DE SANG ET D'ARGENT T6 Once given never forgotten [Terminée]

4. Nana

— Tu devrais au moins le rencontrer avant de dire non, Nana, dit Rayann de son ton posé qui n'appelait aucune réplique.

J'imaginai très bien le regard qu'il aurait posé sur moi en cet instant ; un mélange de moquerie et d'agacement. Rayann était un peu mon ami, mon grand frère et parfois, quand ça lui prenait, mon boss. C'était drôle quand ça arrivait. Comme maintenant. Surtout que je m'y attendais rarement. Rayann n'était pas le genre d'homme à passer du coq à l'âne, à part sur certain sujet.

Comme le fait qu'il était peut-être temps pour moi de prendre un assistant ou quelqu'un dans ce goût-là. Encore une fois, Rayann ne comprenait pas mon désir de travailler seule.

Je ne trouvais pas l'idée d'avoir un assistant dérangeant, loin de là, mais... je ne sais pas, je ne me voyais pas traverser les États-Unis ou même le monde entier avec quelqu'un accroché à moi. Dit comme ça, ça faisait presque comme si je parlais d'un chiot... j'étais vraiment horrible comme personne.

— Pourquoi est-ce que tu attends toujours que je sois ailleurs pour me parler de ça, Rayann ? dis-je en soupirant. Comme si tu n'aurais pas pu m'en parler à notre dernière expo.

Qui ne remontait pas à si loin que ça quand on y pensait. Mais je ne voulais pas penser aux derniers jours passés. Ça ne faisait que me rappeler à quel point j'étais une idiote sans cervelle. Et je pesais mes mots en disant cela.

— J'oublie les sujets importants quand tu es là. C'est ton charisme je crois, se moqua Rayann en pouffant.

Je levai les yeux au ciel et plongeai mes pieds dans l'eau de la piscine. Elle était chauffée et juste à la bonne température. Nous étions début mars et le temps n'était pas franchement très clément avec nous. Mais la journée, avec le soleil, ce n'était pas si terrible.

— Arrête de te moquer de moi espèce de monstre.

Il rit et je l'entendis répondre à quelqu'un derrière lui. Rayann était un homme occupé. Autant que je l'étais d'habitude. Sauf que durant ces six derniers jours, je n'avais pas fait grand-chose. En fait, je n'avais rien fait du tout. J'étais restée éloignée de mon appareil photo et je passai mon temps à fixer mon téléphone.

Espérant qu'il sonne en sachant très bien que quand il le faisait, ce n'était pas la personne que j'attendais. J'aurais pu rire de ma propre bêtise, mais j'avouai que ça ne m'amusait pas du tout.

— Non, mais sérieusement, Nana. Il faut que tu rencontres Noan. Tu l'aimerais beaucoup, je te connais. Et tu sais comme c'est dur de se faire un nom dans notre monde. Laisse-lui sa chance. Une toute petite.

Pourquoi est-ce qu'il fallait que Rayann ait toujours les mots justes ? Pour n'importe quelle situation en plus de ça ?

Il savait qu'il pouvait facilement m'avoir avec les sentiments et bon sang, il ne s'en privait pas le moins du monde ! Mais je ne pouvais pas lui en vouloir.

Dans notre monde, c'était un vautour.

Voilà pourquoi il était là où il était aujourd'hui.

Pourquoi il était autant respecté et demandé.

— Ça risque d'être compliqué pour moi de venir dans les jours qui viennent, Rayann. Un mariage se prépare ici et je suis témoin de la mariée.

Je souris en le disant. Que Yuni me le demande à moi plutôt qu'à l'une de ses sœurs m'avait réellement fait plaisir. Pas que cela m'ait choquée, mais j'avoue que... je ne m'y étais pas du tout attendue.

— Qui va couvrir l'événement ? s'enquit Rayann, toujours très professionnel.

— Tu crois que je t'appelais simplement pour prendre de tes nouvelles ?