Partie 1 : Rêve ou cauchemar ?

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Chaque nuit, toujours le même rêve. Ou le même cauchemar, je ne sais pas comment l'appeler. Une fois endormis, une fois mes yeux clos, je me retrouve sur une table en métal, l'atmosphère est froide. Je suis habillée d'une simple robe blanche. Deux couloirs se proposent à moi, mais je ne contrôle rien et je me dirige vers celui de gauche. Les murs sont dénudés, le carrelage est froid sous mes pieds nus. Une lumière m'aveugle soudainement, je marche vers elle de plus en plus vite, je cours, mais je n'arrive pas à l'atteindre. Je m'arrête. Je suis sur une plateforme, suspendue dans le vide. La plateforme, où je me trouve, penche et me fait basculer en arrière. Je m'agrippe au bord de celle-ci. Une voix retentie :

« Lâche-là !! Tu n'es pas prête !

- Noooonn !

- Très bien tu l'auras voulu, Platformus et Disparetus ! »

A ces mots, la plateforme disparait. Ma chute dans le vide me semble interminable. Je n'en vois pas la fin, jusqu'au moment ou je rebondie sur un lit. Je me réveille en sursaut. Je suis dans ma chambre.

Je prends un somnifère. Les minutes passent. Je m'endors. Mon réveil sonne. Il est 6h35. Je suis fatiguée, j'ai une mine horrible. Le teint blanc comme un linge, des cernes sous les yeux, et les cheveux ébouriffés. Je descends dans la cuisine en pyjama.

« Mon dieu, mais tu as une mine affreuse !!!

- Bonjour maman, bien dormi ?

- Moui bonjour, tu t'es encore couchée tard, je t'ai dit plein de fois de te coucher plus tôt.

- Je t'ai expliqué moi aussi plein de fois pourquoi le matin je ressemble à un épouvantail.

- Oui bien sûr, ton rêve ou je ne sais quoi qui ne tient pas debout, bon ce n'est pas le tout mais je vais être en retard au travail, à ce soir.

- A ce soir.

- Et ne loupe pas ton bus, je ne pourrais pas t'emmener...

- Oui, oui ne t'inquiète pas... »

Elle me fait un bisou sur la joue, pose sa tasse de café, met son manteau, prend son sac et ferme la porte. J'entends le moteur démarrer, la voiture dévaler l'allée et le son s'estompe. Je prend mon petit déjeuner vite fait. Vais mettre mon uniforme. Oui, je suis sans une école où il y a un uniforme. Un uniforme vert. Bon c'est un joli vert, pas un vert dégeulis, couleur vomis ou je ne sais quoi. Nous sommes au printemps, pas une des meilleures saisons pour porter une jupe. Mais c'est toujours mieux que l'automne ou l'hiver. Je vais vers l'arrêt de bus, où le car m'attends. Je cours et j'ai tout juste le temps de monter dedans avant qu'il ne parte. Je m'assois à côté de Vixsy, c'est ma meilleure amie depuis toujours.

Arrivées à l'école, Vixsy et moi sommes en retard, comme d'habitude. Je vais dans ma classe, pour suivre un cour normal, dans une journée normale. Elle aurait été normale si je ne m'étais pas endormie en cours de français. Mais là il n'y a pas eu de rêve. Mon professeur, Mr Gouchart me réveille, et m'explique les bienfaits du sommeil, pendant que la classe rie. De retour à la maison, Vixsy reste avec moi. Elle me croit plus ou moins sur mon histoire de rêve, mais elle n'aime pas en parler, elle ne me pose pas plus de questions. Nous faisons nos devoirs ensemble. Puis elle doit partir. Je reste à ne rien faire jusqu'à ce que ma mère rentre du travail. Pendant qu'elle se débarrasse de ses affaires, je vais mettre la table. Puis ma mère prépare à manger. Quand nous passons à table, un silence s'abat sur la maison. Ma mère me regarde avec insistance. J'ai comme un pressentiment.

- Au faite demain matin, Vixsy passe à la maison.

- D'accord, et l'école ca s'est bien passé, tu n'as rien à me dire ?

- Oui tout s'est bien passé, et je n'ai rien à dire en particulier.

- Ne fais pas celle qui ne sait pas. La secrétaire m'a appelé au travail, pour me dire que tu t'étais encore endormie pendant un cour, et que cela étais très inquiètent vu que c'est la cinquième fois cette année. Parce que, je te le rappelle, tu dois aussi réviser pour tes examens !

- Oui je sais, mais c'est pas grand chose je me suis assoupie quelques minutes.

- Ah oui, quelques minutes ! Elle m'a dit que ton professeur de Français, Mr Gouchart, a prononcé ton nom trois fois, pour essayer de te réveiller, mais que cela n'a pas suffit, il a fallu qu'il te secoue comme un prunier pour te tirer de ton sommeil et qu'en plus il t'a expliqué les bienfaits du sommeil, mais que tu t'en fichais totalement de ce qu'il te racontait !! Alors ne viens pas me dire que ce n'est pas grand chose !!!

- ...

- Je sais que je n'ai pas été très présente en tant que mère mais il va falloir améliorer ça. Désormais tu te coucheras plus tôt.

- Et à quelle heure exactement ?

- 20h30

- Quoi ??! 20h30 ! Mais je n'arriverais jamais à dormir, en plus tu sais bien que j'ai du mal à m'endormir. Et les séries télévisées alors ? Je ne pourrais plus les regarder ?!

- Justement, je pense que si tu n'arrives pas à dormir c'est parce que tu te refuses à accepter la disparition de ton père. Je sais qu'il te manque et que c'est difficile, à moi aussi il me manque, c'était mon mari. Et tu peux bien te passer de la télévision.

- Hein ? Mais ce n'est pas à cause de la mort de papa ! Je te rappelle que ça fait dix ans qu'il est mort, en dix ans j'ai évolué, appris à vivre sans lui, et j'en suis là ou je suis aujourd'hui, oui il me manque, oui j'aimerais qu'il soit encore là aujourd'hui mais il n'est plus là, si je n'arrive plus à dormir c'est à cause de mon fichu rêve mais tu ne me crois pas, tu ne veux pas me croire !!!

- Dulcinée, tu t'assois s'il te plait. Je suis encore ta mère et si je te dis que tu te coucheras à 20h30 tu te coucheras à cette heure.

- Mais ?...

- Il n'y a pas de mais !

- Bien je monte !

- Dulcinée je te prierais de revenir t'asseoir.

- Tu sais des fois j'aimerais que ce soit papa qui soit là ! Il me comprenait et me croyait, je ne sais pas pourquoi mais il me croyait, je pense que c'est toi qui ne t'es pas remise de son décès. Bonne nuit. »

Je monte les escaliers les larmes aux yeux. M'effondre sur mon lit et regarde la photo de mon père qui est sur ma table de chevet. Voilà la mauvaise impression, la dispute.

« Aller, debout là dedans !

- Humm ...

- Je pensais que tu serais levée quand j'arriverais !

- ...

- Et mais ne te rendors pas ! Je te rappelle que le car arrive dans trois quart d'heure!

- Hein, quoi ?

- C'est bon tu es réveillée là ?

- Oui, oui !

- Je disais que le car arrive dans trois quart d'heure, et ton petit déjeuner est prêt aussi, c'est ta mère qui l'a préparé. Au faite vous vous êtes disputées ?

- Oui -Vixsy est très forte pour deviner les choses- je me prépare et j'arrive.

Une journée normale se passe. Ma mère est toujours en colère contre moi, pour ce que je lui ai dit la veille, mais elle tiens coûte que coûte sa petite règle du « tu te coucheras plus tôt» Même Vixsy est de son côté, elle dit que vu ma tête le matin, ça me ferait du bien.

L'inconnu, l'héritière d'un secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant