UN MESSAGE

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« Je marchais près des barbelés, lorsqu'un oiseau vint se poser près de moi. »

Surprise, je sursautai, et levai les yeux sur l'animal. Sur sa queue, les plumes blanches maculées de sang laissaient croire qu'on avait tenté de lui tirer dessus.

Fébrile, je levai la main, et fus étonnée de voir qu'il ne s'enfuyait pas, qu'il restait là, calme, placide.

Ses pattes étaient couvertes de boue et sa robe de soie blanche ruisselait.

Il avait dû pleuvoir, de l'autre côté. J'approchai timidement la main, et la déposai sur la tête de l'oiseau, que je caressai tendrement. Il effectua un léger battement d'ailes, mais ne broncha point, leva seulement la tête pour m'en demander davantage.

Je fronçai les sourcils, et fus prise de stupeur lorsque mon regard rencontra la chaîne qui pendait autour de son cou. Un morceau de papier avait été glissé dans le collier. Curieuse, je tendis les mains et attrapai l'objet, que je dépliai. Il y avait écrit ces mots:

J'AI TROUVÉ UN MOYEN DE M'ENFUIR. NE ME DEMANDE PAS COMMENT. SACHE JUSTE QUE NOUS SERONS BIENTÔT RÉUNIS. ATTENDS MOI À MINUIT CE SOIR, DEVANT LA BARRIÈRE. DÈS QUE JE POSERAI LE PIED À BERLIN-OUEST, JE T'ÉPOUSERAI.

JE T'AIME
ALEXANDRE


Un sourire éclaira mon visage. L'ayant relue trois fois, j'amenai la missive à mes lèvres et la couvris de baisers. Il m'avait retrouvée! J'avais eu raison de garder espoir. Alexandre m'avait toujours rappelée qu'il ferait n'importe quoi pour moi. Ce soir, il allait défier les lois.

Inconsciemment, je déposai un doigt sur mon annulaire encore nu, puis je lissai la jupe de ma robe, d'une couleur si pure qu'elle évoquait celle du cristal. Pensive, je levai les yeux, et observai la barrière avec attention, mon esprit s'envolant loin d'ici, au-delà des barbelés.

Ce soir, répétai-je en moi-même. Ce soir, rien ni personne ne pourrait m'empêcher d'être heureuse.

Mon Jardin SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant