Chapitre IX

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Will sentit une légère pression dans sa botte, un petit tapement régulier. Ses paupières étaient collées et il n'avait pas la force de les ouvrir. Il entendait les bruits du village, les gens parlaient, les roulottes passaient près de lui et soulevaient de la poussière. Des poules picoraient autour de lui, il les entendait très nettement. Sa tête était lourde et douloureuse, son corps tout engourdi. Il sentit de nouveau la pression régulière sur son pied et se décida à ouvrir un œil. Une poule brune picorait sa botte du bout du bec.
Le jeune forgeron se redressa difficilement faisant s'éloigner les poulets qui picoraient paisiblement. Sa tête lui faisait terriblement mal mais il devait à tout prix sauver Elizabeth. Il regarda autour de lui. Le jour était levé, la matinée avançait mais la ville ne s'était pas encore relevée de l'attaque qu'elle avait subi cette nuit. Les gens s'affairaient autour de lui, portaient secours aux blessés, tentaient de rentrer chez eux, de déblayer les débris, de clouer des planches pour couvrir les trous provoqués par les canons. William Turner laissa son regard aller plus loin, vers le large. Le bateau qui les avait attaqué avait disparu, laissant place à plusieurs navires de la marine royale, détruits, parfois encore sous l'emprise des dernières flammes, d'autres sombraient au loin.
Le gouverneur avait installé un bureau de fortune sur la place principale de la capitale afin que ses conseillers et le commodore Norrington mettent au point un plan pour secourir sa fille. Il faisait les cent pas, le regard perdu dans le vide alors que James s'affairait sur une carte maritime. Des gardes étaient postés autour d'eux mais n'empêchèrent pas William de passer.
« Ils l'ont enlevée ! Ils ont enlevés Elizabeth ! » annonça-t-il.

Il ne chercha pas à camoufler la panique dans sa voix ce qui exaspéra particulièrement James Norrington qui ne prit pas même la peine de lever les yeux de sa carte. Le Gouverneur se tourna vers William et le fusilla du regard pour avoir osé prononcer le prénom de sa fille en cette heure si tragique pour lui.

Toujours penché sur ses mesures, James se contenta de lancer un ordre à son garde, comme il savait si bien le faire.

« Monsieur Murtogg, emmenez cet importun. »

Le garde s'exécuta mais Will ne se laissa pas faire et continua, un sanglot dans la gorge.

« Mais il faut les poursuivre, il faut la sauver ! »

Cette fois c'est le Gouverneur qui s'approcha du jeune forgeron. Il tenta de garder son calme mais sa voix trahissait la fatigue et la peur qui le rongeait depuis plusieurs heures maintenant.

« Par quoi proposez-vous qu'on commence ? Si vous avez quelque information concernant ma fille, veuillez nous en faire part ! »

Épuisé et au bord de la crise de nerfs, le gouverneur se recula et reprit sa contemplation de la ville, laissant transparaître malgré lui son inquiétude qui grandissait à chaque seconde. Will constata que le Gouverneur et ses hommes faisaient de leur mieux pour trouver une solution et fut désespéré de voir qu'ils n'y parvenaient pas. Murtogg se racla la gorge et osa prononcer quelques mots.

« Ce... Jack Sparrow. »

A l'annonce de ce nom, tous les regards se tournèrent vers lui, incluant celui du Gouverneur qui paraissait avoir baissé les bras une seconde auparavant et le commodore Norrington qui n'avait pas levé les yeux de ses travaux depuis bien longtemps. Will tourna également la tête vers le garde, comprenant déjà où il voulait en venir. Le garde fut déconcerté de voir tous ces regards vers lui mais il ne se démonta pas.

« Il nous a parlé du Black Pearl.

- Mentionné serait plus exact », ajouta Mullroy qui ne comptait sauver son équipier.

Pirates des Caraïbes - La Malédiction du Black PearlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant