Fini le week-end

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Je me réveille, 6h30 direction salle de bain, me brosse les dents puis me regarde.
J'observe mon visage, mes traits sont horribles. Mes cernes sont noires, mes boutons refont surface, des rides ont fais leur apparition entre mes sourcils et autour de ma bouche, mes cils sont raides, mes cheveux sont gonflés et mes yeux ont l'air de vouloir sortir de leurs orbites.

Je retourne dans ma chambre plus déprimée que jamais pour choisir ce que je vais mettre aujourd'hui. Ma confiance en moi retombe de façon impressionnante, je vais donc essayer de m'habiller correctement pour au moins oser sortir. Je choisis mes vêtements: derbys, légère chemise marron foncée avec ma plus belle veste (élégante, sobre tout en ayant ce léger style rock'n roll) le tout avec un pantalon bleu clair.

Je commence donc à enlever mon haut mais je regarde mon ventre... J'ai grossie. Je me déshabille entièrement sauf sous-vêtements et cours devant le miroir.

Je fixe le gros truc moche debout devant moi et voit que des vergetures sont apparues sur mes hanches. Oh mon dieu. Oh mon dieu. Non. Pas ça. Pas ça. Pourquoi nom de dieu? Pourquoi? Je regarde mes cuisses plus enrobées que jamais, mes seins affessées, bouée installée sur mon ventre, mes gros bras et ma grosse tête laide. Pourquoi? Qu'à-t-il pu arriver à ma misérable existence pour me réveiller comme ça?

Je ne veux plus sortir. Je veux rester ici seule, cachée, je ne veux plus mettre le pied dehors.

-Ne pense pas à ce que tu vis maintenant. Pense à ton avenir. Ne gâche pas ta vie pour des petits problèmes d'adolescence.

Je commence à m'habiller mais décide de prendre un pantalon noir qui m'affinerais peut être un chouia. Je saute mon petit-déjeuner vu qu'apparemment j'ai des réserves.

Je sors en saluant Lucia et marche tête baissée, je ne veux absolument pas que les autres voient cette sale gueule.

J'ai un pincement au coeur en voyant Emmanuelle m'attendre de loin. Elle ose venir après tout ce qu'elle m'a faite ressentir. Je lui fais la bise quand même sans parler.

-T'as une sale gueule toi! Dit-elle en riant. Et c'est quoi ces fringues XD t'as pas perdu ton temps ce matin :')

Qu'est-ce qu'il lui prend? Je sais que dans sa nature elle est du genre très directe, elle ne dit que ce qu'elle pense, mais je trouve ça vraiment méchant. En général elle y va soft avec moi mais là...

Je reprend ma marche et essaye d'accélérer, je voudrais être le plus loin d'elle possible.

-Marche pas si vite! T'essaye de maigrir ou quoi? Si c'est ça c'est sans moi!

C'est pas possible tout ce qu'elle dit m'arrache le coeur. J'ai envie de pleurer

-T'as qu'à être plus rapide. Tu marche à deux à l'heure. Je veux pas risquer d'arriver en retard à cause de ton manque d'endurance. Lui dis-je sèchement.

Bon c'est pas la réplique la plus méchante qui m'est venue en tête mais c'est la seule que je puisse sortir.

Elle me rattrape en courant et on voit Sophie attendre l'ouverture du portail devant le lycée. Emmanuelle lui fonce dessus et lui saute dans les bras.

-Je suis trop contente de te croiser! Ça fait un jour qu'on se voit pas! Rigole Emmanuelle comme si c'était marrant.

-Haha toi aussi tu m'as manquée manu! Faudra qu'on se refasse ça en tout cas!

-Ah mais carrément! Et tu vois Malenn? Faut te décoincer le cul on est en avance.

Garde ton calme. Maîtrise ta patience. Elle la laisse même l'appeler manu alors que toi elle te fait chier. Elle ne te fait que des remarques blessantes comme si elle ne tenait qu'à creuser ta tombe. Mais garde ton calme.

Je suis bien contente de voir le portail s'ouvrir et j'accélere le pas laissant ces deux insupportables personnes derrière moi. J'ai gâcher 13 ans de ma vie avec cette fille qui n'en a rien à foutre de moi. Je baisse la tête en repensant au miroir qui se trouvait devant moi ce matin. J'ai envie de disparaître. Je finis à 18h merde.

*Ellipse journée*

J'ai mangé seule, j'ai déprimée seule, Et je suis même partie pleurer seule dans les toilettes des filles. L'élément déclencheur à ma crise de larme était une balle de basket malencontreusement reçue sur le nez par un joueur maladroit. Mon cerveau m'a posée un ultimatum, lui défoncer la gueule, ou lui dire que ce n'était rien. J'ai combattu la douleur, me suis reprise et ai choisie la deuxième option pour ensuite ma planquer et vider mon sac.

Bref ma journée finie je marche vers chez moi tête baissée, comme toute la journée, jusqu'à me retrouver dans une ruelle déserte, je m'autorise donc à lever les yeux vers le ciel. Sa bleutée infinie m'avait manquée il est magnifique. Un homme marche par là et je rebaisse la tête. Une fois parti je m'autorise un dernier coup d'œil avant de rentrer chez moi.

Je ne perd plus de temps, pyjama mit, grosse couette posée sur mes épaules, fesses installées sur mon lit, ordinateur sur mes genoux et de bons gros snacks.

Je mange sans retenue la même quantité de ce qu'une famille de 5 personnes aurait mangé le soir du réveillon. Je suis désolée d'avoir vidé tes placards et ton frigo Lucia mais j'ai comme l'impression que ça me soulage. Je mange et je me sent mieux, toute ma journée est oubliée par mon esprit. Une fois mes deux James Bond regardés j'éteinds mon ordi et regarde tous les emballages désormais vides autour de moi... J'ai tout mangé... Tout va se transformer en graisse... Toutes ces cochonneries sont dans mon estomac... Tout en une fois. Ce que je viens de faire est horrible. Je pars jeter mes emballages et retourne au salon. Lucia est endormie sur le canapé, elle a due être trop fatiguée pour dîner. J'ai des regrets... Elle travaille dur et moi je vide ses placards sous prétexte que je me sent mal. Non seulement je suis horrible physiquement, mais aussi mentalement, je suis une ordure, un déchet de la nature.

Je pleure dans ma chambre jusqu'au sommeil lourd qui s'installe peu à peu sur mes yeux gonflés et mes cheveux décoiffés.

Kimyō (bizarrerie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant