Chapitre 1:

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On raconte souvent que l'on récolte ce que l'on a semé. Mes pensées se ramènent souvent sur ce que j'ai pu faire pour mériter tout cela. Pour mériter ce déversement de haine, j'avais du faire quelques chose d'affreux. Je supportais tout cela depuis si longtemps que je ne me rappelais plus vraiment l'avant. La meute n'avait jamais été vue comme la plus douce, mais pas non plus comme l'une des plus dangereuses. Elle était bien classée. Je faisais simplement partie des détritus. Il devait y en avoir dans chaque meute. Plus particulièrement, les femmes et les plus dominants étaient violents avec moi. Je leur servais de servante et de punching-ball en somme. J'espérais juste que cette fois-ci, les coups mettraient fin à ma misérable existence. La douleur se propageait au fur et à mesure dans tout mon corps. Je ne tenais plus debout, mais je puisais dans mes dernières forces pour leur faire croire que j'allais mieux qu'en réalité. Je m'effondrais quelques secondes plus tard. Je savais que si je me réveillais, ce ne serait pas dans une chambre où j'aurais été soignée, non, ce serait dehors à l'endroit où ils m'avaient tabassé. L'inconscience était bénie pour moi. Hélas, il fallut que je me réveille. J'avais dû aussi me mettre à dos Dieu, sinon il m'aurait peut-être laissé partir, pensais-je avec amertume. Je fixais le ciel blanc gris. La neige s'annonçait, mais je n'avais pas froid, seulement mal. Si mal que j'aurais pu crier à m'en brûler les poumons, si j'en étais capable. Mais aucun mot n'était sorti de ma bouche depuis des années. Enfin, je ne m'en souvenais pas en tout cas. J'étais sûrement muette de naissance. J'essayais de me lever, mais ce fût sans succès. Il me fallut plus d'une heure pour y arriver. Des marques de gerçures et de bleus parcouraient mon corps. Je me demandais combien de temps j'étais restée inconsciente dans le froid. Sûrement assez longtemps. Je n'entendais aucun bruit, c'était étrange. Je restais presque abasourdie de ne pas recevoir de coup pour ne pas être levée, ou quelque chose dans ce genre. Je doute qu'ils auraient pris la peine de m'enterrer, mais ils auraient caché la vue, ils ne m'auraient pas laissé aussi près du bord de l'école primaire s'ils pensaient que j'étais morte. Tout cela me frappait et me stupéfiait en même temps. Je sentais aussi une odeur agréable, mais mêlée à celle du sang. Quand je réussissais à me lever, je claudiquais et je menaçais dangereusement de tomber sur le sol. Je prenais appui sur les murs. Tout restait affreusement silencieux. J'arrivais sur la grande place, et l'horreur fût alors ma vision. Je haïssais ma meute, mais je n'aurais jamais imaginé les voir morts.

_ Tu te rends compte ? Ils ont presque crié pitié, se moqua alors une voix. Ce mec sentait comme un rogue.

L'autre se mit à rire.

_ Quand ils entendront parler de ça, je t'assure, ils vont avoir peur dans les autres meutes.

_ Dire qu'ils tabassaient leurs propres membres. T'as vu cette fille ?

_ Ouais, une chance pour elle qu'elle soit morte avant qu'ils ne la violent.

_ Je pense qu'ils l'ont fait, Ryan. Je pense qu'ils l'ont fait. Bah, laisse tomber ! Et c'est nous les monstres après.

J'avais envie de leur dire qu'ils venaient de tuer une vingtaine de personnes, mais ça ne semblait pas leur monter au cerveau. Je ne sais pour quelle raison, ils pensaient que j'étais morte. Ils partirent une demi-heure plus tard. Ils ne m'avaient pas remarqué. C'était presque une bénédiction, puis une pensée me traversa l'esprit : qu'allais-je devenir ?

Les jours passèrent avant que je n'arrive à bouger normalement. Il me fallut un mois avant que mon corps n'ait plus de marques très visibles. Je survivais dans la forêt en tant que rogue. Je vivais en hauteur dans les arbres. J'étais partie loin. J'avais pris de quoi vivre, et j'avais fui l'endroit. Je m'étais presque créer un petit chez moi. J'étais devenue rogue, mais étonnamment, je n'avais aucune envie de meurtre ou de violences comme on me décrivait les rogues habituels. Je savais que le territoire d'une meute n'était pas très loin, et je me gardais bien de m'en approcher, j'allais à la cascade à quelques kilomètres la nuit pour aller me doucher. Je suis certaine d'être seule ainsi. Ce soir-là, par contre, je n'étais pas seule, et je regardais deux hommes se baigner si on pouvait appeler cela ainsi, pensais-je.

Apprendre à leur pardonner?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant