Mon Jardin Secret

IGNIS

Les flammes.

Tout autour de moi était noir et pourtant, je pouvais les sentir me caresser le corps. Elles grimpaient lentement le long de mes bras, enveloppaient mes membres, tel un serpent affamé sur le point de me piéger.

La sensation nouvelle de brûlure sur ma peau me procura d'étranges frissons et, avalant une grande bouffée d'air, j'ouvris soudain les yeux.

Je revins doucement à moi, respirant encore par saccades, à la fois tremblante et suffoquante.

Lorsque ma vue se clarifia, je vis d'abord l'incendie se dessiner devant moi, les flammes rouges, oranges et or se mêlant à l'étouffante nuée de poussière. Tout n'était que ténèbres et obscurité. Je gisais là, au milieu d'objets brûlés, étendue à même sol.

Parcourue par l'adrénaline, je me levai d'un geste brusque, évitant de près le feu qui venait me lécher les doigts. Titubant, je manquai m'écrouler dans les flammes.

Me redressant avec peine, je tapotai mes mains sur mes genoux, pour défriper la longue robe grisâtre dont j'étais vêtue.

Celle-ci ressemblait davantage à un drap que l'on aurait cousu de telle façon qu'il fût plus ou moins semblable au vêtement voulu. Le bas de la jupe, ayant commencé à se consumer, était noirci, et les manches démesurément larges retombaient sur mes épaules nues.

Observant les environs, je me rendis compte que l'incendie avait déjà envahi la maison et mon petit lit recouvert d'un drap pourpre que m'avait offert ma mère brûlait, tout comme les moindres recoins de la chambre de mon enfance.

Consciente que j'avais été condamnée à mourir, je tentai d'atteindre la porte, mais les langues fourchues se dressèrent devant moi, m'entourant de toutes parts.

Réunissant les forces qui me restaient, je poussai un hurlement, qui s'étouffa dans un cri lorsque je me mis à tousser violemment, sans pouvoir m'arrêter.

Je m'appuyai sur le bord d'une table de chevet, et je posai les genoux à terre, tentant en vain de me calmer.

Une larme roula sur ma joue, telle une lourde perle chargée d'émotions, et j'observai une dernière fois la pièce en feu, avant que je ne m'écroule sur le sol.