Le Cycle Mortel - [FR] - [TERMINÉE]

Cycle III

Il se réveilla horrifié dans une baignoire sale et glissante. Il sursauta quand il se rendit compte qu'elle était couverte de sang. Il essaya de sortir, mais après avoir enjambé le bord, ses jambes le lâchèrent et il glissa et tomba sur le sol. Ses pieds étaient froids et envahis de fourmillements douloureux. Il les traîna jusqu'à la porte qu'il ouvrit lentement en évitant de faire du bruit, il aperçut alors un enfant courir dans le couloir. Il le suivit. Après quelques pas, il sentit une douleur dans les plantes de ses pieds. Il regarda le plancher et réalisa qu'il était couvert de fracas de verre. Une fenêtre à la fin du couloir laissait passer quelques rayons de lumière pale qui se reflétaient sur les bouts de verre. L'enfant, ne semblant pas se soucier de ses pieds ensanglantés, s'arrêta brusquement de courir et se retourna vers lui.

« Maman a mal. » lui dit-il, avant de tourner à droite au bout du couloir et s'enfuir.

Il continua à avancer vers le fond du couloir, traînant ses pieds à travers les morceaux de verre et laissant une trainée de sang. La lumière commençait à disparaître. Il précipita alors ses pas vers la fenêtre, mais quand il l'atteignit, elle avait disparu, laissant la place à un mur. A sa gauche, il trouva les escaliers qui remontaient. A sa droite le couloir se prolongeait. Il tournaàdroit, trouva d'autres couloirs. Il courut dans les couloirs, mais avait l'impression de tourner en rond. Il voulut s'arrêter pour reprendre son souffle quand il entendit les pas lourds descendre les marches et les ricanements de l'homme sans visage. Il courut dans tous les sens, se cognant contre les murs, retombant et se relevant. Il courut sans savoir où il allait. Il ne pensait qu'à fuir ces bruits de pas qui ne semblaient que se rapprocher. Ses pieds devenaient lourds, il essaya de les traîner pour avancer. Il arriva à une impasse. Il se tourna dans tous les sens, horrifié, à la recherche d'une issue. Il vit alors une silhouette flotter, avançant en sa direction. Elle s'arrêta au milieu du couloir, ouvrit une porte là où se dressait un mur quelques secondes auparavant, et disparut dans l'obscurité de la pièce. Il la suivit et referma la porte derrière lui. Il préférait se retrouver avec ce spectre plutôt qu'avec l'homme sans visage.

Il tâtonna son chemin dans la pièce, mais soudain, une bougie s'alluma. Il vit le spectre immobile dans un coin. Il retint son souffle. Celui-ci se tourna brusquement vers lui et poussa un cri qui l'assomma avant de disparaitre. Il était enfin seul dans une chambre qui lui semblait familière. C'était la chambre d'un enfant. Les couleurs des murs étaient délavées et brunâtres et des couches de poussière recouvraient tout ce qui y était. Il y avait un petit bureau, les miroirs de l'armoire étaient en pièces, le lit était fait et semblait ne pas avoir été utilisé depuis de nombreuses années. Une peluche déchiquetée traînait par terre. Il prit la bougie et avança prudemment vers le coin. Il vit un petit cadre renversé. Il y avait la photo de sa mère, heureuse dans les bras d'un homme, tenant un bébé dans ses bras. Il sortit la photo, une indication était écrite à son dos. Cet homme au visage inconnu était son père. Il inspectait tous les coins de la photo quand il entendit des sanglots dans la pièce à coté. Il se retourna brusquement et aperçut une porte. En l'ouvrant, il vit une femme habillée en noir. Elle était assise par terre à coté d'une baignoire et avait le visage entre les mains. Elle pleurait.

« Maman ? »

Elle leva la tête et se tourna vers lui. Il recula en apercevant les trous qu'elle avait à la place des yeux et tomba en arrière. La porte se referma brutalement devant lui et les sanglots s'arrêtèrent. Il se releva et chercha l'autre porte, mais elle avait disparue. La chambre même avait changé. Il semblait qu'elle venait de brûler. Les murs étaient noirs, les cendres recouvraient le sol. Et une forte odeur de brûlé alourdissait l'air.

Soudain, il entendit les pas lourds de l'homme sans visage. Il se précipita pour ouvrir la porte à nouveau, mais il ne trouva pas la salle de bain qu'il venait de voir, il trouva des escaliers remontant. Il recula, terrifié, quand il aperçut des pieds qui descendaient.

Il hurla de douleur.

« Ne crie pas ! Sinon je vais te punir ! »

Il le fouettait avec des fils métalliques réchauffés accrochés à une poignée. Il sentait alors sa peau fondre sous le métal brûlant et une plaie énorme s'ouvrait, éjectant du sang, dès qu'un fil la heurtait.

Il ferma les yeux et serra les dents, ses larmes coulaient sur ses joues. Ces punitions étaient interminables. Et pendant les pauses brèves, il jetait des coups d'œil discrets au visage de cet homme, mais ce dernier n'avait pas de visage. Seuls ses yeux étincelant de plaisir étaient visibles.

Après un temps qui semblait être interminablement long, il prononça enfin ces mots :

« C'est bientôt fini. »

Ses yeux se refermèrent.