Chapitre Huit : Un nouveau départ

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Le silence de l'océan. Les caresses de l'eau glaciale. J'étais comme seul au monde, mais entouré de milliers d'êtres vivants.
Ma vue était bien trop trouble pour que je puisse admirer le spectacle. Alors je baissai mes paupières pour me laisser emporter par le courant.
C'était un mélange d'agréable et de torture.
Mais après tout, il fallait que je meure.
Alors la mer me guida vers des profondeurs lointaines, et je compris que j'allais à présent sur les dernières secondes de ma vie.

Soudainement, mon corps paralysé et inerte ressentit le toucher d'une chose inconnue.

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Je discernai tout à coup le vent froid de la nuit. Puis cette sensation se stoppa net, quand je ressentis un peu de chaleur malgré mon corps trempé.
J'étais totalement paralysé. Aucun membre ne répondait à mes appels, et mes oreilles ne distinguaient plus les sons extérieurs.

Il y avait toujours ce silence.
Moins bruyant que le silence marin.
C'était le silence complet, pour ne pas dire silencieux.
Alors quoi ? J'étais mort ?
Ou bien je vivais ?
Car je voulais mourrir plutôt que de subir la haine de mon ex-copine. Pourtant je voulais rester pour pouvoir la regarder sourire, l'entendre rire ou même la revoir danser.
Je l'aimais plus que tout l'or du monde.
Il faut dire que ma fausse chute était bien prévue. Personne ne croirait au suicide.

Un sifflement retentit alors dans mes oreilles. Un bourdonnement incessant, brisant le silence inquiétant.
Quelques sons me paraissaient. Mes tympans remarchaient-ils donc enfin ?
《Je te dis qu'il a chuté sur le pont, et qu'il a lâché sans faire exprès la barre qui le retenait !》
Je reconnaissais cette voix si familière.
《Je te crois, Andy ! Mais le problème là tout de suite, c'est qu'il ne bouge pas !》
Avait répondu Black. Son ton paraissait stressé. Il avait peut être peur pour moi...
C'était un bon ami, après tout.

Puis le sifflement reprit.
Je n'avais plus qu'à penser, si mon corps m'empêchait de réagir. J'étais allongé sur le dos, presque sec, entouré dans une serviette, sur une nappe. Oui, je ne me trompais pas : Mes mains qui avaient reprit contrôle touchaient un tissu fin.
C'est alors qu'un délicat fumet me caressa les narines. C'était un parfum de pivoine, intense mais charmant à la fois.
Je reniflai encore une fois avant d'ouvrir les yeux subitement.

Mes amis étaient debouts, et j'en conclus ainsi qu'on m'avait posé sur la table.
Je remarquai un vieux lustre vintage au plafond, objet auquel je n'avais jamais encore porté attention.

Black se précipita à mon chevet, surprit de mon réveil soudain. Andy, elle, fut à deux doigts de faire tomber son flacon de parfum tellement elle était contente. Mais après quelques secondes, elle se rendit compte de son sourire et brisa son visage sans dire un mot, comme pour me cacher son attachement. Derrière, Myorica attendait sagement. Étant responsable de l'équipage, elle devait éviter les accidents à tout prix, alors je sentis son soupir de soulagement quand elle me vit éveillé.
《Ça t'amuse de nous inquiéter, hein? Fit cette dernière.》
Un sourire s'esquissa inévitablement sur mes lèvres. J'aimais les regarder tous les trois, chacun se soucier de moi à leur manière.
《Mais putain tu me crois pas, c'est ça? Myo je t'ai dis que c'était un accident ! Répondit sèchement mon ex-copine, qui s'était relevée.
- Je pense que c'était ironique, Andy. Laissons Kylian nous raconter tout ça ! S'exclama Black juste avant qu'une guerre éclate entre les deux filles.
- Ça me va ! Lui lançai-je alors.》

Alors je leur racontèrent mon idée de suicide, qui avait germée dans ma tête dès le premier soir du séjour. Mes trois amis n'en revenaient pas. Je leur expliquai donc les raisons pour lesquelles je devais mettre fin à ma vie : ce qu'il s'était passé deux ans auparavant. Mon besoin imminent d'organe, l'accident de voiture de ma mère avec son mot "Mon fils a besoin d'un de mes organes pour vivre, appellez l'hôpital Saint Hugo au plus vite, c'est mon seul souhait.". Je leur annonçai pour finir :
《 Vous allez me dire que ma mère s'était tuée pour que je vive et non pour que je me suicide, et certes je suis d'accord. Mais toutes ces histoires, et Andy... Même guérit, je vis un cauchemars. Ma mère m'a donné la chance que je n'aurais pas dû avoir.》
Je remarquai alors qu'Andy avait désormais le visage triste.

Il Fut Un Temps Où... [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant