PROLOGUE

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Je faisais partie de ces filles qui dévorent les romans à l'eau de rose, qui croient en l'âme sœur et à l'amour éternel. J'y ai cru pendant de nombreuses années. Et puis, il y a eu le retour à la réalité. Ce fut brutal, terrifiant, dévastateur.

J'ai toujours été un peu rêveuse et profondément sympathique. Quelqu'un souvent de bonne humeur, d'optimiste. Et puis, lors de ma fête d'anniversaire de mes 18 ans, j'ai rencontré Paul, 22 ans, maçon, les épaules carrées, le ventre plat, les cheveux blonds, les yeux bleus et, surtout, grand collectionneur de filles. Alors, éblouie par tant de perfection physique, je me suis dis que non, les autres se trompaient, que ça ne pouvait pas être un mauvais garçon. Vous savez, la célèbre histoire de la jeune fille pure qui sauve le bad boy. Et là, quatre ans d'amour idyllique. Bam ! L'amour, avec un grand A. Diner aux chandelles, week-end à Venise, petit déjeuner au lit, bouquet de fleur à foison, bijoux, câlins, fou rire, complicité et j'en passe. Nous nous sommes installés trois mois après notre rencontre et je me suis habituée à ce qu'il rentre tard, parce qu'il était aussi un ami extraordinaire. Il ne comptait pas les heures qu'il passait à remettre en état les voitures des copains, ni celles pour construire un abri de jardin ou un barbecue chez un tel ou un tel. Qui ne rêverait pas de trouver quelqu'un d'aussi altruiste, d'aussi dévoué!

Mon Dieu, je vous laisse imaginer mon choc quand j'ai trouvé ma perle rare, les fesses à l'air, entourées par de sublimes jambes chaussés d'escarpins rouge taille 38, les mains sur des seins bonnet C, la langue dans une bouche couverte de gloss à la cerise, et je vous épargne le détail le plus intime, puisque je pense que vous avez compris où je voulais en venir. Ce samedi de Mai, les bras chargés de courses, je montais les quatre étages qui menait à notre appartement, légèrement énervée du fait que notre ascenseur soit, encore une fois, en panne et hébétée du spectacle qui s'offrait à moi, sur le palier du troisième. Hébétée, choquée, meurtrie, salie, dévastée, anéantie, brisée et j'en passe. J'ai eu le droit au légendaire et incontournable « bébé, c'est pas ce que tu crois », la queue à l'air sertie d'un sublime préservatif bleu. J'ai eu cette pensée totalement stupide : "au moins, il se protège". Non mais quelle conne ! Il a remonté son jean rapidement et j'ai découvert le visage angélique de mon amie Katia. La sublime Katia, toujours fourrée chez moi à me dire « Tu as vraiment beaucoup de chance d'avoir Paul dans ta vie ». Quelle amie !

J'ai appris un peu plus tard que Katia n'avait pas été la seule. Il y avait eu Mélodie, Juliette, Annie, Marie, Amanda, Viollette, Sandryne et j'en passe. En réalité, très peu de monde avait échappé à mon serial baiseur. La grande classe. Toutes ces voitures à retaper, tous ces barbecues à construire, tous ces meubles à monter, tout n'avait été que mensonge et trahison. Et le pire, c'est que tout le monde le savait et tout le monde me mentait. Comment se sentir plus humiliée ? (oui, bon, objectivement, il y a pire, je vous l'accorde ! )

Alors, j'ai décidé de faire table rase du passé. Un pari un peu fou et osé mais soutenue par le seul ami qui me restait, mon meilleur ami de toujours, Pierre, j'ai tout quitté : mon homme idéal, mon boulot bien payé, mon appartement cosy, mes amis bienveillants et ma famille aimante (j'espère que vous avez noté l'ironie). J'ai fait ma valise, remplit un ou deux cartons, chargé ma voiture et je suis partie squatter le petit T2 de Pierre à 300 Km de ma ville natale. Ici, je ne connaissais donc personne, hormis Pierre. Je n'étais donc plus la risée de tous et pouvais me reconstruire lentement mais surement sous le regard bienveillant de mon ami. Et surtout, retrouver un boulot parce que même si Pierre souhaitait m'héberger pendant quelques temps gratuitement, je ne comptais pas abuser de sa gentillesse indéfiniment.

Il me fallut un mois pour arrêter de pleurer sur mon sort, deux pour refonctionner comme tout être humain civilisé, quatre pour trouver un job, trois pour valider mon CDI et neuf mois au total pour trouver un nouveau logement. Logement qui se trouvait deux étages au dessous de celui de Pierre et sur le même palier que celui de mon petit frère, Austin. Celui-ci, après être venu me rendre visite un week-end, avait décidé de venir nous rejoindre. Mes parents m'en avaient voulu à mort. Déjà j'étais partie sans aucunes raisons évidentes à leurs yeux. Oui, Paul était un peu jeune, un peu fougueux mais il était excusable, selon eux. Je lui avais mis trop de pression, et il avait réagit comme tout homme de son âge l'aurait fait : en baisant avec tout le village. Et en plus, je leur volais leur bébé, l'entrainant dans une ville bien trop grande pour lui qui ne pouvait sans doute lui offrir que désillusion et tourment. J'allais envouter la prunelle de leurs yeux avec tout le vice qui règne dans les métropoles.

En réalité, Austin étouffait à la campagne et sous l'amour débordant de ma mère à son égard. Le moindre petit bleu ou petit rhume et mon frère avait interdiction de quitter son lit. Il en a profité son aise plus jeune mais à 21 ans, il aspirait à autre chose qu'être le bébé de sa maman. D'autant plus, que mon frère n'est plus un bébé depuis un moment. Il a donc plié bagage et a débarquer en métropole afin de vivre sa vie comme il l'entendait. Et pour ma part, j'étais ravie d'avoir mon petit frère à portée de main. Nous nous entendons bien, aussi bien qu'un frère et une sœur. Je ne supporte pas son appartement débordant de chaussettes sales et de tee-shirt puant la transpiration, je ne supporte pas ses rires gras et ses manières de faire avec les filles mais je l'aime et j'adore aller au cinéma avec lui ou manger un plat de pâtes devant une émission stupide en sa compagnie. J'aime aussi son petit air protecteur quand on m'aborde dans la rue ou qu'un de ses copains m'approche un peu trop près. Il faut savoir que nous avions fait un deal, étant plus jeune. Ayant été un peu plus rapide que moi pour perdre sa virginité, nous avons passé le cap à peu près durant la même période. Nous avons donc décidé que je ne sortirais pas avec ces potes et qu'il ne toucherait pas à mes copines. Deal raisonnable dans la mesure où des ados pré pubères ne m'intéressaient pas des masses et évitant ainsi de perdre mes amies qui auraient très probablement finies blessées au vu de la façon dont mon frère se sert des filles comme de Kleenex. Enfin bref, j'aime mon petit frère et je passe pas mal de temps avec lui. Et quand je ne suis pas avec lui, je suis fourrée chez Pierre. Résultat, je ne me suis jamais vraiment retrouvée seule. Donc, prendre un appartement me foutait grave les jetons. Compromis assuré avec ce logement. Je suis chez moi mais à deux pas des personnes qui comptent pour moi. Parfait !

J'ai donc emménagé dans ce magnifique deux pièces avant-hier. Hier, j'ai déballé les cartons et aujourd'hui je suis prête à vivre ma nouvelle vie de célibataire. Enfin, je pensais l'être mais rien ne s'annonce comme je l'avais prévue. . .


I'am back !

Première partie du chapitre 1 mercredi...

N'oubliez pas que le tome 3 de Destins sort le 5 aout soit vendredi prochain. La fin que vous attendiez tous avec ces révélations stupéfiantes débarque. Êtes-vous prêt à apprendre la vérité ?

Charlotte

De l'autre côté du couloir ( Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant