Il y avait quelque chose à quoi Louis n'avait pas pensé.
Que Harry avait seulement proposé de rester avec lui pour se donner bonne conscience. Pour se faire pardonner de l'avoir repoussé. Ils sont dehors depuis dix minutes, assis par terre dans l'herbe humide, juste devant la maison de Adam. Ils fument et Harry ne dit pas un mot. Louis l'observe. Il l'a vu à la lumière des néons verts et rouges dans le salon, mais il le trouve beaucoup plus beau sous l'éclat des étoiles. Sa peau laiteuse clairsemée d'ombres délicates. Louis se sent mal à l'aise, à le détailler comme ça, comme on regarderait un trésor, mais il n'arrive pas à s'en empêcher. Et puis Harry n'a qu'à parler aussi, merde.
Ce qu'il aime le plus, c'est sa mâchoire. Il y a des choses parfois, qui rendent quelqu'un magnifique, et Louis est certain que pour Harry, il s'agit de sa mâchoire. Ses cheveux relevés en chignon au dessus de sa tête lui permette d'être parfaitement dessinée, et Louis aimerait tellement y poser sa bouche. Mordre sa peau fine. Y laisser des traces rouges, violettes. Il voudrait lécher Harry, du bout de la langue, et l'écouter gémir. Il voudrait être à la place du joint qu'il glisse lentement entre ses lèvres.
Harry est beau, et Louis a encore le goût de l'alcool sur la langue. Il pense n'importe quoi.
- Tu ne tiens pas l'alcool ?
Harry vient de tourner lentement la tête vers lui. Son sourcil est légèrement relevé et ses yeux brillent comme le ciel. Louis se souvient d'une phrase « Les yeux sont le reflet de l'âme. » et il se dit qu'elle conviendrait parfaitement à Harry.
- Si, ça me rend juste...
- Malade ?
- Non. J'avais trop bu c'était pour ça le... Enfin. Je voulais dire que l'alcool me rend triste. Ou me fait faire des choses stupides, ou juste ressentir des... ça me fait mal au cœur. C'est ça. J'ai mal au cœur. Comme si un poids appuyait sur ma poitrine, très fort, et voulait m'étouffer.
Harry hoche lentement la tête, inspire une autre bouffé d'herbe avant de tendre le cylindre à Louis. Puis il s'allonge, les mains derrière la tête, et lentement se met à parler.
- Je ne bois jamais, quand je bois je deviens incontrôlable. Pas dans le mauvais sens du terme tu sais juste... Très câlin.
- Tu veux baiser tout le monde ?
Harry a un petit rire. Un peu triste. Louis le regarde un instant, et il a envie de lui tenir la main, ou juste de se coucher sur son corps. D'écouter sa respiration.
- En quelque sorte. J'ai eu ma première fois comme ça, et c'était... Ce n'est pas un bon souvenir.
- Pourquoi est ce que tu étais là ce soir ?
- Je te l'ai déjà dit, j'accompagnais un ami.
Louis tire une dernière latte avant de secouer la tête. Il écrase le joint sur l'herbe humide et s'allonge à son tour près d'Harry. Le ciel lui semble immense comme ça.
- Je voulais dire dans la salle de bain. Pourquoi est ce que tu es monté ?
Il y a un petit silence. Puis les doigts d'Harry viennent effleurer ceux de Louis. Lentement il se prennent la main, comme ci il ne s'agissait que d'un geste anodin, mille fois effectué. Un geste qui ne voudrait rien dire.
- Je t'ai vu. Tu n'avais pas l'air... Très bien. Alors j'ai un peu surveillé si tu redescendais ou non et quand j'ai vu que tu était en haut depuis une demi heure je suis monté voir.
- Merci.
- C'est rien...
- Non vraiment.
Louis se retourne légèrement. Il s'appuie sur le flanc. Harry tourne la tête vers lui et sourit. Tout son visage semble auréolé par la lune, et Louis a une nouvelle fois envie de l'embrasser. Il ressemble à un ange.
- Mes potes n'auraient jamais fait ce que tu as fait pour moi... Ça sonne cliché comme ça, mais je t'assure. Je te remercie pour... Le bain. Tout ça.
- J'ai dit que c'était rien, Louis.
Ses doigts tremblent lorsqu'ils les approchent de la joue d'Harry. Lentement, il effleure sa peau. Redessine sa pommette. Il ne sait plus trop ce qu'il fait. Si en a le droit. Mais Harry ne dit rien, alors il continue. C'est doux. Louis ne savait pas qu'une telle douceur existait quelque part, et qu'elle se trouvait sur la peau d'un être humain.
- Je ne pleure pas d'habitude... Dans le bain. J'ai pleuré et d'habitude non. Je ne sais pas pourquoi. Je ne veux pas que tu crois que je suis faible ou... C'était l'alcool et tout ce qui me rendait triste, et le truc dans la gorge. Pas moi. Je ne suis pas comme ça.
Harry sourit doucement. Ses lèvres s'étirent, elles brillent dans la nuit et instinctivement, Louis y pose son regard. Il ne peut plus en détacher les yeux. Il a vraiment envie de l'embrasser à nouveau maintenant.
- Je ne te demande pas de te justifier Louis, on a tous le droit d'être mal et de pleurer. Ce n'est pas être faible...
- Est ce que tu es faible parfois ?
Louis se sent fébrile. Il ne sait pas pourquoi. Tout ses muscles semblent être à fleur de peau. C'est le regard de Harry. Ses yeux. Ses yeux sont liquides et brillants, ses yeux sont hypnotisant. Et sa voix l'enveloppe. Comme une source d'eau chaude.
- Parfois oui. Parfois j'ai envie de faire des choses que je vais regretter plus tard, parfois j'ai envie de me jeter dans le feu alors que je sais parfaitement que je vais m'y brûler les ailes, parfois j'ai envie moi aussi de me mettre à pleurer en pleine rue, je veux m'asseoir sur le trottoir, me rouler en boule et laisser le vent m'emporter dans ses bras, parfois je rêve que quelqu'un s'arrête, me regarde et me prenne dans ses bras, parfois je suis seul chez moi et j'ai l'impression d'être seul dans le monde, que mon cœur est le dernier à battre et que plus rien ne fonctionne comme il faut, que même la terre ne sait plus respirer et j'ai peur et parfois
Il n'a pas le temps de finir. Louis l'embrasse. Une fois. Deux fois. Un baiser n'a pas d'odeur. C'est juste une sensation qui s'infiltre partout dans les veines, les embrase. Louis se sent partir, si le joint le fait planer les lèvres d'Harry, elles, le transportent. Ce n'est pas comme tout à l'heure, dans la salle de bain, cette fois c'est réel et lent. Cette fois Harry pose sa main dans son dos et répond, ses lèvres se pressent à son tour contre les siennes et sa langue vient caresser sa bouche. Cette fois il y a un souffle, une cohésion.
Harry a un goût d'herbe et Louis se dit que c'est peut être pour ça qu'il accepte de l'embrasser mais peu importe au final. Ce qui est bon, c'est l'instant, pas ce qui en résulte.
Alors ils s'embrassent. Doucement. Comme une caresse. Ils s'embrassent et ils ne pensent à rien d'autre qu'à leurs bouches qui se touchent, qu'à cette chaleur qui se diffuse entre leurs deux corps. Ils s'embrassent et parfois leurs mains se touchent, ils se frôlent, du bout des doigts Harry fait gémir Louis, ses paumes sont froides mais semblent brûlantes sur ses hanches.
Et c'est bon.
Ça n'a jamais été aussi bon que par cette nuit d'automne.
Ils sont deux corps.
Et leurs cœurs battent à l'unisson.
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Du bout des lèvres - Larry Stylinson
Fanfic" Louis ne savait pas qu'une telle douceur existait quelque part, et qu'elle se trouvait sur la peau d'un être humain. "