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La vie est un éternel recommencement, et tout arrive pour une raison. Je pense qu'on aura toujours le temps de faire ce que l'on a à faire.

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Emma eut du mal à ouvrir les yeux, ce jour là. Elle se sentait comme clouée au lit par une force invisible, bien enfermée dans le cocon de chaleur que lui offrait sa couette double épaisseur. Elle entrouvrit les yeux et jeta un coup d'œil par sa fenêtre dont elle laissait toujours les volets ouverts. Il neigeait. La poisse ! Elle qui devait partir chez son frère ce midi... elle devait prendre deux bus pour la gare St Lazare, puis prendre le train jusqu'en Provence, à Marseille.

"Quelle journée de merde !" pensa-t-elle avant d'enfin repousser la couette sur le côté et de sentir le froid lui mordre la peau. Son appartement avait une si mauvaise isolation ! Elle devrait remédier à ça au plus vite, mais là, ce matin, elle n'avait pas le temps d'appeler le gars qui aurait dû faire les travaux chez elle, Tom. L'ami d'un ami. Vous savez, ce genre de relations qui dépannent quoi !

Elle enfila sa robe de chambre et glissa ses pieds dans des pantoufles pour le moins... atypiques, et qui ne correspondaient absolument pas à l'image qu'elle souhaitait donner : une image de classe inconditionnelle et de charme. Enfin bon, le charme et la classe passait à la trappe lorsqu'elle portait cette robe de chambre rose et ses pantoufles Stitch... mais bon, peut importait. Elle vivait seule et ne ramenait jamais personne chez elle, hormis sa meilleure amie, mais ça, en général, ne me dites pas le contraire, ça ne compte pas comme "quelqu'un", huh ?

Elle finit par se décider à passer par la salle de bains. Elle prit une longue, longue, trop longue douche chaude, si bien que, quand son chauffe-eau vida sa dernière goutte d'eau brûlante sur la peau de la jeune femme, elle prit littéralement parlant, ce qu'on appelle une douche froide, n'est-ce pas ? Elle pesta et sortit de la douche pour sentir à nouveau l'air froid sur son corps encore chaud. Elle s'habilla à toute allure d'une robe à col roulé en laine noire, de collants noirs, d'un cardigan noir et de bottines à talons, tout aussi noires que le reste. Original ? Non, clairement pas. Classe et sexy ? Absolument, oui ! Elle laissa ses cheveux détachés, se maquilla avec une main plus ou moins légère sur le noir qu'elle mettait sur ses yeux et le bordeaux qu'elle portait à ses lèvres.

Elle mangea une barre de céréales, but un café, se lava les dents, mit un bonnet assorti à son rouge à lèvres et sortit, sa valise au bout du bras, comme une prolongation d'elle-même. Dans son sac à mains, une trousse à maquillage contenant tout ce dont une make-up addict à besoin, son étui à lunettes de soleil (peut-être qu'en Provence, il est là, celui-là !), un livre, un magazine, son porte feuille qui pesait une tonne (en exagérant à peine)... bref, TOUT ! Son sac était une mine d'or et, à côté, les sacs des plus grandes faisaient de bien pâles copies du sien. Et je ne suis pas plus une femme qu'une poule ne sait voler à côté d'elle.

Elle monta dans le bus, sa valise toujours greffée à sa main, comme son plus précieux trésor. Elle s'assit à la première place derrière le chauffeur et brancha ses écouteurs avant de lancer sa playlist un peu fêtarde, contenant également quelques morceaux jazzy qui le rappelaient que la période de Noël était également propice à la douceur et aux miracles, aussi petits soient-ils.

Elle eut l'impression que le trajet était interminable, autant dans le premier bus que dans le second. Elle s'était toujours refusée à prendre le métro, et grand bien lui en avait prit. Le jour où elle avait tenté de se convaincre que le métro était une invention pratique et servait les grâces des gens de basse catégorie, un malade mental avait déclenché une fusillade sur une rame. Depuis, elle n'avait jamais plus pensé ne serait-ce qu'une seule seconde à prendre ce cercueil sur roue et cette tombe déjà toute creusée.

I'll Get You Back, For SureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant