Deux LIV

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J'ai besoin de prendre l'air. Il fait vraiment chaud en ce mois d'août. Il y a beau avoir la climatisation dans ma chambre, j'ai toujours chaud. Dehors, le soleil illumine Price. Je me demande si c'était une bonne idée de revenir ici. Notre maison est devant la plage, alors je peux facilement y accéder. Je m'assois dans les dunes. Mes doigts plongent dans le sable granuleux et ressortent en le laissant filer. Comme la vie...
Au loin, les vagues remontent et repartent. Certaines sont plus fortes, plus hautes que d'autres. Je décide de descendre. J'ai besoin de me dégourdir les jambes. Mes espadrilles s'enfoncent dans le sable chaud. Depuis que mes parents et tout nos voisins de la vie ont rachetés cette partie de la plage, c'est plus pratique et tranquille pour se promener ici. J'observe face à moi la plage qui s'éloigne à perte de vue. Mes doigts joues avec mon t-shirt. Elle me manque tellement... J'aurais dû rester ! Je n'aurais pas dû choisir de faire ce putain de road trip, pour ensuite avoir eu un coup de cœur pour Portland, y rester et ne plus revenir à Price jusqu'à cet appel. Une larme roule le long de ma joue, mais je l'essuie très vite du revers de la manche. Comment j'ai pu la laisser seule ici ? Elle était ma chair et je l'ai abandonnée. Comme un vulgaire caillou. Peut-être est-elle partie à cause de moi, à cause de ce départ... Il faut que je trouve son journal, au plus vite !  Alors que je me demande où a-t-elle pu cacher son journal, un garçon se poste à mes côtés. Je sens son regard se poser sur mon visage. Pourvu que ça ne soit pas un abruti qui veuille me draguer ou je ne sais quoi !

«Lili ? C'est toi ?» Et à la seconde où il prononce son nom, mon cœur rate un bon et toutes les images me reviennent en mémoire. Le moment où je l'ai vue son regard perdu dans le vide, où je me suis effondrée à ses côtés, où j'ai tenté de la réanimer, où j'ai hurlée, mais personne n'est venu et elle ne s'est jamais réveillée. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Les larmes me menacent et je me ressaisie automatiquement.
«Désolé, tu fais erreur.» Puis, je m'enfuie. Et dire que pendant quelques instants, j'ai cru que c'était un abruti. J'avais, si vite, oubliée pourquoi mes parents ne me regardent plus dans les yeux, pourquoi notre famille s'est détruite dès l'instant où elle est morte. Je lui "ressemblais comme deux  gouttes d'eau", voilà ce que tout le monde me répétait. J'étais sa moitié et quand quelqu'un, qui la connaissait, me voyait, tout de suite, on pensaient que c'était elle. Au fond, j'avais raison de rester à la maison. Je devrais ne plus sortir. Ou peut-être sortir la nuit quand tout le monde dors. Quand plus personne ne peut me voir. Parce que dès qu'on me voit, dès qu'on prononce son prénom tous les regrets, les erreurs et les souvenirs me reviennent et c'est comme se faire planter un couteau dans le cœur. Et il y a aussi les questions du pourquoi on ne m'a jamais vu, pourquoi je l'ai laissée etc... Après tout, peut-être que si c'était moi qui était partie,tout le monde serait mieux. Je ne mérite peut-être pas ma place.


«Hé! Arrête-toi Je me retourne quelques instants et je regrette aussitôt quand je vois cette lueur que tout le monde a quand on me voit ou quand on parle d'elle. Je continue alors de courir, mais cette fois encore plus vite. Quand j'étais au collège, avant qu'on ne vienne à Price, j'étais celle qui courait le plus vite. Aujourd'hui, je vais voir si c'est toujours le cas. Je monte ensuite la digue et j'arrive enfin à la maison.Puis lorsque je ferme la porte à clé, je regarde ensuite par la fenêtre. Il est assis sur la plage et quatre garçons viennent le rejoindre. Il a l'air totalement triste. Je m'en veux tellement de lui ressembler. Parfois j'ai tellement dû mal à me regarder dans la glace. Même s'il y a quelques petites choses qui changent, je lui ressemble quand même. Bon en tout cas, je n'ai pas perdu de mon endurance. Il faudrait que je m'entraîne à nouveau. J'irai courir cette nuit. De toute façon, je n'arrive pas à dormir correctement,alors je ne vois pas ce qu'il y a de mal. Comme d'habitude, il n'y a personne à la maison. Ma mère est infirmière, mais depuis qu'elle est partie, ma mère a pris des congés et est partie chez ces parents. Quant à mon père, il fait tout pour m'éviter. Alors sois il bricole, il voit ces amis ou il va au golf, sois il travaille à son cabinet. C'est un architecte. Ils m'évitent tous les deux, je le sais et je les comprends parfaitement. Je ne peux pas vraiment leur en vouloir, moi, qui évite de me regarder dans un miroir. Je monte à l'étage, étant prête à tout pour retrouver ce journal, y compris de retourner dans sa chambre. J'arrive donc à sa porte et je ne peux m'empêcher de toquer comme j'avais l'habitude de le faire pour venir lui parler ou pour l'appeler pour qu'elle vienne manger. Lorsque je rentre dans la pièce, je remarque que les volets sont fermés. Je les ouvre donc et ouvre sa fenêtre. Quand je jette un œil sur la plage, je vois le garçon qui regarde la fenêtre de sa chambre et quand il me voit, je m'écarte aussitôt. Puis, je commence à examiner sa chambre. Où as-tu pu bien le cacher ?

Il fait nuit dehors. Je n'ai même pas fait attention au temps. J'étais tellement obnubilée par ce journal. Au final, je n'ai rien trouvée. Pas même un indice. Tant pis, j'ai besoin d'aller me libérer, il est donc temps que j'aille courir. Je sors donc de sa chambre et pars dans la mienne prendre ma tenue et mes baskets. Une fois prête, je descends les escaliers et comme je m'y attendais, mon père n'est toujours pas revenu, malgré qu'il soit une heure et demi du matin.Il s'est sûrement endormi sur son bureau. Je prends donc mes clés et ferme correctement la porte. Je vais ensuite sur la plage et je commence par m'échauffer.

La lune reflète sur l'océan. C'est tellement beau. J'ai finie par faire une pause. Ça fait déjà deux heures que je cours et je ne sens toujours pas la fatigue. Je continuerai donc après jusqu'à l'épuisement. En attendant, je contemple cette splendide vue qui s'offre à moi.

«Tu vas t'en fuir encore une fois si je m'installe à côté ?» Me demande une voix derrière mon dos.


RevengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant