48ème jour après la soirée - 5 -

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Mme MacHaster se redresse sur son siège et attrape le jeu de cartes :

- Bien. Pour aujourd'hui, nous n'aurons pas besoin de cela, dit-elle en rangeant le jeu dans son étui et en le mettant de côté. Nous allons commencer par vérifier si tu as les ondes et le magnétisme de tes aïeules.

Elle se penche et saisi entre ses mains une boîte en bois posée au pied de la table. Elle la pose devant elle et l'ouvre. J'ai beau me redresser pour essayer de voir à l'intérieur, je ne vois rien. Le professeur fait bouger ses doigts au dessus du contenu mystérieux frénétiquement tout en réfléchissant. Elle fini par prendre quelque chose :

- Tiens, commences avec celui-ci, il fonctionne très bien avec tout le monde.

Elle dépose au creux de ma main un petit objet froid, lourd, en métal, relié à une chaîne constituée du même matériau. Un pendule. Elle en prend un à son tour et repose la boîte par terre.

- Regarde, il faut que tu le tiennes ainsi.

Elle serre le poing et fais glisser son pouce au dessus de son index entre lesquels elle pince la chaîne du pendule. Il se balance lentement devant sa main tandis que le reste de la chaîne est au creux de sa paume. Je l'imite et tiens mon pendule exactement de la même façon.

- Très bien. Maintenant, tu vas lui donner un ordre, mentalement. On va commencer simplement. Demande-lui de tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Comme ceci.

Je hausse un sourcil au moment où son pendule se met à bouger puis tourner doucement dans le sens des aiguilles d'une montre, en décrivant un cercle d'un centimètre de diamètre environ.

- A ton tour, me lance-t-elle de son plus franc sourire.

Je fixe mon pendule du regard et lui somme, dans ma tête, de tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Il frémit légèrement mais rien ne se passe. Je jette un regard interrogateur à mon professeur auquel elle répond :

- Il faut que tu répètes l'ordre plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il s'exécute. Dès que tu vas arrêter, le pendule s'arrêtera lui aussi.

Je repose mon regard sur le petit objet et recommence. Tourne dans le sens des aiguilles d'une montre. Tourne dans le sens des aiguilles d'une montre. Tourne dans le sens des aiguilles d'une montre. Le pendule se met alors à frémir puis à tourner doucement, dans le bon sens. Son cercle est petit mais bien là. Il m'obéit. Et je ne sais absolument pas comment cela est possible.

- Super ! On dirait bien que tu as le fluide nécessaire. Génial ! Nous allons corser un peu les choses. Tu vas lui demander de tourner dans un sens, puis, une fois qu'il sera bien lancé, tu lui demanderas de tourner dans l'autre sens.

Je m'exécute aussitôt. Maintenant que j'ai compris comment cela fonctionne, je lui demande à nouveau le premier ordre. Il le fait à la perfection, puis le fait tourner dans l'autre sens. Tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

A peine ais-je prononcé cette phrase, le pendule vacille et se met à tourner dans l'autre sens, avec un peu plus de peine au début. C'est très difficile à expliquer, mais cette concentration demande beaucoup d'effort. J'ai l'impression que toute mon énergie est dirigée vers ma main. Le bout de mes doigts picote.

- Parfait. Maintenant, vas-y, amuses-toi avec. Tu peux lui donner plein d'ordres différents : Tourne dans un sens, puis l'autre. Stop. Tu peux également dessiner une ligne sur une feuille et lui demander de suivre cette ligne.

J'attrape le calepin à dessins de mon sac et en arrache une feuille vierge. J'y trace une grande ligne au feutre noir. Je place ma main qui tien le pendule au dessus et lui ordonne : Suis la ligne. Il s'exécute et suis le trait. De mon autre main, je tourne la feuille, de façon à changer l'orientation du trait et continue toujours de lui donner le même ordre : Suis la ligne. Le pendule change de direction et continue de suivre le trait noir. Je tourne la feuille plusieurs fois. Il est rapide et change à chaque fois de direction. C'est incompréhensible. J'ai du mal à le croire. Je lui somme de s'arrêter. Après une ou deux secondes, il est au dessus du trait, parfaitement immobile. Durant ces deux secondes pendant lesquelles il ralentit, j'ai l'impression que mon bras bouge et qu'inconsciemment ce sont mes muscles qui bloquent son mouvement.

Le professeur perçoit mon scepticisme et m'explique :

- Ce n'est pas ton bras qui le fait bouger ou s'arrêter. Ce n'est pas non plus ton esprit, ne croit pas que tu peux faire bouger un objet par simple action de la pensée. Ce sont tes ondes. Le corps humain est fait de courants électriques, de fluides. Certaines personnes arrivent à les canaliser. Et ce sont elles qui font bouger le pendule.

J'ai un peu de mal à la croire. Et pourtant, ce petit objet fait exactement ce que je lui demande. Je dessine plusieurs cercles de diamètres différents sur la feuille et demande au pendule de les suivre, de façon à augmenter son rayonnement. Le premier cercle est facile à respecter. Arrivée au troisième, le pendule à un peu plus de mal. Suis le cercle. Suis le cercle. Mais il ne parvient pas à suivre le nouveau diamètre. Instinctivement, je sers un peu plus fort la chaine entre mes doigts. Le métal a plus de contact avec ma peau, me permettant ainsi de lui insuffler d'avantage d'énergie. Le pendule tourne de plus en plus vite, de plus en plus fort, si bien que j'ai du mal à le tenir. Il dépasse de deux centimètres le diamètre du cercle dessiné.

- Bien Lia, tu peux arrêter maintenant.

Mais je ne l'entends pas. La sensation que j'éprouve à cet instant est enivrante. Je sens tout mon corps être emporté dans le tourbillon du pendule. Je ne veux pas rompre le contact. A cet instant, je ne ressens aucune douleur, aucune peine. Je ne pense plus à rien d'autre que de faire tourner ce pendule. C'est comme lorsque je dessine. Sauf qu'au lieu de laisser place à quelqu'un d'autre dans mon corps, c'est comme si je disparaissais. Tout mon être s'échappe par mes doigts, c'est comme si j'étais happée par le pendule.

- Lia. Stop. Arrête-toi tout de suite !

Je ne l'entends toujours pas. Mes yeux suivent le tournoiement de l'objet sans s'arrêter. Ils tournent, tournent, tournent... Je ne ressens absolument plus rien. Cette sensation de plénitude est absolument divine. Mais je sens la fatigue prendre le dessus. Ma main commence à trembler. J'essaye malgré tout de garder les idées suffisamment claires pour continuer à faire tourner le pendule. Je veux garder cette sensation de bien-être.

Le professeur pose vivement sa main sur mon épaule, ce qui me fait sursauter et revenir à la réalité. Le pendule réduit de vitesse et s'immobilise. Je reste quelques secondes à l'observer. J'entends alors Mme MacHaster me dire :

- Donne-moi le pendule Lia. S'il te plaît, donne-le-moi.

Je mets un moment à réagir, mais fini par le lui tendre, la main tremblante de fatigue.

- Bien. Il faut que tu fasses très attention Lia. Le pendule est seulement fait pour apporter des réponses aux questions que nous nous posons. Il est à manipuler avec précaution. Tu auras vite fait de t'en rendre compte. Ne te laisse pas envahir par la sensation qu'il procure. C'est toi qui le maitrise. Et non l'inverse. Il faut toujours que tu sois suffisamment consciente pour arrêter l'exercice à n'importe quel moment. D'accord ? Bien. Nous recommencerons demain. Tu en as suffisamment appris pour aujourd'hui.


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⏰ Dernière mise à jour : Oct 10, 2015 ⏰

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