aucun idée de comment ça se passe, alors si vous avez des conseils ou précisions, n'hésitez pas!💕

SauvéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant