3. L'Ange de la Fornication

Chapitre 8 : Des Hippopotames en Tutu Rose

Silke sortit des sous-sols d'Exil, avec l'impression d'être la femme la plus sale du monde. Ce qu'elle venait de faire à Svenn était d'une cruauté morale sans nom. A son réveil, il allait certainement la détester, si ce n'était la haïr. Bon sang... Lui qui était plus vierge qu'une nonne, il venait de se faire tripoter dans les règles. Tout ça pour le forcer à boire son sang à elle.

Dégoûtée par elle-même, la Némésis alla droit sur la place du village, où le Grand Chêne trônait. Ce dernier la regarda venir, ses yeux de bois exprimant une curiosité indéniable. Elle s'assit sur l'un des bancs, l'estomac retourné. Fergus lui avait donné carte blanche pour arriver à ses fins. Pourtant, elle n'était pas du tout satisfaite.

« Je tiens trop à toi pour t'infliger ça. »

Les paroles de Svenn lui revinrent en mémoire, exprimées qui plus était d'une voix rendue délicieusement rauque par le plaisir. Mmh... Elle adorait ce son... Mais elle ne pourrait plus jamais l'entendre. Il était clair que désormais, il ne la laisserait plus l'approcher.

-Un problème de cœur, jeune Némésis ?

-Mmh ? Oh, Freddy... Si tu savais...

-Je sais bien des choses. Mais peut être devriez-vous discuter avec Blanche. Cela vous apaiserez certainement.

Hors de question. Elle n'allait pas avouer l'inavouable à Blanche ! Déjà que cette dernière savait qu'elle avait couché avec Lucifer, alors de là à avoir abusé sexuellement de Svenn ! C'était une toute autre affaire. Car là, c'était elle la fautive.

-Dis-moi, Freddy... Quand tu forces quelqu'un à faire une chose, pour son bien, cela te rend-t-il mauvais.

-Tout dépend des moyens employés. Pourquoi donc ?

Elle ne répondit pas. En retournant chez elle, elle alla directement dans sa chambre, honteuse. Car non seulement elle avait fait du mal à Svenn, mais en plus, elle ne pouvait s'empêcher de se souvenir de sa voix dans le plaisir. De son visage tandis qu'elle le touchait... Bon sang... Elle était complètement détraquée.

*

Hell arriva en courant, l'esprit complètement embrouillé. Elle venait d'assister à un combat d'une rare violence, plein d'une haine palpable. Et d'une cruauté sans nom. Elle se précipita au chevet de Barbatos, face contre terre.

Par trois fois, la foudre s'était abattue sur lui. Le fait qu'il respire encore était un véritable miracle. Toutefois, il était salement amoché. L'une de ses ailes pendait mollement, son sang tachait son plumage blanc. Sa peau brûlée était devenue noire, et de multiples plaies recouvraient son corps. Une chose était certaine : si elle ne le soignait pas maintenant, il allait mourir.

Elle posa les mains sur une partie de peau encore intact, l'estomac noué. De plus, ils étaient à ils ne savaient combien de kilomètres de la Ferme. Ou d'une Porte. C'était vraiment mauvais. Bathin était fichu de revenir ! Et là... Elle devrait l'éloigner de l'ange déchu, pour lui montrer de quel bois se chauffait une Ferguson.

-Vite, Barbatos... Guérit, mon grand !

Les yeux fermés, elle dut faire un effort pour se concentrer. Elle plongea dans ses sens, cherchant jusqu'au tréfonds du corps de l'ange la souffrance. Ce qu'elle y trouva la glaça jusqu'aux os. Il était en piteux état. Les nerfs étaient lésés, transmettant une douleur innommable. Elle fit de son mieux pour l'apaiser, pour absorber sa peine. Cela suffit à lui pomper une partie de ses forces. Quand elle dut s'attaquer au soin des plaies en elle-même, elle sut qu'elle allait s'évanouir. La guérison des ailes fut la plus difficile, et les brûlures dans son dos étaient plus profondes qui prévu. Elle n'y arriverait jamais par la simple imposition des mains.