La dernière semaine de cours passa rapidement. Maxence n'était pas venu, car la dernière semaine ne sert strictement à rien.
Luna avait pensé à lui toute la semaine, son coeur se déchirant dès qu'elle avait l'impression de l'apercevoir. Mais son esprit faisait simplement exprès de la faire souffrir.
Pour le dernier jour, Sylvia et William étaient allés chercher Luna au collège parce qu'ils se rendaient chez les parents de Sylvia pour un repas en famille.
Il y avait cinq heures de route, et Luna en profita pour écouter de la musique et faire une sieste pendant la dernière heure de route.
-"Luna, réveille-toi. Nous sommes arrivés." Dit Sylvia d'une voix douce.
La jeune fille se frotta les yeux et descendit de la voiture.
Elle entra dans la maison, dit bonjour à ses grands-parents, à son oncle et sa tante, et évita soigneusement son cousin qui ne lui avait même pas adressé un regard.
Luna s'installa à côté de son père, en face de son cousin. Les deux adolescents ne se regardaient même pas, écoutant simplement les conversations des adultes.
-"Et toi Luna, tu as fait un bon trimestre ?" Demanda sa tante.
La jeune fille allait répondre, mais son cousin fit grincer sa chaise au sol et se leva en levant les yeux au ciel.
-"Alexandre ! Dit le père de ce dernier. Tu reviens à table immédiatement !"
Mais le garçon n'écouta pas son père et partit dans le petit jardin.
Un silence long et pesant s'installa à table. Personne n'osait dire quelque chose.
-"Je vais aller le voir. Dit Luna en se levant.
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, ma chérie. Dit sa grand-mère.
-Cette situation ne peut plus durer. Ça va faire deux ans qu'il est mort, il ne faudrait pas trop abuser."
Luna sortit de la maison et chercha son cousin. Elle le trouva derrière un gros arbre, une cigarette à la bouche.
-"Tu fumes ? S'étonna Luna.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis venue te parler.
-Je n'ai pas envie de te parler.
-Pourquoi ?
-Parce que tu me tapes sur les nerfs.
-Je te tapais les nerfs quand nous étions plus jeune ?"
La question fit prendre une douche froide à Alexandre qui regarda sa cousine pour la première fois de la soirée.
-"Non.
-Alors dis-moi pourquoi maintenant je te tapes sur les nerfs ? Je peux essayer de changer, de faire des efforts.
-Mais tu vas me foutre la paix, oui ? Je n'ai rien à te dire, je n'ai pas à me justifier !
-Qu'est-ce que tu es con."
Luna rentra dans la maison sans dire un mot de plus. Alexandre n'avait rien répondu, et il fixait bêtement le sol.
En réalité, ce n'était pas Luna qui lui tapait sur les nerfs, mais lui-même.
S'il n'avait pas été lâche, s'il avait eu un peu de courage, il aurait sauvé Simon et Luna, au lieu de crier pour ne rien dire.
S'il avait eu un peu de courage, il aurait été aux côtés de son cousin pour ses dernières minutes.
S'il avait eu du courage, il aurait été présent pour Luna qui était sa seule cousine, sa seule amie.
Luna était au carreau de la chambre et regardait son cousin essuyer les larmes qui coulaient sur ses joues.
Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, lui dire qu'elle était là pour lui et que la mort de Simon ne changeait en rien leur lien, mais c'était peine perdue.
La jeune fille se laissa glisser le long du mur et alluma son téléphone. Son fond d'écran était la même photo que celle sur son bureau.
Luna s'était endormie à même le sol. C'est sa tante qui était venue la réveiller.
-"Luna, réveille-toi.
-Oui ?
-Tu dors à la maison.
-Pourquoi ?
-Il n'y a pas de place ici, et pas de matelas."
Luna se releva doucement et descendit prendre les affaires que ses parents lui avait préparé pour le séjour.
Elle embrassa ses parents et ses grands-parents, et monta dans la voiture avec son oncle, sa tante, et Alexandre.
Ils firent cinq kilomètres en voiture avant d'arriver devant une maison en briques.
-"Ton matelas est dans la chambre d'Alexandre. Nous n'allions quand même pas te faire dormir dans le salon."
Luna hocha la tête et partit se mettre en pyjama. Lorsqu'elle entra dans la chambre de son cousin, elle le vit dans son lit, le matelas au pied de celui-ci.
La jeune fille saisit le matelas et le recula le plus loin possible du lit.
-"Je n'ai encore jamais mangé quelqu'un pendant son sommeil, tu pouvais rester là.
-Je prends mes précautions." Répondit froidement Luna.
La jeune fille s'installa sur le matelas et tourna le dos à son cousin qui regardait ses cheveux noirs.
Le garçon se fit alors la remarque que jamais il ne l'avait trouvé aussi forte, aussi grande. Il avait toujours essayé de la protéger, mais à présent, elle savait se protéger seule.
C'était aussi pour ça qu'il refusait de lui parler. Il avait peur de n'être plus jamais important aux yeux de la jeune fille.
