Revenge

Quatre LIV

Enfoiré !

Je marche le plus vite possible. La rage me monte. Je le déteste ! J'ai envie de frapper quelque chose. Je marche toujours vite, mais je finis par courir. Inspire, expire, inspire, expire Liv. Aller ! Lorsque j'arrive chez moi, je monte le plus vite possible dans ma chambre. Calme toi ! Reprends toi, ce n'est qu'un lâche, il n'en vaut pas la peine, il est comme tous les autres : un enfoiré de première. Je n'arrive point à enfouir cette rage et les larmes ne cessent de couler. Elle me manque tellement. Je m'effondre sur mon lit. Tout ceci est de ma faute. Il a raison et moi, je n'aurais pas dû insinuer qu'il était en parti responsable. La douleur remonte, se logeant comme à son habitude dans mon cœur, pour montrer à quel point elle prenait de la place dedans et que aujourd'hui cette partie est vide. Je me relève, étant décidée à faire disparaître cette douleur. Je me dirige vers la salle de bain située à côté de ma chambre. J'y rentre. J'ouvre ma trousse de toilette et y sort un rasoir. Je commence à le trafiquer et j'arrive enfin à retirer les lames. J'en prends une. Mon bras, ma main l'a dirige vers mon bras et je fais un petit trait. Mon visage se tord dans tous les sens à cause de la douleur, mais d'un côté je suis soulagée. Comme ci chaque trait pourrait apaiser cette douleur. J'en refait un. Plus profond. Le sang sort. Ça pique. Je tiens bon. Je continue. Une. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Aller une dernière, Liv. Vas-y ! Et j'en fait une dixième. Je regarde mon bras mutilé. Et je souris. Je sens juste la douleur de ma peau ouverte. Je laisse couler mon sang et je joue avec. Je dessine. La culpabilité revient. Putain, tout est de ma faute. J'aurais dû rester et ne partir. C'était tellement stupide de partir... Pourquoi les souvenirs sont ils toujours autant douloureux ?

×

Les journées passent et je continue. Je repasse sur chacune des cicatrices. Je les contemple. Je passe mes doigts dessus. C'est comme une victoire. J'arrête de sortir. À quoi ça sert ? Je n'ai pas vraiment d'amis et si je ne veux pas recroiser Aaron et lui surtout, je dois me faire discrète. J'évite aussi de descendre pour manger. Je ne veux pas croiser le regard de mes parents, parce que j'ai peur qu'ils apprennent ce que je fais et surtout à quoi ça sert ? Ils ne me regardent même plus. Alors quand ils sont couchés, je descends pour prendre mon assiette. Malgré que ma mère ne me regarde plus, elle me laisse à chaque fois une assiette dans le frigo. Elle ne dit rien, comme mon père et je les remercie. J'appréhende la rentrée. Je n'ai pas envie de revoir tout ce monde qui s'est moqué de moi, ces gens qui me regardaient avec des yeux d'hypocrite qui croyaient aux rumeurs. Et surtout lui.

×

Ce matin, c'est la rentrée. J'ai réussi à dormir un peu. Quatre heures, ça peut aller, non ? Je sors du lit. Et je pars me préparer.

J'en ressors quelques instants plus tard. Je reste assez sobre. Aujourd'hui, ça fait trois mois qu'elle est morte. Trois mois... Et pas une seule fois sans penser à elle ! Et tout ces regrets qui me hantent. Je prends mon sac de cours et je descends. Mon père est dans la cuisine. Ses cheveux en bataille, il est encore en pyjama, assis sur le tabouret autour de l'îlot de cuisine. Première fois que je le vois depuis qu'ils m'ont retrouvés avec elle dans mes bras. Il a encore vieillit. Ses rides se sont creusés un peu plus, sa peau a poursuivie son tissage passant par le marquage de ses traits, ses yeux sont plus livides qu'ils ne l'ont été auparavant. Quelques vaisseaux éclatés rendent ses yeux bleu, plus foncés et inquiétants avec ce rouge qui remplit le blanc. Avant, avant tout ça, le père que j'ai connue, était toujours méticuleux, il ne devait avoir aucun défaut, tout était parfait. Aujourd'hui, c'est un oxymore en lui-même... Je prends un muffin, posé sur l'îlot de cuisine, en l'évitant le plus possible, puis je sors. L'arrêt de bus est à cinq minutes de chez moi à pied. Quand j'arrive, il y a déjà du monde.