- Réveille-toi, Margaux ! Nous sommes presque arrivés, ma chérie !
Margaux Walsh battit des paupières et regarda par la vitre du 4x4.
- Où sommes-nous ? demanda-t-elle d'une voix ensommeillée en découvrant une barrière blanche bordant une prairie verdoyante. Pourquoi m'avez-vous laissée dormir ?
-Nous venons de quitter l'autoroute, expliqua son père.
-Tu n'as rien raté, déclara sa mère. Et tu avais besoin de te reposer.
Margaux haussa les épaules. Elle passa la main dans ses mèches rousses, songeant avec soulagement qu'elle allait bientôt échapper à cette mère qui la couvait trop. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, mille pensées se bousculaient dans sa tête. Mais le moment tant attendu arrivait enfin: le jour de la rentrée à Chestnut Hill !
Elle scruta les pâtures dans l'espoir d'apercevoir des chevaux et les premiers bâtiments de l'école. Son cœur se mit à battre plus fort quand elle découvrit les piliers de briques marquant l'entrée du pensionnat. Sa nouvelle école, très réputée, possédait une section d'équitation de haut niveau.
- C'est là ! s'écria-t-elle.
La voiture franchit la grille en fer forgé qui portait l'emblème de l'école: un châtaigner sur lequel se profilait la tête d'un cheval. La main en visière pour se protéger de l'éclat du soleil, Margaux observa les chevaux au paddock. elle les trouvait tous beaux, mis elle ne cherchait un en particulier, un poney à la robe brune mêlée de blanc. Elle se pencha entre ses parents pour mieux voir l'imposante construction de style colonial qui, un siècle plus tôt, accueillait les élèves du pensionnat. Avec ses hautes colonnes blanches, la bâtisse était l'exemple même de la demeure traditionnelle du Sud. Aujourd'hui, elle abritait les bureaux des professeurs et ceux de l'administration. Salles de classes et laboratoires se trouvaient de l'autre côté du campus, dans des bâtiments en brique rouge.
Depuis qu'à l'âge de dix ans elle avait lu dans la revue Cheval et cavalier un article sur Chestnut Hill, Margaux n'avait qu'une idée en tête: y être admise.
<< Ça y est, j'y suis ! se dit-elle avec un frisson d'excitation. Incroyable ! >>
L'école possédait des installations très attractives: une piscine olympique, une piste d'athlétisme couverte, un atelier de céramique... De plus, l'établissement était connu pour la qualité de son enseignement général, qui préparait les élèves aux universités les plus cotées. De quoi plaire aux parents.
La voiture tourna à gauche, suivant les panneaux qui indiquaient la direction des dortoirs. Il y avait des six bâtiments réservés aux élèves. Margaux savait déjà qu'elle serait dans le dortoir Adams, qui par chance, était le plus proche de l'écurie. Elle glissa sur le cuir de la banquette pour regarder de l'autre côté: ils longeaient les écuries.
<< J'y serais en cinq minutes, pensa-t-elle. Qu'est-ce que j'ai hâte de passer l'épreuve de sélection pour l'équipe ! >>
Elle suivit des yeux une jeune fille portant deux seaux, qui s'arrêta devant la dernière stalle. Quand elle ouvrit la porte, Margaux aperçut un cheval noir. Il était si beau qu'elle ne pouvait le quitter du regard.
- Tu vas attraper un torticolis si tu continue à te tordre le coup comme ça, la taquina Mme Walsh.
Quand Margaux se retourna, elle vit que sa mère la scrutait dans le miroir du pare-soleil.
- Il faut te brosser les cheveux, dit Mme Walsh. Ta coiffure ne ressemble à rien.
La jeune fille passa la main dans ses boucles flamboyantes. Elle avait hérité de la couleur des cheveux de sa mère, mais pas de sa patience pour discipliner sa tignasse...
- Je ferais peut-être mieux de mettre ma bombe, lâcha-t-elle en souriant. Comme ça, personne n'y fera attention. Arrête-toi papa je vais la prendre dans le coffre.
- Si je m'arrête maintenant, répliqua son père, tu vas filer dans l'écurie, et ta mère sera obligée de t'envoyer prendre une douche !
- Pas faux ! rétorqua Margaux en claquant des doigts.
<< Papa est trop cool, se dit-elle en le regardant tapoter la main de sa mère. Je l'adore >>
Mme Walsh lui tendit une pince à cheveux en écaille. En la prenant, Margaux éteignit le DVD encastré dans le siège de sa mère. Elle ne verrait pas la fin de Drôles de dames. Tant pis ! La vraie vie, celle qui l'attendait, était cent fois plus excitante.
Elle s'installa bien au milieu de la banquette pour regarder devant elle. Les véhicules en stationnement, tous plus luxueux les uns que les autres, bouchaient le passage; il ne restait pas une seule place à proximité du dortoir.
- Je vais me garer ici, déclara son père en arrêtant la voiture, et on portera tes bagages.
Margaux sauta dehors avant même qu'il ai coupé le contact. Elle respira un grand coup: l'air avait un avant-goût d'automne, mais le soleil qui jouait à cache-cache avec les nuages brillait encore fort. Elle regarda autour d'elle: plusieurs filles chargées de sacs de voyage se dirigeaient vers le dortoir. Elle attendit que son père ouvre le coffre et prit la plus légère des deux valises. M. Walsh poussa un grognement en soulevant l'autre.
- Courage, papa, c'est l'occasion ou jamais de prouver que tu fais de la musculation !
En réalité, elle le soupçonnait de ne jamais mettre les pieds au gymnase du club qu'il fréquentait... Il se contentait sûrement de jouer au tennis ou au golf avec ses relations d'affaires.
Sans attendre sa réaction, Margaux partit vers le dortoir. Elle leva la tête pour contempler la façade du bâtiment de trois étages. Des filles accompagnés de leurs parents se pressaient sur les marches du porche. Le port de l'uniforme n'étant pas obligatoire le jour de la rentrée, la plupart étaient en jean et top ajustés, tout comme Margaux. Sa mère, qui était du genre jupe plissée en cachemire, avait bien essayé de s'y opposer; en vain.
Suivant la petite foule à l'intérieur, Margaux découvrit un grand hall en effervescence. Un magnifique escalier à double volée menait aux étages. Recouvertes d'un tapis rouge, les marches se rejoignaient au-dessus du hall en une courbe harmonieuse. En haut, un vase chinois contenant un bouquet de fleurs multicolores trônait sur une table ancienne au bois lustré. Le soleil jouait à travers un vitril coloré. Une délicate odeur de jasmin planait dans l'air. Au plafond miroitait un lustre de cristal. Margaux se balança d'un pied sur l'autre, ne sachant où aller.
<< On se croirait dans Autant en emporte le vent, se dit-elle émerveillée.
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Fin du premier chapitre ! ^^ Comme vous avez pû le voir, je vous écrit le livre Chestnut Hill, afin de vous le partager. Dîtes moi ce que vous en pensez en commentaire, et n'oubliez pas d'aimer ! :)
Enatora xxx
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Chestnut Hill - La rentrée
Genç KurguA Chestnut Hill, être la meilleure ne suffit pas. Margaux a toujours rêvé d'intégrer l'école d'équitation Chestnut Hill. Bien qu'elle soit en première année, les cavaliers récompensés et les chevaux prestigieux ne l'impressionnent pas. Mais Margaux...