Fakebook

Chapitre 12 (Dernier chapitre ?)

                  

Je me réveille en pleine forme malgré les évènements de la veille. La hâte de voir un film avec Julien me fait oublier ce que j'ai fait. Pourtant, tout le monde en parle encore mais je ne m'en préoccupe pas.

Quand Julien sonne chez moi, je m'empresse d'aller lui ouvrir et l'invite à aller dans ma chambre. Par chance, il n'y a personne aujourd'hui chez moi, mes parents auraient surement refusé que quelqu'un vienne sinon.

Alors que j'allume l'ordinateur pour pouvoir regarder le film, je propose d'aller chercher quelque chose à boire.

Quand je reviens, deux verres de jus d'orange à la main, je le vois pencher sur mon ordinateur. En m'entendant, il se retourne, le visage inexpressif. Je regarde alors l'écran et vois que Facebook est ouvert, connecté au compte qui m'a permis de poster les photos.

Je repense à dimanche soir quand je baisse seulement l'écran sans prendre la peine de l'éteindre ou même fermer la page. Pour les deux soirs suivants, j'avais passé mon temps sur mon téléphone à parler à Julien, je n'avais donc pas touché à cet ordinateur.

D'effroi, je lache les verres que je tiens mais le bruit qu'ils font en éclatants au sol me semble lointain. J'ai la bouche ouverte et mes yeux fixent cet écran. Il sait...

Il s'approche lentement de moi et me foudroie du regard.

-Comment tu as pu oser ?

Je tourne les yeux vers lui mais je suis complètement incapable de répondre.

-Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu te rends compte qu'elle a tenté de se suicider à cause de toi ? C'est tellement écœurant et surtout décevant venant de toi. Je pensais que tu étais quelqu'un de bien, je commençais à beaucoup t'apprécier mais au final elle vaut beaucoup mieux que toi. Elle t'a fait quoi pour mériter ça ? Elle t'a fait la même chose peut-être ? J'en doute vu le peu de confiance en toi que tu as, tu n'aurais jamais fait ce genre de photo. D'ailleurs je ne sais même pas comment tu les as eu et je m'en fous. Son corps, son intimité a été balancé aux yeux de tout le monde par ta faute et toi tu continues de sourire comme si la vie était belle et que tu n'avais rien à te reprocher. Tu viens de gâcher une vie Eléonore, une vie et une amitié.

Il se met alors à sortir de ma chambre mais je l'entends s'arrêter. Je n'ose pas me retourner, j'ai trop peur de voir son regard. Puis je l'entends souffler.

- En fait, tu ne mérites même pas de crever. Tu mérites juste une longue vie avec cette culpabilité d'avoir détruit quelqu'un.

Je frissonne à ces mots et mes jambes me lâchent. Mes yeux me piquent mais aucune larme ne veut en sortir.

Ma vie est une succession d'échec. La seule chose que j'ai réussie m'a fait perdre la seule chose que je désirais.

Quand je récupère enfin l'usage de mon corps, je me relève et me précipite sur mon ordinateur que je balance par terre. L'écran devient bleu et le plastique éclate. Je me mets alors à taper contre le mur de toute mes forces jusqu'à ne plus sentir mes poings, puis, essoufflée, je m'allonge par terre en boule et ferme les yeux.

Le soir, quand mes parents rentrent et retrouvent l'ordinateur dans cet état, j'ai droit à un sermon mémorable. Une gifle puis je me couche.

Je pensais lui gâcher sa vie... mais c'est la mienne qui vient de l'être.