Hésitation (2)

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J'aimerais tant que tu partes... Que tu me lâches, que tu me libères, que tu t'en ailles loin de moi...
Je crois bien que c'est ça que je veux, oui, peut-être...

J'aimerais beaucoup...ou alors un peu... ou alors pas du tout. Je ne sais pas, je n'arrive pas à soutenir ton regard si monstrueusement beau.
Beau de façon malsaine, beau comme un piège prêt à se refermer sur qui s'y risque à l'intérieur, beau comme une toile d'araignée, ou alors... comme des sables mouvants... qui nous happent.

Je ne sais plus trop... j'aime bien ce sentiment d'être emportée dans ton petit jeu, j'ai l'impression de valoir quelque chose à tes yeux, et puis c'est si agréable, s'abandonner et se laisser faire...Enfin je crois.
Mais non, peut-être pas, car je veux aussi retirer ma main des tiennes, je souhaite aussi m'enfuir, tu me fais peur et tu es trop dangereux, si dangereux. Des mains fines qui cachent des sales pattes de monstre, voilà ce que tu as. Des yeux froids et sans âme qui n'ont aucune pitié pour le monde qui les entourent... Je crois bien que je te hais, en réalité.

Et puis ta voix...mélodieuse et si douce. Ta voix trompeuse, ta voix mielleuse, je préfèrerais mourir que de t'avouer qu'elle résonne encore dans ma tête, qu'elle me hante, qu'elle s'agrippe à moi et ne me lâche plus.

J'ai peur... J'aime tellement me faire posséder par ton visage d'ange que je vois partout, et puis même par ton ombre, pourquoi pas.
Je ne sais plus... par ta faute, j'hésite...
Je t'aime trop, je te hais trop, mais va-t'en par pitié, dégages, je ne veux plus te voir, cesses de jouer avec moi, disparaît, ça me fait mal!
Espèce de monstre, tu m'as aspiré ce que j'avais à l'intérieur. Je ne suis plus moi même, maintenant, par ta faute!
Je ne t'en veux même pas, je ne t'en veux même plus, parce que je suis devenue un pantin, ton pantin et je m'embrouille entièrement face au reste du monde, tu tires sur les fils et je t'obéis... Je t'appartiens.
Tu m'as volée comme on vole un objet.
Dans tes yeux... le reflet de moi-même... je crois qu'il s'est brisé.

J'hésite, j'hésite trop, ça me dévore de l'intérieur, toi et ce que tu m'as pris, je sens à la fois comme un grand vide et une grande nausée... S'il te plaît, viens m'achever, tu n'es pas un monstre au point de me laisser agoniser, non?... Cesse ce petit jeu sadique et aide celle qui s'est donnée à toi tout entière...

Hésitation, recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant