Chapitre VII

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Mes mains noires de cambouis prenaient sans cesse outils puis les reposer après utilisation. Je travaillais sur une voiture neuve qui avait apparemment déjà des problèmes. Ça me changeait. Les gens ne venaient pas forcement dans les bas-fonds de Londres pour faire réparer une voiture presque neuve. Mais aujourd'hui c'était le cas et j'en étais plutôt content. Steven avait voulu prendre cette réparation mais, je lui avais bien fait comprendre que cette voiture était pour moi.

Je reçus soudain un appel téléphonique. Le patron, un homme d'une quarantaine d'années, avec un ventre rond, une barbe grisonnante, une chevelure clairsemée et un air sinistre m'avait appelé, sèchement, comme à son habitude pour me prévenir que quelqu'un au bout du fil me demandé. Il m'avait mis en garde que ça ne devait pas être habituel. J'avais ressentis mon téléphone vibrer dans ma poche mais je n'y avais pas fait attention. D'une démarche assurée, je me rendis donc dans l'un des bureaux et pris le téléphone en main pour le poser contre mon oreille après m'être essuyé les mains sur mon torchon.


« Allô ?
-Salut Harry, c'est Zach, j'ai essayé de te joindre plusieurs fois mais tu ne répondais pas...
-Oui, je travaille. C'était sec, mais il savait que je n'aimais pas être dérangé, travail ou pas.
-La nuit dernière était superbe ! Il faut remettre ça demain soir... Ce club est juste génial... Et puis on commence déjà à devenir des habitués alors qu'il vient d'ouvrir... C'est bon signe !

Un sourire fendit mon visage créant deux fossettes sur mes joues.

-Oui sûrement... Mais pourquoi tiens-tu tellement à retourner dans cette boite de nuit ?
-J'en sais rien... L'ambiance y est bonne...
-L'ambiance ?
-Harry je ne vais pas te faire un dessin... Toutes les boites de nuits sont agréables, s'amuser ne peut qu'être agréable mais là-bas on s'y sent bien et puis les cocktails sont très bons... Il ria de l'autre côté du téléphone ce qui me fit sourire.
-On ira sûrement boire des cocktails demain soir dans ce cas.
-Cool... Zach était toujours très excité par tout ce qui se passait, c'était parfois très agaçant.

Il me parlait mais je ne saisissais pas et n'y prêtait pas vraiment attention à dire vrai. Ses paroles débitaient rapidement, sûrement très excité à l'idée de retourner une fois de plus dans ce club. Mais, j'avais vu une tête blonde que je pouvais désormais reconnaître facilement. Elle parlait avec Steven...Le garagiste qui avait voulu s'occuper de la voiture neuve... Il lui souriait et elle faisait de même. Je serais alors la mâchoire en plissant les yeux.Qu'est-ce qu'elle faisait ici ?

-Zach, je te rappelle. »

Je ne pris même pas la peine de le laisser répondre et raccrocha rapidement. Je sortis alors du bureau en fixant Savannah qui finit par poser son regard sur moi. Elle leva alors un sourcil sous la surprise et contre toute attente, elle me souriait légèrement.

« Qu'est-ce que tu fais là miss pimbêche ? Ton dernier modèle décapotable est tombé en panne ?

Un rire sortit d'entre ses lèvres et je souriais alors en essuyant une fois de plus mes mains sales sur mon torchon que je mettais toujours dans la poche arrière droite de mes jeans de travail.

-Oh tu sais, m'en parle pas ! Une décapotable trop vieille attend, deux mois que je l'ai j'en peux déjà plus de ce model trop « hasbeen » ! Elle roula alors des yeux en secouant la tête puis tourna les talons et partie en souriant.

Jouait-elle encore avec moi ? Je la suivis alors une fois plus éloigné de Steven et regarda la petite blonde en souriant.

-Sérieusement, qu'est-ce que tu viens faire ici ? Tu me suis ?

Un faux rire sortit d'entre ses lèvres.

-Te suivre ? Non ça te ferait bien trop plaisir...

Elle sortit alors du garage et se dirigeai vers l'entrepôt des pièces détachées.

-Et où tu vas comme ça ?

Elle arrêta alors de marcher et se posta face à moi. J'arrêtais donc immédiatement mes pas en l'imitant en l'interrogeant du regard.

-J'ai demandé, à ton si gentil et serviable collègue, où se trouvait les pièces détachées et il me l'a indiqué. Déclara la jeune femme, toujours un sourire aux lèvres.
-Pourquoi cherches-tu des pièces détachées.. ? Pour ta voiture ?

Elle ria doucement.

-Aussi...
-Aussi ? Répétais-je confus.
-Tu sais, miss pimbêche n'a pas la dernière décapotable à la mode... J'ai une voiture que j'aime et j'y prends soin, même si elle est très vieille... Mais aujourd'hui je ne suis pas là pour ça... J'ai besoin de pièces détachées pour la fresque... Je compte en fixer au mur et les peindre pour les fondre dans le décor tu comprends ? Ça rajoutera des reliefs, ça sera joli et original et peut-être que si on s'y prend bien, les enfants pourront grimper dessus...

Savannah souriait fièrement et elle pouvait... Elle avait une très grande imagination.

-Je vois... Je peux peut-être t'aider ? Qu'est-ce que tu cherches en particulier ?
-Hum... Une grande pièce ronde... Mais j'en sais rien quelque chose d'atypique avec beaucoup de volume, de reliefs et...
-STYLES !!!

Savannah fut coupé par le « boss » je soupirais alors en fermant les yeux dos à lui puis me tourna dans sa direction. Il se rapprocha alors à petit pas d'une manière peu élégante...

-Oui ? Répondais-je sarcastiquement.
-Retournes immédiatement au travail au lieu d'embêter nos clients ! Son air sévère m'exaspéré au plus haut point. Surtout qu'il voulait juste se montrer devant Savannah.

C'est vrai, il avait reçu beaucoup de plaintes de certaines clientes. Elles disaient que je les harcelais. Ce n'était pas vrai... Je gardais leur voiture le plus longtemps possible parfois en massacrant quelques pièces volontairement pour qu'elles viennent et reviennent au garage. Je les draguais, elles prenaient peur et allaient se plaindre de l'attente du travail et de mon comportement. Mais je les avais toutes une par une dans leur putain de voiture réparée ou non d'ailleurs...

Mais Savannah n'était pas comme elles... Cette blonde n'était pas du style à se laisser faire n'y à aller se plaindre surtout que, je ne la draguais pas, en tous les cas, pas comme je le faisais avec les autres...

-Oh non, répondit d'ailleurs Miss Jeankins. C'est moi qui lui ai demandé son aide, je suis désolée si je l'enlève d'une tâche importante, mais je cherche quelques pièces détachées et je lui ai justement demandé de m'aider... »

Son air de sainte-nitouche était parfaitement joué et je la regardais assez bizarrement, un léger rictus sur les lèvres qui s'agrandissait facilement en posant mes yeux sur mon patron. Il ne savait maintenant plus quoi dire...






Harry était à mes côtés en train de chercher la pièce de mes rêves. Il avait fait la connaissance de mon fort caractère artistique, toujours à la recherche de la perle rare, à la recherche de la perfection, du coup de cœur, du frisson...

Son patron s'était vite excusé après mon explication à moitié fausse d'ailleurs. Mais savoir être hypocrite avait parfois ses avantages et bien que je déteste l'être, ça servait de temps en temps comme dans des situations comme celles-ci.

« Quoi ? Risquais-je alors que le bouclé avait arrêté ses fouilles pour me fixer.
-Pourquoi m'as-tu défendu tout à l'heure ?

Un petit rire nerveux sortis d'entre mes lèvres... Pourquoi ? Je ne le savais même pas moi-même.

-Ne crois pas que j'ai fais ça pour toi, pour te sauver des griffes de ton affreux patron ou quoi que ce soit... Ça aurait été un plaisir pour moi de te voir te faire tirer les oreilles... Je riais doucement en imaginant cette action dans ma tête. Difficile d'ailleurs à l'imaginer. Mais j'ai besoin de toi pour trouver mes pièces rares... Je lui fis un clin d'œil furtif puis je me remis à chercher dans les tas de ferrailles.

C'était froid, poussiéreux et lourd, mais il fallait bien que je rende cette fresque unique. Cette idée m'est venue quand ma voiture était tombée en panne et que j'avais dû la réparer. La nuit même j'avais imaginé les enfants grimpant sur le mur. C'était un pari risqué, en effet, il fallait que les pièces soient assez rapprochées pour qu'ils puissent grimper sans risque mais il ne fallait pas surcharger le mur tout en trouvant des pièces aux formes contenantes au dessin et encore une fois non dangereuses pour les enfants... Mais après tout, j'aimais le challenge alors ce matin, je m'étais décidée d'aller au garage le plus proche de chez moi qui vendait des pièces détachées et je m'étais retrouvée ici et j'avais croisé Harry. Drôle de coïncidence...

-Quoi encore ? Soufflais-je, légèrement agacée.
-Pourquoi fais-tu tout cela pour les enfants ? Après tout, tu ne les as pas beaucoup vu, tu ne connais pas beaucoup Jessie non plus alors... ? Le grand garçon en face de moi haussa les sourcils et je m'asseyais alors sur une grande pièce de fer en enlevant les gants que m'avait prêté Harry. Il fit de même en me fixant.

Je fronçais alors les sourcils. Pourquoi faisais-je cela ?

-J'en sais rien après tout, comment rester insensible face à ses pauvres gosses ?
-Tu penses que ce sont des pauvres gosses ? Demanda-t-il étonné.
-Oui, après tout, ils vivent dans des quartiers défavorisés, ils ont des problèmes familiaux lourds, certains sont étrangers et ils sont pauvres au sens propre... Autant ne pas se voiler la face et dire ce qu'il y a à dire. C'est la vérité, ce n'est pas un terme que j'utilise péjorativement, c'est juste la vérité. Ça ne dit pas qu'ils vont tous mal finir, ni qu'ils vont tous bien finir, ça veut seulement dire que ce sont de pauvres gosses et qu'ils n'ont pas besoin de pitié, ils ont juste besoin qu'on les comprenne et qu'on les aide...

Harry ria alors légèrement et reprit la parole.

-Et tu penses qu'en disant ça, tu n'as pas pitié d'eux ?
-Non ! Disais-je offusqué. Je n'ai pas pitié, c'est juste un fait, ils sont de pauvres gosses, ils ne méritent pas la vie qu'ils mènent surtout à leurs âges mais c'est ainsi alors il faut les aider. Je ne les regarde pas avec les larmes aux yeux, je ne leur rappelle pas comme leur vie est affreuse, j'essaie juste de leur transmettre conseils, joie et passion.
-Tu es donc retourné au refuge ?

Il pencha légèrement la tête sur le côté, les sourcils froncés. J'aimais quand il faisait ça. Il était totalement perdu et pour une fois, son expression faciale était vraie et s'accordait à ce qu'il ressentait. Il paraissait plus vulnérable ainsi même si, pour certains, il paraîtrait encore effrayant. Je dirais plutôt menaçant... C'est plus... Sexy !

-Bien sûr, ce n'est pas parce que monsieur Harry Styles ne m'a pas vu ou n'est pas au courant de cela que je ne l'ai pas fait... Tes sources ne sont pas très efficaces... Tu as dû me suivre pour avoir mon adresse et tu n'étais même pas au courant que j'ai commencé des ateliers peintures bénévolement au refuge... Riais-je ce qui le fit rire également. Un rire qui en disait long.

J'avais raison et il le savait. Je gagnais et je me moquais. J'adorais cette position de pouvoir sur Harry Styles et je voulais en profiter le plus possible...  


HarryDarkSideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant