Un AARON

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Je me réveille à nouveau en sursaut. Encore une cauchemar... Toujours elle, toujours la même scène. Elle me manque tellement. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Tant de questions qui resteront sans réponses. Je ne peux plus rester comme ça, les bras croisés à attendre des réponses. Je l'aimais comme un fou. Malgré qu'au fil du temps, on s'éloignaient, je l'aimais quand même. Elle était mon premier amour et elle restera le dernier. Je me le promets. Ce n'est pas qu'une simple promesse faite à sois même, mais plutôt une interdiction. Thomas, mon meilleur ami d'enfance, m'a déjà dit que je devais tourner la page. Mais tourner la page signifie quoi exactement ? À vrai dire, j'ai la trouille. Et si un jour j'oubliais tout ? Je ne veux pas que cela arrive. Parce que pour moi, tourner la page signifie l'oubliait, ne plus aller la voir sur sa tombe, rejetait ses souvenirs, l'oubliait définitivement, la remplacer. Et ça ne je le veux pas ! Elle était mon oxygène. Et aujourd'hui je dois lutter pour continuer de vivre avec le peu d'air qu'elle m'ait laissée. Je contemple nos dernière photos prise ensemble. Puis, comme ci je pouvais encore la voir, je relève la tête et lui murmure :

«Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi t'es partie ? Pourquoi tu m'as abandonnée ?» Ne tenant plus, j'envoie un SMS à mes potes. Ils me répondent aussitôt me disant que c'est OK pour eux. J'ouvre donc la fenêtre. Il fait beau dehors. Je prends ma veste et je descends pour sortir dehors. Je claque un bon coup la porte, pour faire comprendre à mon père que je suis partit faire un tour. On a ses gestes anodins qui deviennent des signes pour se faire comprendre. Je sors mon paquet de cigarettes et j'en prends une. Souvent, quand je vais pas bien, sois je fume un joint ou une cigarette pour oublier tout ça quelques instants, sois je les appelles. Mais malgré tout, je ne l'oublie pas. Elle est ancrée en moi, comme un tatouage qui déverse son ancre à l'intérieur de ta peau.

Alors que je suis entrain de fumer tranquillement, je les aperçois au loin. Mathieu, Thomas, Antoine et Simon. Et lorsqu'ils arrivent face à moi, tous me regardent du pied à la tête.

«Toujours elle ?» Me demande Mathieu. Je hoche la tête.

«Tu sais, je te l'ai déjà dit, mais tu devrais tourner la page.» Relance Thomas, alors que nous descendons le sentier qui mène à la plage.

«Parlez-moi d'autre chose, avant que je vous mette la tête dans le sable, tous les deux !» Ils entreprennent donc tous, de me raconter leurs début de vacances. Thomas a passé ses journées à jouer, Mathieu a aller à des soirées et se taper des meufs, Antoine était avec sa copine et Simon, lui, regardait la télévision.

«Super les vacances... Moi qui pensait être le seule à m'ennuyer autant durant mes journées, je me rends compte que finalement non.» Soudain, alors que je shoot dans une canette vide qui jonchait la plage, Thomas met sa main sur mon torse pour m'arrêter. Je les vois du coin de l'œil, se regardaient et hochant la tête, Thomas me dit :

«Mec, tu devrais regarder en face de toi.» Je comprends très vite, leurs réaction. Mon cœur semble se brisait une deuxième fois, comme un poignard qui vient se loger à l'intérieur. La fille en face de nous, lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Non, c'est pas possible !  Il faut que j'aille vérifier de plus près. Je cours donc le plus vite possible pour la rejoindre. Et quand j'arrive à ses côtés, je l'observe de plus près. Mes mains tremblent. Aucune imperfection, une toute petite bouche et des yeux bleus foncés. Ses cheveux blonds-vénitiens viennent fouetter son visage. Exactement la même, en chair et en os, à la différence que Lili est morte et que cette fille a quelque chose de différent que Lili n'avait pas. Ni croyant toujours pas, je tente tout de même le coup, étant trop persuadé que ce soit elle.

«Lili ? C'est toi ?» Et lorsque je prononce son prénom, un éclair de tristesse, de souvenirs douloureux, de souffrance, traverse ses yeux.

«Désolé, tu fais erreur.» Puis elle part en courant. Je la regarde courir le plus vite possible et n'ayant plus qu'un seul objectif en tête : savoir qui elle est, pourquoi a-t-elle réagit comme ça quand j'ai prononcé son prénom et d'où vient-elle, je lui cours après.

«Hé ! Arrête-toi Malgré la bourrasque de vent, elle m'entend et se retourne pendant sa course, mais détourne aussitôt son regard. Elle coure très vite. Même plus vite que moi. Je commence à ralentir quand je la vois monter la digue et quand elle arrive face à sa maison, mon cœur me lâche et je m'écroule au sol. Mes mains tremblantes, je la regarde rentrer dans sa maison. Quelques instants après, les garçons arrivent.

«Alors ?» Me demande Simon, tout essoufflé.

«C'était sois Lili, sois son sosie. Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau et elle est rentrée dans la même maison que Lili. Il y avait quelque chose de différent chez elle, mais, c'était son portrait tout craché.»

«Mec, t'es sûr de l'avoir vu rentrer chez Lili ? Tu t'es peut-être trompé ?» S'inquiète Mathieu.

«Je sais très bien ce que j'ai vu ! Je suis pas fou.»

«Ça arrive, tu sais... On croit tellement à cette idée, à cette espoir, qu'on a l'impression de l'avoir vécu.»

«Putain, foutez moi la paix ! C'est pas le moment là.» Mes poings toujours serrés, je remonte la digue à mon tour et lorsque je passe devant sa maison, je ne peux m'empêcher de regarder la fenêtre de sa chambre. Je vois alors, le rideau bouger. Elle est là. Je n'ai pas rêvé ! Je reviendrais un autre moment. En attendant, il faut que je rentre chez moi, me détendre.

RevengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant